Rewound Love ~ Une Empreinte Au Coeur ( Tome 1 )

CHAPITRE 28 ~ Retour en arrière ( Alana ) 1/2

En rentrant à Miami vendredi matin, je suis allée évacuer toute ma peine dans les bras de Christina. J'ai profité du fait que Cameron dormait encore dans la chambre du rez-de-chaussée qu'elle lui réserve pour m'effondrer comme jamais je ne l'avais fait. J'ai déversé toutes les larmes qu'il me restait jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer. J'avais tellement mal dans la poitrine, au sens propre comme au figuré, que je me suis roulée en boule. Tout le temps de ma crise, elle est restée à côté de moi, me regardant tremper son canapé en me caressant la tête comme une mère le ferait. Elle me chuchotait des petits mots réconfortants pour m'encourager à sortir tout ce que j'avais au fond des tripes pendant que je mordais vainement un coussin pour étouffer mes cris.

Elle s'imaginait que seul Pharell était à l'origine de mon état lamentable. Je la voyais régulièrement serrer le poing et crisper la mâchoire chaque fois que je suffoquais en tentant de reprendre ma respiration. Plus j'essayais de me maitriser pour pouvoir articuler, moins les mots qui jaillissaient de ma bouche étaient audibles et cohérents. Résignée, je me suis laissée aller jusqu'à ce que plus rien ne sorte et que mes gémissements de douleur ne deviennent que de simples murmures.

Après lui avoir expliqué, dans un premier temps, que le suicide de cette femme m'avait profondément marqué, j'ai fini par comprendre que j'en étais aussi responsable que tous ces gens qui n'ont pas vu sa détresse. Si j'avais porté plainte pour harcèlement quand je suis sortie de l'hôpital, j'aurais pu empêcher ce médecin de récidiver et surtout d'aller jusqu'au bout de sa perversité avec Candice Granges.

J'ai passé en revue toutes les choses que j'aurais pu faire différemment pour que rien n'arrive, mais Chrissy a démoli un à un chaque argument qui faisait de moi une coupable évidente. Il est vrai qu'être seule à l'époque ne m'avait pas aidé à savoir quoi faire. Pourtant, je ne me suis pas sentie moins impliquée une fois l'apitoiement du passé révolu. Si seulement j'avais pu réagir plus vite et ne pas attendre trois semaines avant de me décider à éplucher mes mails pour y trouver ce dossier.

Je ne sais pas, j'aurais peut-être vu, dans sa déposition, que quelque chose n'allait pas, qu'elle avait en elle un mal-être qui la rongeait au point de grignoter sa volonté jusqu'à l'os. J'aurais pu prendre contact avec elle pour échanger sur nos états d'esprit et pour se soutenir mutuellement et surtout lui dire que j'étais là pour elle et que je ne la laisserai pas tomber dans cette épreuve. Au lieu de ça, j'ai attendu d'avoir eu besoin de ce putain d'ordinateur pour m'y attarder. J'ai passé un temps fou à lire et relire le condensé des notes du docteur me concernant plutôt que de m'intéresser en profondeur à ce qu'a vécu cette fille.

Heureusement pour moi, mon amie est la meilleure pour me détourner de ma tendance à l'abattement. Bien qu'elle soit consciente qu'il est presque impossible de me faire voir les choses autrement dans cette situation, elle a trouvé la seule phrase à dire pour me sortir de ma torpeur et me faire sourire.

— Ma chérie, avec des ʺ si ʺ, on coupe du bois et ici, en Floride, on n'en a pas besoin pour se réchauffer

Mes sanglots se sont peu à peu mêlés à de petits rires nasaux. Voyant un léger changement d'humeur s'opérer en moi, elle a continué dans sa lancée et piqué un délire sur les bucherons qui m'a fait oublier un moment la nature de mes tourments. L'instant étant devenu plus propice à la discussion qu'à la lamentation, elle en a profité pour me glisser la question qui la taraudait depuis mon arrivée, à savoir ce que Pharell avait bien pu me faire pour que mon retour soit si rapide.

Me renfrognant à la vision de sa langue caressant la peau fine du cou de cette blonde, je lui ai raconté dans les moindres détails toute la scène qui s'était déroulée devant mes yeux sans ciller plus. J'avais déjà fait le tour de la moindre émotion ressentie et les larmes destinées à ce chagrin étaient bien trop sèches pour tenter de les raviver. Alors j'ai préféré laisser libre cours à ma colère pour me soulager plutôt que de rentrer à nouveau dans ma coquille de suppliciée.