Chapitre vingt-deux.

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J'ai porté Michael dans la maison alors qu'il essuyait mes larmes de coups de mains mal contrôlés et trop fort, il était presque en train de me gifler. C'est comme ça que je me suis retrouvé en train de pleurer, un garçon bourré à porter dans les escaliers. J'étais déçu, déçu que Michael rentre dans un état comme ça, parce que je devrais attendre le lendemain pour lui donner son cadeau et que j'avais attendu pour rien. J'avais juste attendu pour m'engueuler avec Calum, pour me faire encore plus de mal. Arrivé en haut des marches j'ai marché dans le couloir sombre, cherchant à tâtons l'interrupteur que je n'ai finalement jamais trouvé. Sa chambre sentait la transpiration et les vieux cartons de pizzas. J'ai allumé la lumière et l'ai posé dans son lit, le lâchant avec une maladresse absolue et j'ai reniflé.

« Et Luke, est-ce qu'on va coucher ensemble ? » Il rigola et je lui enlevai son tee-shirt.

« Tais-toi Michael, ferme ta putain de gueule. » Je ne regardai même pas son visage mais il rigolait dans un rire silencieux, faisant trembler son corps.

« Je sais que tu veux qu'on couche ensemble Luke. » Il puait l'alcool, les joins, le bonheur.

« Ta gueule Michael. Ferme ta gueule ou sinon je te met un poing dans la face tu comprends ça ? » Mes larmes remontèrent et je reniflai avant de partir mais une main mal dirigée m'attrapa le bras.

« Reste avec moi Luke. J'ai besoin de toi. » Il m'a regardé droit dans les yeux, de ses yeux injectés de sang, de ses yeux qui avaient l'air pourtant si sincère.

« Laisse moi. » J'ai tiré un coup sec sur mon poignet et je suis parti.

Et la solitude m'a à nouveau enveloppée.

Je suis partit dans ma chambre passant la manche de mon sweat sur mon visage rouge. Je me suis couché sur mon lit. Puis un barrage céda et les larmes se mirent à couler, acides, rageuses, attisant ma peine au lieu de la vider. Je pleurai comme on mord quand on a mal, sans que mes sanglots me soulagent, sans y trouver le moindre réconfort.

**

Midi. J'étais dans la cuisine, préparant une salade banale, quelque chose que je n'avais pas envie de faire mais je m'efforçais. Depuis hier soir je n'avais plus envie de rien faire, plus envie de bouger, plus envie de manger, plus envie de regarder la télé. Plus envie de vivre. Je suivais le mouvement que m'imposait mes bras, que m'imposait mon cerveau engourdit. J'ai soupiré en regardant le cadrant doré qui m'indiquait l'heure avant de soupirer à nouveau. Je savais que Michael allait se réveiller avec la tête qui lui bouffait toute son énergie et sa journée. J'ai pris un plateau lui posant sa salade, une grande bouteille d'eau et un cachet, avant de monter les escaliers silencieusement. Une odeur nauséabonde envahissait la pièce où le décoloré était allongé la bouche ouverte, laissant échapper des mots incompréhensible.

Il était beau bordel.

J'ai posé le plateau sur son bureau où trainait encore des vieux cartons de pizzas et des bouteilles de coca a moitié vide mais ayant perdue toute leurs bulles depuis un bout de temps. J'ai ouvert les rideaux rapidement et ouvert la fenêtre pour le réveiller même si l'air de dehors était plus chaud que je l'aurais voulu. La lumière le fit réagir aussitôt et il se cacha sous les couvertures comme un enfant de six ans en enfouissant sa tête sous son oreiller. Je me suis assis au bord de son lit, juste à côté de lui, et lui gentiment retiré son oreiller.

« Je t'ai fait à manger Michael. » Je posai l'oreiller à côté et il le reprit tout de suite.

« Pourquoi tu fais tout ça Luke ? Tu devrais me détester. » Il ne bougea pas et sa voix matinal me parvins aux oreilles et j'avais envie de lui dire qu'il était la plus belle personne du monde et qu'il était le seul, le seul et l'unique, l'évidence de ma vie.

« Pose pas de questions. » Je soupirai en me levant et lui apportai son plateau. « Mange. » J'ai sortit de ma poche un enveloppe, contenant les places de concert et lui ai tendu d'une main un peu moite et tremblante alors qu'un sourire triste s'est peint sur mon visage et il a prit l'enveloppe en fronçant les sourcils. « Joyeux noël. » Je suis sortie de la chambre sans me retourner en fermant doucement la porte derrière moi et en essuyant mes mains moites sur mon pantalon, espérant qu'il aimera mon cadeau.

Jack, quand à lui était un petit garçon qui aimait les choses simples alors je lui avais proposé d'aller à la plage une après-midi tout les deux en guise de cadeau et il avait adoré et j'admets que passer une après-midi avec lui m'avait fait du bien. Je me suis sentit vivant sans avoir recours à d'autre moyens que le contact humain. J'ai beaucoup ris aussi, et j'avais oublié à quel point mon rire était beau et mélodieux, à quel point j'arrivais à retranscrite mon bonheur. Peut-être un bonheur aveugle, éphémère, celui qui se casse la gueule au bout d'une journée mais bordel qu'est-ce que ça fait du bien, comme une longue taffe, comme quand on a un peu trop l'alcool dans le sang.

Happy ending. [Muke]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant