Chapitre VII

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Dans le mouvement sa main glissa le long de mon épaule et fini par retomber dans le vide. Ma mâchoire se crispa quand la géhenne me foudroya. J'ouvris les yeux, qui s'étaient machinalement clos sous cet assaut inopiné, dans cette ruelle plutôt sombre. Je découvris des yeux bleus gris déjà vu bien des fois en cette journée pour le moins troublante. Je ressentis une sensation saugrenu s'engouffrer dans mes entrailles.

Juliette arqua un sourcil à la vision de la balafre qui se faufilait sous le col de mon t-shirt. Une parmi tant d'autres et ce n'est rien une petite balafre quand on voit la peau, ou plutôt l'absence de peau que j'ai dans le dos. Il ne doit pas rester plus de quelque lambeau de chair inentamée. Tel une petite amie inquiète et jalouse elle me posa toute sorte de question digne d'un inspecteur de police.

- Tu étais où ? Pourquoi t'es partis comme ça ? C'est quoi ce sac ? Et cette marque elle vient d'où ? Une de tes conquêtes qui s'est lâché ?

Elle ne me laissait pas le temps d'en placer une. Et au fur et à mesure de ses questions son ton montait. Lasse de son interrogatoire et prise d'asthénique je la délaissais au milieu de la rue. C'est comme ça que je découvris qu'elle était d'une impulsivité sans pareil. Sa main s'abattit avec force sur mon épaule, ce qui me fis serrer le poing. Mes jointures blanchirent sous la pression. Je grognais, un grondement sourd menaçant à faire dresser les poils sur la nuque, un grondement annonçant une mort certaine.

Je contins tant bien que mal cette pulsion meurtrière. Elle n'y était pour rien. Elle ne savait pas que ma chair était à vif, où se trouvait son membre délicat. Je sentis en plus de cela le sang commencer à couler, bientôt une marque sanglante se dessinerait sur mon t-shirt, malgré le fait qu'il soit de couleur ébène.

- Juliette enlève ta main tout de suite si tu tiens à la vie.

Une phrase prononcée d'une voix roque et dur comme l'acier. Je ne voulais pas lui faire le moindre mal, Loup ne lui voulait rien mais il était acculé, blessé et plus faible. On ne peut prévoir la réaction d'un animal dans une tel situation, surtout il ne fallait pas que je perdes le contrôle, c'était réellement une question de vie ou de mort, dans une telle situation. Sa main lâcha mon épaule mais il était trop tard, le sang imprégnait sa main. La peur et l'incompréhension se transcrivaient sur son visage, l'odeur permuta et je pus humer ses émotions en plus de les décrypter visuellement.

- Désolé, bredouillais-je en baissant la tête.

Je ne comprenais pas le comportement que j'avais avec elle, sachant que trivialement le ressenti des personnes ne me concernait pas. Pourtant quelque chose au fond de moi se serra à la vue de son doux visage.

- Pourquoi j'ai du sang sur la main ? Réponds moi s'il te plaît...
- Et s'il ne me plaît pas de te répondre ?

Elle leva vers moi un regard éberlué.

- Je rigole...

Deux mots suscitant un léger sourire sur son visage.

- Enfaite j'ai eut un boulot. Une broutille.
- Quoi comme boulot pour te faire saigner comme ça ?

La colère prenait place à chaque parole prononcée.

- Je ne peux pas te dire. Je suis désolé.
- Tu ne peux pas me dire alors que j'ai la main couverte de ton sang ?
- Ce n'est rien ça.

La tête me tournait, toujours affaibli par mes blessures, la fatigue du trajet et de la séance de torture. Bien qu'après ce grand huit d'émotion, je ne pouvais laisser entrevoir la faiblesse à Juliette.

Je me retournais pour continuer à longer cette ruelle, ce n'est que maintenant après avoir vu Juliette, que je comprenais que mes pas inconsciemment m'avaient menés près de chez elle.

- Explique moi s'il te plaît June...
- Je ne peux pas, pas ici et pas maintenant Juliette.
- Pourquoi ?
- Parce que je dois me reposer, reprendre des forces.
- Tu en as d'autre des blessures ? Tu saignes encore June.
- Je sais... Ça va bientôt s'arrêter.

Je clopinais comme je le pouvais.

- Viens chez moi... Ma mère n'est pas là ce soir...
- C'est gentil mais je ne vais pas être la meilleure des compagnies.
- Juste ta présence me suffit.

Cette simple phrase ambiguë fit palpiter mon cœur un peu plus fort contre mes côtes, ce qui me fit grimacer. Alors sans un mot de plus je la laissais me guider jusque chez elle. Elle ouvrit sa porte me laissant passer, j'avançais tel un automate, serrant les dents.

- Est ce que je peux me changer s'il te plait ?

Les premiers mots qui sortaient de ma bouche depuis le début du trajet. J'avais quelque affaire de rechange dans le sac que je transportais, ainsi que plusieurs bandages pour soigner mes blessures les plus graves. Juliette m'indiqua la salle de bain. Je la remerciais d'un signe de tête.

La porte fermée je me déshabillais tant bien que mal. Mon pantalon tomba sur le sol, découvrant une balafre encore sanguinolente, un hématome ornait ma cuisse gauche. Celle qui se ressoudait lentement. Je regardais mes orteils, ils semblaient ne pas avoir bouger depuis que je les ai remis en place. Mon t-shirt ne fut pas une mince à faire. Je découvris alors un bandage imbibé de sang. Il ne prenait que la parti centrale de mon thorax pour maintenir mon sternum suffisamment proche pour que mes organes ne sortes pas de ma poitrine. Je défis le bandage constatant que ma cage thoracique commençait à se régénérer. J'en remis un propre comme je pus. J'étais entrain de terminer quand la porte s'ouvrit dans mon dos, laissant apparaître une Juliette les yeux exorbités et la bouche grande ouverte à s'en décrocher la mâchoire.

Instincts bestiauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant