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17

« Impulsivité. »

L'après-midi s'est passé tranquillement. Enfin, à la manière de Nathan. Après avoir déjeuné avec son colocataire, il a invité Matt qui lui-même a invité deux filles. Danny s'est donc enfermé dans sa chambre, vexé que Nathan ait besoin d'autres amis pour s'amuser. Frustré, également ; car le bouclé et lui n'avaient cessé de sentir cette électricité autour d'eux et aucun d'eux n'a fait le premier pas pour y remédier.

Nathan rit aux blagues de la brune dont il a oublié le nom. D'ailleurs, cela fait assez longtemps qu'il n'a pas de nouvelles d'Eva. Cette pensée passe dans sa tête durant une milliseconde. Matt décide qu'il est l'heure pour lui de s'en aller. Ses deux amies font la moue comme deux petites chiennes mais il reste intransigeant et se lève. Les deux filles se dirigent donc vers la porte d'entrée.

- Bon, on y va, dit Matt.

- Tu ne vas pas me laisser seul avec lui ? Répond son ami en montrant la porte de chambre de Danny du doigt.

Le garçon lève les yeux au ciel et lui met un coup de coude.

- Arrêtes de faire genre que ça ne te plaît pas, rit-il.

Matt a compris ce qu'il se passait entre les deux garçons. À vrai dire, il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer, aveugle comme Nathan et Danny. Le bouclé rougit avant de le frapper sur l'épaule, complètement gêné.

- Ne dis pas n'importe quoi, je ne suis pas gay.

Son ami lève les mains en l'air en plaidant l'innocence. Il s'éclipse en souriant bêtement, laissant « par hasard » tomber un préservatif sur la table basse sans que Nathan ne s'en aperçoive. Nathan le raccompagne jusqu'à la porte où attendent les filles. Elles sortent en première, gloussant toujours bêtement, et vont jusque la voiture de Matt après avoir chaleureusement salué le bouclé. Les deux garçons se saluent mais avant de partir, Matt dit une phrase troublante à son meilleur ami :

- On n'a pas besoin d'être gay pour aimer un garçon, chuchota-t-il.

Nathan n'a pas eu le temps de réagir car le blond était déjà parti. Il fixe le vide comme si les réponses à ses questions y étaient. La voix de son colocataire le sort de sa transe. Danny est en train de chantonner dans la cuisine, préparant un sandwich de beurre de cacahuètes avec ses écouteurs vissés dans les oreilles - la voix des grognasses l'avaient fatigué. Il sursaute lorsque Nathan ferme brusquement la porte du frigidaire qu'il venait d'ouvrir. Danny enlève donc un écouteur en l'interrogeant du regard. Le bouclé pince les lèvres. Il regarde ailleurs avant de fixer à nouveau le brun.

- On mange tous les deux, ici.

Sur cette phrase, Nathan jette le sandwich calorique dans la poubelle. Puis il s'éclipse dans sa chambre. Le brun l'observe en haussant un sourcil. Que cherchait à faire celui-ci ? Nathan revient quelques secondes plus tard avec sa veste et ses chaussures à la main.

- On va chercher des sushis ? Demande-t-il gentiment - trop gentiment.

Danny hésite avant de hocher la tête. Il n'était pas certain que les intentions de Nathan étaient bonnes mais il ne pouvait prétendre que ça l'ennuyait réellement. Il prend ses affaires et les enfile puis suit son colocataire qui est déjà sorti sans l'attendre. Sale gosse.

Une fois à la caisse, Danny soupire. Le bouclé l'avait traîné dans des tas de boutiques avant le supermarché. Chaussures, vêtements... il n'était pas vraiment attiré par les filles, mais Nathan était l'exception. Rien qu'à voir ses petites fesses moulées dans un nouveau jeans l'émoustillait. Il secoue la tête. Ses pensées dérivaient trop rapidement avec Nathan.

D'ailleurs, celui-ci a un sourire gigantesque. Un réel sourire, franc. Celui qu'il n'affiche pas souvent. Il arrête immédiatement quand il voit Danny le fixer avec une étincelle dans le regard qu'il ne reconnaît que trop. Ils passent et encore une fois, Nathan paie. Il n'est pas à cinquante dollars près. Danny s'occupe de remplir les sacs plastiques tandis que le bouclé passe sa carte bleue.

Ils sortent du bâtiment calmement. Leurs mains se frôlent plus d'une fois, leur arrachant des frissons, mais aucun d'eux n'est assez audacieux pour prendre celle de l'autre. Bien qu'à chaque contact ils espèrent secrètement qu'il le fera. Nathan grogne en voyant que son coffre est plein. Il demande donc à Danny de prendre les derniers sacs sur ses genoux. C'est ça d'être un acheteur abusif.

De retour chez eux, Danny s'occupe de faire les allers-retours entre la voiture et l'appartement pour rentrer toutes les affaires achetées. Pendant ce temps, Nathan pose les sushis sur la table ainsi que les quelques boissons achetées pour la soirée. Il allume la télévision sur une chaîne de musique en attendant Danny. Celui-ci arrive avec les trois derniers sacs de vêtements. Il soupire en les posant devant la porte de Nathan. Le brun s'assoit en soupirant à côté du bouclé.

- Je prends les makis ! S'exclame tout de suite Nathan.

- Hors de question ! Réplique l'autre. Au Target je t'avais dit que je les mangerai !

Nathan plisse les yeux vers l'autre. Il a raison mais ce serait horrible de l'admettre. Il nie alors, comme s'il passait son temps à faire ça. Ils finissent par s'accorder et prendre la moitié chacun. Après quelques minutes de silence, Nathan reparle :

- On fait un jeu ? Demande-t-il avec une tête d'enfant.

Son colocataire plisse des yeux interrogateurs vers lui.

- Le jeu des... disons, treize questions. Ça te va ?

Danny pèse le pour et le contre avant de hocher la tête. Il n'a rien à se reprocher. Le bouclé lui lance un grand sourire.

- Commences, ordonne-t-il en prenant une gorgée de sa bière.

Le bouclé réfléchit à une question. Il donne une idée mais ne se prépare à l'appliquer. Il soupire avant de sourire, une petite ampoule allumée au dessus de sa tête.

- Quel est la pire chose que tu n'aies jamais faite ?

C'est au tour de Danny de réfléchir. Il pince les lèvres. Ce qu'il regrette le plus... question compliquée, il n'a jamais été un grand aventureux.

- Une fois, je jouais au basket et ma balle a tué un oiseau parce que je l'ai lancée trop fort, avoue-t-il.

Nathan reste stoïque.

- C'est nul ! S'exclame-t-il.

Son colocataire hausse un sourcil.

- Et toi ? C'est quoi le pire ? Demande-t-il.

- J'ai tué quelqu'un.

Danny s'étouffe, les yeux écarquillés.

- Quoi ? Crie-t-il.

- Oui, en... ah non, j'avais arrêté l'école, déjà. J'avais dix-sept ans et j'ai quitté une fille. Elle s'est suicidée pour ça, donc, c'est de ma faute, je pense.

Il dit ça avec une telle indifférence que Danny ne pus y répondre. Il sait que Nathan pensait que ce n'était pas de sa faute alors il n'avait pas à le réconforter pour quoique ce soit. C'est triste à dire mais Nathan est hostile à tout sentiment.

- Ta première fois ? Demande-t-il pour changer de sujet.

- J'avais quinze ans, répond Danny.

- C'était un garçon ou une fille ? Continue Nathan.

Le brun lui adresse un regard entendu. Évidemment, il n'est pas devenu gay parce qu'il était dégoûté par le vagin - même si c'était un fait réel - mais bien parce qu'il aimait les hommes depuis toujours.

- Pourquoi tes parents t'ont viré ? Questionne ensuite Danny avant de gober un sashimi.

- Je faisais trop la fête, sûrement. Mais j'ai le droit d'être heureux, non ? Ils préféreraient sûrement que je reste enfermé dans ma chambre comme mes sœurs durant leur adolescence, au moins je ne les aurais pas gênés.

- Tu n'es plus un adolescent, siffle Danny.

Nathan lui adresse un regard noir. Vingt-quatre ans est jeune. Il est jeune. Il doit profiter de la vie. Comme pour se persuader lui-même, il ne réfléchit pas et pose ses lèvres sur celles de Danny.