Chapitre V

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Sa chambre était assez spacieuse, cosie. La décoration était faite avec goût. Elle ne prit pas le temps de fermer la porte qu'elle m'attaquait déjà de question.
- Alors tu es quoi ?
- Un lycanthrope.
Cela ne servait à rien de lui mentir puisqu'elle avait eut la vérité juste sous les yeux et m'avait, contre toute attente rationnelle, aidé. Je ne savais toujours pas pourquoi elle avait fait ça mais je ne tarderai pas à le découvrir. Pas une once de peur émana d'elle comme si ma réponse était tout à fait normal.
- Et tu peux te contrôler ?
- Oui.
- Explique moi s'il te plaît.
Elle me demandait de lui expliquer comment j'avais perdu le contrôle ou comment je faisais pour me contrôler ? J'avais la tête ailleurs loin de tout ça.
- C'est la première fois que je perds le contrôle malgré le nombre incalculable de fois où on m'a cherché. Tu me déstabilise.
- Oh...
J'avais lâché ça comme ça sans aucunes émotions. Elle semblait ne pas réellement comprendre le sens de mes paroles. Elle ne se rendait pas compte que j'aurais pu tous les décimer dans un élan de rage et de folie, dans une perte de contrôle comme celui ci.
Elle commençait à comprendre ce que cela signifiait. La peur me monta au narine. Une douce odeur sucrée et amère en même temps. Elle prenait peu à peu peur. Je n'aimais pas du tout la tournure que prenait la situation.
- Ne raconte ça à personne. Jamais.
Je ne dis rien de plus et disparu. Elle n'eut pas le temps de répliquer quoique ce soit. J'enlevais les vêtements à l'entrée rapidement avant de partir en courant nue comme un ver. La rue était déserte mais cela m'importais peu puisqu'à la vitesse où je me déplaçais personne le pouvais me voir. Tout en courant j'engageais le processus de transformation, l'accélérant à tel point qu'arrivée au détour de la rue j'étais sur mes quatre pattes. Je me déplaçais moins rapidement profitant de l'air pur entrant et sortant régulièrement dans mes poumons.
J'avais ce besoin irrépressible de courir, d'oublier, de liberté. Tout le monde pouvait me voir. Je ne me cachais pas puisque au yeux de tout le monde je n'étais qu'un gros chien inoffensif.
Je me retournais pour voir au loin Juliette essoufflé à son portail et regardant dans ma direction. Je partis en direction de la forêt. Mon repère, mon lieu favori.
Au centre de cette immense forêt se situait une cabane, construite de mes propres mains, la nuit sans que personne ne le sache, avec les nouveaux outils de mon père qu'il n'a malheureusement jamais pu se servir. Arrivais à mon sanctuaire je me re métamorphosais. Ayant des affaires de rechange dans la cabane, comme on dit il vaut mieux prévenir que guérir. Une fois habillé je pris du bois que j'avais mis à l'abri pour qu'il soit bien sec. Malgré le fait que je ne craigne pas le froid s'installer devant un bon feu de cheminée, il n'y avait rien de plus reposant et relaxant. J'avais besoin de me vider l'esprit de sortir notre conversation de ma tête.
Prise d'une soudaine envie de détruire, de tout envoyer balader.
Je sortis et me mis à frapper dans l'immense chêne centenaire qui se trouvais juste à côté de moi. Le seul qui pouvais survivre à mes crises de folie. La vie avait été si injuste avec moi. Elle m'avait tout pris, mon petit frère ainsi que mes parents, qui ont été anéanti par la mort de Thiméo, et ces scientifiques qui m'avait pris ma liberté, qui avaient fait de moi un monstre. Juliette elle qui était entrée dans ma vie et me faisait perdre tout mes moyens. Par moment je n'avais qu'une envie, mourir et tout abandonner. Je n'avais rien qui me retenait ici bas. Un monstre n'a rien à faire en vie. Tout n'est que noirceur, mon âme est noire. Je suis un ange de la mort si l'on puisse dire.
Plus mes pensées divaguaient et plus je cognais. Mes phalanges ensanglantaient ne me faisait aucunement souffrir. Je ne ressentais rien si ce n'est que le vide total. Juste une coquille vide, voilà ce que je suis.
Ne réfléchissant plus je me mis à courir, courir à en perdre haleine sur mes deux jambes. Ne choisissant aucune direction et laissant faire mon instinct. Au bout d'une trentaine de minutes je réalisais où je me trouvais. Au bord d'une falaise dans le massif alpin. Je ne voulais que ça prendre mon envole à tout jamais.

Instincts bestiauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant