Chapitre XVII

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- June.
Un seul mot et je ne savais plus quoi penser. Quand mon père utilisait ce ton surtout que cela faisait une éternité qu'on ne s'était pas parlé. Depuis l'accident. Il fit pivoter son fauteuil face à moi.
- Ma fille. Tu sais je ne sais pas quoi faire. Le temps passe si vite et depuis ce jour là plus rien n'est pareil. Je t'en ai voulu. Voulu de n'avoir rien alors que ton petit frère est mort, sa voix se brisa à la fin. Il continua. Ta mère était blessée, Matteo est mort et moi, moi je suis ici coincé dans ce fauteuil. Et toi, toi tu n'avais pas une égratignure.
Mes parents m'avaient ignoré pendant tout ce temps, depuis des années, juste parce que j'avais cicatrisé ? C'est vrai ils ne se doutaient de rien, mais était ce une raison valable pour ignorer son propre enfant ? Je bouillais de rage en moi.
- Et puis un soir d'insomnie. Un soir où je me tourmentais avec les souvenirs je t'ai vu. Je t'ai vu t'échapper par ta fenêtre. Je t'ai vu lentement te changer et devenir ce monstre.
La voix de mon père était empli de mépris, de rage et de pitié. Chaque émotion effleurait mes narines. Les odeurs se mélangeaient, s'associaient et ne formaient plus qu'une. Chaque parcelles de mon corps succombaient à une puissante rage. Ne se doutant de rien il continua.
- Tu es une abomination. En plus d'être une sale gouine tu es un monstre. Depuis quand hein ? Depuis quand es-tu cette chose ? Crachât-il le ton empli de haine.
- Calme toi Jules ! C'est à ta fille que tu parles ! Intervient ma mère.
- Elle a cessé d'être ma fille le jour où Matteo est mort.
- Ne dis pas des choses que tu pourrais regretter !
- Marie jamais je ne regretterai mes paroles. June n'est plus ma fille depuis l'accident. Je te renie June ! Quitte cette maison tu n'es plus chez toi ici !
Le ton qu'il avait employé était sans équivoque. Aucun retour en arrière était possible. Je pouvais sentir ramper sur ma peau chacune de ses émotions. Il s'exprimait avec hargne. Chaque mot était craché avec toute la haine et le dégoût possible.
- De toute manière c'est ce qui était prévu. Je vais aller faire mon sac, informais-je calmement mes deux géniteurs.
Je tournais les talons sans une parole de plus. Le regard neutre et vide je me dirigeais vers ce qui était ma chambre quelques instants plus tôt. Je saisis mon sac et le remplis de mes vêtements.
J'entendis des pas s'approcher de la porte.
- Entre maman, l'invitai-je avant qu'elle n'eut le temps de lever la main pour frapper.
- Comment tu as su ?
- J'ai l'ouïe fine.
- C'est vrai j'avais oublié. Je suis désolé pour la réaction de ton père. Il ne sait pas ce qu'il dit, il ne le pensais pas. Il t'aime tu sais.
- Maman s'il te plaît pas à moi. Il savait ce qu'il disait. Il ne m'aime plus depuis bien longtemps. Tu ne peux pas me dire le contraire quand je sens ses émotions sur ma peau, quand je humes chacun de ses ressentis. Alors ne me mens pas s'il te plaît pas alors que je peux entendre ton cœur s'accélérer et que le goût du mensonge vient s'imprégner sur ma langue.
- Tu peux vraiment sentir tout ça ?
- Oui maintenant maman il faut que je partes. Il faut que je sortes de votre vie.
- Tu resteras toujours ma petite fille June. Peu importe ce que ton père a dit tu resteras toujours mon enfant.
Je pouvais voir la sincérité dans son regard et surtout le sentir dans l'air. Cette douce odeur un peu sucrée. Je me sentis un peu mieux. Une légère part de ma colère s'apaisa à la suite de ces paroles.
Je la serra rapidement dans mes bras. Une accolade d'adieu.
- Je t'enverrai mon nouveau numéro si jamais vous avec le moindre problème.
Et c'est sur ces dires que je tournais le dos pour sortir de cette maison. Le sac sur l'épaule, je ne me retournais pas une seule fois. Je me dirigeais vers le manoir. Il fallait que je me charges de toute les démarches pour une inscription à l'autre bout du pays. Il fallait que je me trouve un logement, une voiture. Notez l'ironie de prendre une voiture alors que je peux me déplacer comme je le souhaite. Il faut bien avoir l'air "normal". Dans la société d'aujourd'hui il faut s'adapter, se fondre dans la masse.
Je me déplaçais à une allure humaine. En m'éloignant de la demeure, j'avais senti le poids lourd de reproches de mon père.
Je mis un peu plus d'une demi-heure de marche pour arriver sur le chemin qui menait chez moi.
La porte s'ouvrit pour me laisser le passage. Je laissais tomber mon sac sur le sol de l'entrée. Je me dirigeais directement vers mon mac. Je démarrais la machine et lançais la barre de recherche.
J'avais envie de changer de vie. Le froid de l'Oregon ne me dérangeait pas mais j'avais envie de changer de décors. Pourquoi pas la Floride ? Miami et sa plage, l'état juste à côté des vastes étendu du Texas. Et puis il faut bien l'avouer que le soleil, la plage et les filles qui peut résister à ça ? Trouvez moi quelqu'un et je vends mon âme au diable. Ah non ça s'est déjà fait. Je regardais les offres de location. Une petite villa de 200m2 avec piscine sur Miami Beach. J'avais un garage et de quoi entreposer deux ou trois voitures. Avec les contrats que j'avais eut et que j'aurais encore dans l'avenir je pouvais largement me le permettre. Je saisis mon téléphone pour réserver cette villa. Je regardais l'heure et me ravisais. Il y avait trois heures de décalage horaire ce qui signifiait qu'il était approximativement 21h00 à Miami. Je consultais le lycée pour remplir un dossier. Pour ce soir je ne pouvais plus rien faire de plus. Il était 18h00. J'avais une petite faim mais préférai attendre le dîner. Je continuais donc à surfer sur le net. J'accédais au dark web. Vous savez là où personne ne va jamais, fin si tout ceux qui font des choses pas très légal. Cela faisait un petit moment que je n'y avais pas été. Je consultais les offres et les demandes dans ma branche. Je regardais les contrats proposés quand un message s'afficha sur mon écran.

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