CHAPITRE 28 ~ Retour en arrière ( Alana ) 2/2

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Quand j'entends une femme dire à son mari qu'elle veut appeler la sécurité, j'admets enfin qu'il ne sert à rien de rester ici en espérant un miracle. Je ne suis pas Ali Baba et réciter une formule magique n'ouvrira pas cette fichue porte. Je me décolle doucement de mon appui et lève la main dans leur direction pour leur faire savoir que je m'en vais.

Dans le hall d'entrée, je cherche désespérément un moyen de signifier ma présence aux employés de l'hôtel. Quand je repère un petit écriteau indiquant que la réception n'est ouverte que de dix-neuf heures à vingt-trois heures, je sens mes jambes flancher, mais je reprends contenance quand je découvre un téléphone prévu pour les cas d'urgence. Je le décroche, mais aucune tonalité ne se fait entendre. Forcément, un petit malin a jugé distrayant de couper le fil. Ça m'apprendra à choisir un hôtel en libre-service pour une question de budget !

Il ne me reste que deux solutions, mais aucune d'entre elles ne me parait envisageable. Déclencher l'alarme incendie ne servirait qu'à me faire expulser et tenter de défoncer la porte à coups de chaise me vaudrait un joli petit séjour à la gendarmerie. À présent, je vois ça comme un signe du destin et ma volonté refait surface.

Une fois sur le trottoir, je dois me pincer avec vigueur pour me prouver que je ne suis pas encore en train de faire le cauchemar qui me réveille chaque matin en pleurs. De toute manière, je n'ai plus le choix, mon étourderie légendaire ayant eu raison de ma lâcheté.

Je parcours sans encombre le chemin qui mène à cette avenue mythique, point de départ de ma descente aux enfers. Mais, devant l'aéroport, j'ai un mouvement de recul en observant un avion décoller. Je ne suis pas sur un vélo, pourtant je me retrouve propulsée presque trois ans en arrière. Le vent froid secoue mes cheveux et ma veste s'ouvre sous la force d'une bourrasque.

J'ai l'impression de jouer le rôle principal de ce film d'horreur où le protagoniste à une vision très précise d'une catastrophe sur le point de tuer plusieurs personnes. Je sens des sueurs froides faire perler mon front en imaginant que ce que j'ai vécu n'était qu'un rêve et qu'il est en train de prendre forme sous mes yeux. Destination finale, rien que le titre est évocateur. Vais-je finir par sombrer ici une bonne fois pour toutes ?

Je balaye la foule d'un mouvement de tête, mais rien d'analogue à mes souvenirs ne pointe le bout de son nez. Je sens que la seule chose qui puisse conjurer le sort est de suivre le même chemin que ce jour-là jusqu'à cette fameuse ruelle. Alors je me mets en marche en prenant le temps d'observer tout ce qui m'entoure.

Les passants se cramponnent les uns aux autres pour se tenir chaud. Seul un homme assis sur le dossier d'un banc face à la mer parait ne pas s'offusquer du froid. Il reste immobile, regardant droit devant lui sous sa capuche comme s'il cherchait une réponse dans l'écume, les bras croisés et posés sur ses genoux. Plus loin, un groupe d'adolescents discutent sur un banc en buvant de la bière et en fumant. Je m'arrêterais bien pour leur faire la morale, mais je suis mal placée pour leur reprocher quoi que ce soit alors que j'ai bien profité de ma jeunesse.

Sur la piste cyclable, quelques courageux pédalent en tous sens alors qu'une jeune femme inconsciente se poste au milieu pour ramasser le jouet de son chien. Heureusement, elle a juste le temps de s'écarter avant que l'un d'entre eux ne la bouscule. Tandis que l'homme sur son vélo s'arrête quelques mètres plus loin pour lui faire part de sa façon de penser, elle reprend sa route en ignorant totalement les plaintes de ce dernier, préférant hâter le pas en tirant brutalement sur la laisse de l'animal qui suffoque.

Je m'arrête un moment pour assister à une scène des plus cocasse. Une petite fille court en vain derrière son écharpe qui s'est envolée après un coup de vent. Chaque fois qu'elle réussit à l'atteindre, elle s'évapore à nouveau quelques mètres plus loin. Le labrador, qui n'a rien loupé de l'objet volant, se met à aboyer avant de pourchasser le bout de tissu. Sa propriétaire, entrainée par la force de traction, perd l'équilibre et finit par lâcher la laisse une fois à terre.

Rewound Love ~ Une Empreinte Au Coeur ( Tome 1 ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant