Chapitre vingt-un.

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J'essayais de m'y faire, vraiment. J'essayais de me faire aux regards des gens quand Cameron me tenait la main dans les couloirs. J'essayais de me faire aux remarques qu'ils lançaient sur moi, quand ils me crachaient aux visages ces paroles blessantes. Il y avait d'autre couple gays, mais toute cette haine était dirigée vers nous. Il y avait aussi ces rumeurs qui disaient que j'avais couché avec Cameron le premier soir, que j'étais une personne sans vraiment de respect pour elle-même. C'était totalement faux, totalement stupide, rien de tout ça n'était vrai, ce n'était pas la réalité, c'était complétement imaginaire.

Et Michael me détestait encore plus.

Il ne m'avait pas adressé la parole depuis. Il n'avait fait que me contourner comme si j'avais une maladie contagieuse. J'étais un désastre humain, seul et perdu dans ses putains de sentiments. J'étais submergé par un océan de sentiments confus, complétement aléatoire. J'étais juste maladroit et tout le monde m'en veux si je dérapais un peu. Et je ne faisais que déraper.

Nous étions à la veille de noël et mes cadeaux étaient près. J'en avais un pour Michael, des billets de concert, pour Linkin park. Je savais que ça lui ferais plaisir, du moins, j'espérais. Et il y avait deux billets, un pour lui et un pour la personne de son choix et je rêvais secrètement que cette personne se soit moi. Moi et personne d'autre, moi et uniquement moi. Je voulais qu'il m'embrasse au son de « Iridescent » et qu'il me prenne par la taille à celui de « Castle of glass ».

**

Il devait être vingt heures, le soleil était encore là, à taper sur la façade de brique contre laquelle j'essayais de trouver un peu d'ombre, en vain. Une cigarette dans une main et mon téléphone dans l'autre je tirais nerveusement sur mon bâton de nicotine essayant de trouver un moyen de calmer mon cœur et ses battements irréguliers. Je venais de commander des pizzas pour moi et Jack, Michael passant la soirée chez Calum avec Ashton. Et je suis encore arrivé à croire un instant que j'étais moi aussi invité, mais je n'étais plus qu'un souvenir, presque inexistant. J'ai tiré une dernière fois et ai écrasé ma cigarette dans mon cendrier, maintenant presque remplit de cendres noires, nuancées de gris.

Je me suis levé et suis rentré dans la maison, fermant les volets au ras du sol derrière moi pour aller dans le salon, m'asseoir à côté de Jack qui était occupé à jouer à sa DS.

« Luke, j'ai faim ! » Il fit la moue mais ne quitta pas son écran des yeux, trop occupé à sa partie de Mario Kart.

« Les pizzas arrivent bonhomme. » Je souris en regardant l'écran.

« Oui mais j'ai faim maintenant. » Il mit sa partie en pause et leva ses yeux de la même couleur que ceux de Michael et je crue le voir à travers ce regard. « Dis Luke, est-ce que Michael va rester avec nous pour noël ? » Je passai une main dans ses cheveux, un sourire désolé peint sur le visage.

« J'ai bien peur que non. »

« Je suis sur qu'il va encore aller avec ses amis. » Il croisa les bras sur sa poitrine. « Il va encore aller à ses fêtes, comme avant. Tu sais quand t'es arrivé il a arrêté tout ça. Il était là tout les soirs, il jouait même avec moi. Pourquoi il est à nouveau comme avant Luke ? Qu'est-ce qui cloche chez Michael ? »

**

Mes jambes tremblaient dans un mouvement régulier, tapant frénétiquement le sol. Mon corps était parcouru d'un tourbillon de frissons quand je me rappelait que Michael devant rentrer d'une minute à l'autre et que c'est à ce moment là que je devais lui donner les places de concert, c'est à ce moment là que j'allais l'arrêter alors qu'il voudrait monter les escaliers et je lui tendrais l'enveloppe, peut-être dans un geste hésitant, peut-être que mes yeux n'oseront pas fixer les siens mais tant pis, je serais avec lui.

J'ai entendu les graviers s'écraser et s'entrechoquer sous des pas mal accordés, mal dirigés. J'ai froncé les sourcils et me suis levé du canapé silencieusement pour aller allumer la lumière du jardin. Michael et sa démarche inhabituelle, Michael et sa bouteille de bière vide, Michael et ses cheveux en vrac. Calum était à ses côtés, le soutenant et je suis sortie, la chaleur de l'après-midi ayant fait place à la fraicheur de la nuit. Il était là, à parler comme un débile, un débile heureux ravagé par l'alcool. Je suis sortie et j'ai attendu que Calum le porte jusqu'à devant la porte et j'ai pris la relève, soulevant son corps comme mes muscles me le permettaient.

« Merci de l'avoir ramené. » Mon ton était sec et mon regard reflétait quelque chose de froid.

« Je n'allais pas le laisser rentrer seul après cette putain de soirée. » Il eut un rire et j'eus l'impression qu'il croyait que nous étions toujours amis, comme avant. Il n'avait pas changé, mais moi j'avais changé.

« J'imagine que vous vous êtes bien amusé. L'éclate, maintenant c'est moi qui vais devoir m'occuper de lui, l'éclate pour moi aussi. » Je roulai des yeux en riant amèrement.

« Qu'est-ce qui se passe Luke ? » Il me regarda et j'avais envie de lui mettre mon poing dans la joue.

« Qu'est-ce qui se passe ? Tu te fous de ma gueule Calum ? Parce que c'est franchement pas drôle. Tu me laisses pendant plus d'un mois et encore, plus surement. Tu me laisses me démerder tout seul alors qu'on a toujours tout fait ensemble. Tu m'as laissé pour qui Ashton ? Est-ce que c'était Ashton qui était là avant et qui te consolait ? » Ma gorge s'était serrée alors que Michael essayait de former des mots incompréhensibles alors que je le soulevais comme je pouvais. J'ai levé les yeux empêchant mes larmes de couler. « Bordel Calum. » Une larme a dévalée ma joue et je l'ai regardé à nouveau. « Tu te rends compte de rien parce que toi t'es dans ta petite bulle d'amour avec Ashton mais ici c'est la réalité, moi je vis dans le monde réel. J'ai pas de bulle comme toi, je suis juste seul. J'aimerais te dire que ça va mais ça va pas, et c'est à cause de toi. Tu m'as laissé au moment où j'avais le plus besoin de toi. Et maintenant je suis quoi ? Je suis juste un amas de sentiments en vrac, un putain de brouillon humain, je suis plus rien. Alors maintenant tu vas juste arrêter de faire comme si tout était comme avant parce que rien n'est comme avant. J'ai changé. Tu m'ignores tout les jours, je me suis juste fais à l'idée que tu voulais plus de moi ok ? Alors maintenant s'il te plait, ne reviens pas avec tes phrases à la con. Je te hais putain, tellement fort. »

Et j'avais tout lâché pendant que je soutenais Michael et sa bière, Michael et son odeur qui me rongeait les narines délicatement. J'ai tout dis en versant des larmes et en le regardant droit dans les yeux, le regardant d'un mauvais œil.

« Calum tu viens ou quoi ? » Ashton passa la tête hors de la voiture nous regardant.

« J'arrive. »

Et il partit m'adressant un dernier regard vide.

Happy ending. [Muke]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant