Chapitre 20 - Léo

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Je sors du bloc et déchire la blouse en papier avant de m'appuyer contre le mur. J'ai trop chaud. Je retire le masque et la charlotte et j'essuie mon visage. Qu'est-ce qui vient de se passer ? Je n'y crois pas... Je jette tout à la poubelle et avance vers la sortie machinalement. Je sursaute lorsque l'on me bouscule. Alayna m'attrape par la chemise.

— Léo ! Tout va bien ? Comment va Kaithy ?

— Euh... Oui... Non... Je ne sais pas.

— Tu es tout pâle, viens t'asseoir.

Elle me tire par le bras et je m'assois sans réfléchir. Je me situe à nouveau dans le temps et l'espace. Je sens la main de Thomas dans mon dos et crispe mes poings. Je regarde tout le monde autour de moi. Les parents de Kaithlyn me dévisagent, Julia et Alayna également. Derek me surveille. Il a dû me maîtriser un bon moment avant que je n'entende que Kaithlyn était à l'hôpital. Thomas me parle. Il doit ressentir mon angoisse.

— Calme-toi Léo... Tu es en sécurité, rien ne va plus se passer. Comment va Kaithlyn ?

— Bien... Enfin, je ne sais pas. Je n'étais pas là au début.

— Tu ne sais pas comment va ma fille ?

Je ne relève même pas la tête pour voir le regard de la mère de Kaithlyn qui me foudroie. Le ton dur qu'elle emploie me suffit. Thomas me surprend en haussant la voix.

— Taisez-vous ! Et la petite comment va-t-elle ?

— Je ne sais pas... Je n'ai pas pu la voir. Elle ne respirait pas Thomas...

— C'est une petite guerrière comme ses parents, ne t'en fais pas pour ça. Tu ne peux pas aller la voir ?

— Si... Il faut que j'aille en néonatalogie...

— Allez viens, je t'accompagne jusque là-bas.

Il me tire par le bras pour me lever et je le suis jusqu'à l'ascenseur et tout le monde nous accompagne. J'entends la mère de Kaithlyn râler, mais je n'ai pas la force de lui dire de se la fermer.

Les soins intensifs et la néonatalogie se trouvent juste en face de la maternité, elle pourra venir la voir assez facilement. Je sonne à l'entrée du service et sursaute lorsque Derek pose sa main sur mon épaule. Il me tend mon téléphone.

— Pour prendre des photos.

— Euh... Merci Derek.

Une infirmière vient enfin ouvrir la porte et elle me dévisage. Je pense avoir une gueule de merde aujourd'hui, mais j'en ai rien à faire.

— Bonsoir, je suis monsieur M...

— Docteur Martinez ! C'est un plaisir de vous voir dans nos locaux. Venez avec moi, nous venons d'installer votre petite puce.

Je jette un coup d'œil en arrière avant de la suivre. Je ne sais même pas ce que je m'apprête à voir et pourtant, c'est mon quotidien... Mais j'ai tellement peur de la voir.

Elle m'invite à me laver les mains. Je retrousse les manches de ma chemise et m'exécute avant de la rejoindre. Elle m'enfile une blouse et je regarde l'inscription sur la porte « salle de réanimation ». Je ne sais pas si je veux entrer ou m'enfuir en courant là tout de suite. Je me suis arrêté sur le pas de la porte. Il y a deux infirmières qui s'occupent d'elle, mais je ne peux pas la voir d'où je suis...

— Docteur Martinez, vous pouvez venir.

— Comment va-t-elle ?

— Eh bien nous l'avons extubé à vingt minutes de vie et nous avons fait le relais par la ventilation non-invasive. C'est encore un peu difficile. Nous venons de lui faire son premier bilan sanguin et le pédiatre a déjà posé le cathéter ombilical. Ne craignez rien, approchez-vous.

Paris, Love & Hospital T3 : My lovely doctorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant