Chapitre XIII

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Toujours en quête d'un endroit isolé, je décidais de sortir du lycée et de me diriger vers mon antre. Juliette sur les talons, ne posa pas la moindre question. Elle se mit à ma hauteur et d'un geste hésitant effleura ma main de la sienne. Je marchais en me demandant comment faisait-elle pour rester la près de moi alors que j'avais failli la tuer, que je venais de mettre au tapis, en l'espace de 10 minutes même pas, une dizaine de personne. Aucunes blessées gravement bien évidemment, j'avais réfréné cette envie. Par moment l'envie de sentir la peau se déchirer sous mes doigts devenait extrêmement forte.

J'aimais partir en chasse sur mes quatre pattes, trouver le petit animal à l'affût dans les fourrés, le débusquer et pour finir sentir le liquide rouge glisser sur ma langue tandis qu'il se meurt sans souffrance. Donner la mort est une chose mais infliger une souffrance pour l'animal s'en était une autre.

De retour au moment présent en compagnie de Juliette j'avançais à présent sur un chemin qui s'enfonçait lentement mais sûrement dans la forêt.

- Mais on va vers la maison hantée par ici non ? M'interrogea Juliette après un long moment de silence agréable.
- Tout à fait.

Une légère odeur de peur effleura mes narines à l'approche du manoir. On pouvait distinguer les contours au loin, une sombre bâtisse imposante. Contre mon bras je sentis ses poils se dresser tel des soldats au garde à vous.

- N'ais pas peur petite il ne va rien t'arriver, t'entai-je de la rassurer.

L'imposant portail en fer forgé s'ouvrit de lui même, pour nous céder le passage. Un immense battant en bois laissa place à une entrée ténébreuse. Je déposais le plat de ma main contre le chambrant. Des bougies s'allumèrent d'elles même, diffusant des ombres fantomatiques sur les murs. Le manoir se pliait à la moindre de mes humeurs.

- Je te présente mon humble demeure. N'aie pas peur il ne t'arrivera rien ici.

Suivant mes pensées l'intérieur s'illumina, les volets s'ouvrirent laissant pénétrer la lumière du soleil. Le doux fumet d'un chocolat chaud nous parvint au narines, ainsi qu'une agréable odeur de pain grillé. Dans un coin de la salle à mangé un feu de cheminée prit place. Un petit déjeuner avec le crépitement d'un feu et l'odeur de bois brûlé, il n'y avait rien de mieux.

- Tu es ici chez toi Juliette. Si jamais tu as besoin de faire le vide tu peux venir t'y réfugier. Ici jamais personne ne franchira le seuil du portail si tu ne le souhaite pas.
- Comment tu as fait ça ?
- Pour tout te dire je n'en ai pas la moindre idée. Un jour peu après l'incident je suis venue ici et le manoir à aussitôt réagi à ma présence. Un peu plus tard quand j'ai eut suffisamment d'argent je l'ai acheté une bouchée de pain. Depuis c'est ainsi.
- Oh c'est dérangeant tout de même de voir les choses se faire d'elle même.
- Et bien j'espère que tu as faim, un chocolat chaud et du pain grillé cela te convient il ?
- Oui ne t'en fais pas c'est très gentil de ta part.
- C'est normal.

Je la guidais jusqu'à la table. Prenant place je la regardais déguster ses tartines au Nutella.

- Tu veux retourner en cours après, lui demandais-je.
- Euh non j'ai pas très envie d'y retourner...
- Ça te dit d'aller faire un tour ?
- Tu veux aller où ?
- Je sais pas on peut aller où tu veux petite.
- Je ne sais pas du tout. Tu veux aller où toi ?
- Mmh on pourrait aller en Transylvanie ?
- C'est où ça ?
- Ah oui c'est vrai aujourd'hui on appelle ce pays la Roumanie, fin c'est une région de la Roumanie. Ça te dit ?
- Mais c'est à l'autre bout ! C'est hyper loin tu veux y aller comment ?
- Juliette tu as oublié un tout petit truc, c'est que je suis pas toute à fait normal... La distance n'a pas d'importance tu sais.

Ses yeux s'écarquillèrent face à cette nouvelle. A-t-elle oublié notre discussion d'hier soir ? 

- Mais tu peux juste aller vite seule non ?
- Il y a tellement de chose que tu ne connais pas à mon sujet. Cela risquerait de t'effrayer.

Quand nous eûmes terminé nos petit déjeuner, je lui saisis la main et la pris dans mes bras tels une princesse. Elle était aussi légère qu'une plume. Il est vrai que je peux soulever une voiture comme si de rien était. Je n'avais pas cherché à pousser mes limites et voir jusqu'où je pouvais aller. La surprise traversa son regard. Elle se laissa faire passant ses bras autour de mon cou.

- Ferme les yeux.

Trois mots mais elle obtempéra. Je partis en courant. Et bientôt nous arrivâmes à bon port. Le château de Dracula, le même où se déroule l'histoire du célèbre écrivain. Lentement je la déposais au sol et la regardait ouvrir les yeux et s'émerveiller devant la beauté du spectacle.

Instincts bestiauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant