Je suis toujours devant ce petit carnet qui est resté fermé. J'ai ouvert la première page et l'ai refermé aussitôt. Je sais ce qu'il y a dedans, je me souviens de ce carnet. C'était un de mes cahiers d'école. La première fois que j'y ai écrit, je savais à peine écrire. Les premiers mots sont remplis de fautes et ce ne sont même pas des vraies phrases, mais les mots se suffisent à eux-mêmes. La première fois c'était environ un an après notre arrivée dans la famille d'accueil. C'est à partir de ce moment-là que c'est devenu plus difficile. C'est là que je me suis rendu compte que ça n'allait pas s'arrêter là. Et j'écrivais pour ne pas parler. Je n'avais pas le droit de parler. Si je parlais, il me frappait. Alors j'écrivais, il ne le savait pas. Je le cachais entre mon lit et le mur, je m'en souviens très bien. Et là dans ce petit cahier, je raconte chaque fois qu'il a levé la main sur moi. Je ne me souviens pas de tous ces moments. Et j'aurais voulu ne jamais m'en souvenir, mais ils sont là devant moi et j'hésite à les lire. Je ne sais pas si je devrais. Je pourrais tout simplement oublier et le brûler. Enfin oublier est un grand mot, mais je ne suis pas obligé de lire ça. Et pourtant j'hésite depuis plus d'une heure. Une heure que je suis assis là ? Mon dieu j'avais dit deux minutes à Kaithlyn, elle doit se demander ce que je fabrique. Je me lève et reprends le carnet. Je le détruirais demain et ce sera fini. J'éteins tout en sortant de mon bureau. Quelle fin de soirée... Pourquoi fallait-il que ça arrive ? Je n'ai jamais le droit à quelques jours de répit ?
La maison est silencieuse. Je trouve Kaithlyn et Amalia endormies dans notre lit. Pourquoi je pense tant au passé ? Pourquoi le passé me fait toujours aussi mal alors que j'ai deux merveilles dans ma vie ? J'aimerais que mon cerveau fasse une croix sur ce que j'ai pu endurer et qu'il ne se concentre que sur le présent et l'avenir, mais c'était plus facile lorsque j'étais seul. Lorsque je m'interdisais de ressentir quelconque sentiment... C'était certes plus facile, mais pour rien au monde je n'échangerais ce que j'ai. Je m'allonge délicatement près d'elles. Je pose ma main sur celle de Kaithlyn, qui est posée sur Amalia. Et ce que je ressens à ce moment-là est tellement meilleur que les minutes passées.
Je passe ma main sur la tête d'Amalia et elle bouge doucement. Elle perd sa tétine, mais ne se réveille pas. Kaithlyn dort trop bien pour être réveillée. Je me redresse et la prends doucement pour aller dans sa chambre. Je l'embrasse délicatement avant de la mettre dans son lit. Je me rallonge ensuite près de Kaithlyn, gardant la lampe allumée pour pouvoir l'observer encore un peu. Je viens poser ma main dans la sienne et la câline délicatement. Je n'ai pas la moindre envie de dormir, je pourrais aller bosser, mais je n'ai pas envie de retourner dans mon bureau, je serais tenté par le carnet. Alors je vais rester à l'observer et à veiller à ce qu'elle ne soit pas réveillée par les pleurs d'Amalia. Elle a davantage besoin de repos que moi... Je dégage les cheveux de son visage et je passe mon doigt sur sa joue. Elle a les traits fatigués. Elle dort moins bien depuis l'accouchement, en même temps avec la petite à l'hôpital il y avait de quoi.
Elle bouge d'un coup et me tourne le dos. Parfait. Je viens me coller contre elle et l'enlace en enfouissant mon nez dans ses cheveux. Je respire doucement son odeur et elle apaise mes tourments... Comme toujours. Et pourtant je l'exclus toujours. Je la repousse et je ne sais pas comment elle trouve la force de revenir vers moi, depuis tout ce temps. Et ça me fait du bien de lui parler en plus, mais mon caractère prend trop souvent le dessus et c'est désespérant. Je me désespère et me demande ce qu'elle fait encore avec moi. Heureusement qu'elle est encore avec moi... Je serais six pieds sous terre à cette heure-ci sinon. Si elle me quittait... Non elle ne me quittera jamais ! C'est impossible nous nous aimons beaucoup trop pour ça. Elle a toujours vu en moi le meilleur, même lorsqu'il n'y en avait pas. Je ferme les yeux et je me serre contre elle sans arriver à trouver le sommeil.
Mardi 28 juin 2016
J'arrange mon tee-shirt en descendant rejoindre Kaithlyn et je suis prêt à aller à l'hôpital. Je m'arrête en bas de l'escalier et la regarde avec Amalia dans les bras en train de préparer son petit-déjeuner et je n'ai aucune envie de sortir de cette maison. J'aimerais rester avec elles toute la journée. Vivement ce voyage que nous prévoyons depuis quelques mois. J'enfile mes baskets avant de la rejoindre et elle m'offre son plus joli sourire.
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Paris, Love & Hospital T3 : My lovely doctor
RomanceLa menace s'est finalement abattue sur Eux et ce qu'ils attendaient tant est enfin arrivé, mais à quel prix ? Il lui a demandé de ne jamais l'oublier, Elle ne pouvait pas vivre sans lui. Cependant un cadeau tombé du ciel l'aiderait à garder espoir...