Chapitre 11: Pierig & Yumana.

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Pierig dont la sensibilité n'était plus à prouver, fronça les sourcils :

-Que se passe-t-il ?

-Yumana ne cesse de pleurer, Noelia nous a fait sortir, elle la console !

-Mais que s'est-il passé ?

-Nous l'ignorons !

Lylibelle, baissa la tête, honteuse de son bonheur tout neuf. Sachant qu'elle ne pouvait rien dire...

Il s'engouffra dans la cuisine et vit tout de suite la jeune fille dans les bras de la cuisinière, de la porte il entendait ses sanglots déchirants. Il rejoignit Noelia et s'agenouilla devant les deux femmes, doucement il prit la main fine et la posa sur sa joue, elle était glacée, malgré la flambée. Alors il posa sa grande main sur elle pour lui apporter un peu de sa chaleur.

Yumana releva la tête, elle vit Pierig et se jeta dans ses bras, toujours en pleurs. Il releva la jeune fille et la prit dans ses bras, elle paraissait minuscule ainsi et plus légère qu'une plume. Noelia le remercia en lui ordonnant de la suivre. Portant toujours Yumana, il marcha avec Noelia !

Elle le fit assoir et prépara un grand verre de lait où elle mit quelques gouttes d'huiles florales. Elle tendit le verre à Pierig :

-Fais la boire, s'il-te-plaît, cela la calmera et la fera dormir.

Il prit le verre et en lui parlant doucement réussit à ce que Yumana boive le breuvage, ses yeux soyeux fixés sur lui. Il sécha ses larmes et repoussa les boucles emmêlées.

Par les dieux comme elle est belle, pensa-t-il. Son chagrin n'avait fait que la rendre plus attirante, plus humaine !

La boisson avalée, elle reposa sa tête sur la confortable épaule. Les yeux mi-clos, elle se laissa aller ! Pierig continuait à la bercer, sa bouche posée sur sa crinière.

Et en plus, elle sentait merveilleusement bon ! Son esprit dériva vers des rêves interdits où il n'y avait qu'une et seule femme, elle ! Sa fée, sa princesse, son bonheur et son désespoir ! Il approcha sa bouche de son oreille et lui chuchota : je t'aime, ma douce, envers et contre tous, je t'aime et je t'aimerai. Il releva les yeux sur elle et vit qu'elle dormait paisiblement.

-Va la coucher lui dit Noelia.

Il la souleva et doucement l'emmena à son appartement. Il poussa la porte du pied. Il n'était jamais entré chez elle, la tentation aurait été trop forte de ne plus repartir ! Il chercha sa chambre et la déposa précautionneusement sur sa couche. La grande fenêtre ouverte laissait entrer les parfums de l'île et le souffle d'Al Mar. Il tira les draps et lui ôta ses souliers. Posée sur les oreillers au milieu des dentelles, se cheveux en soleil autour d'elle, elle dormait paisiblement. Ce soir il ne la quitterait pas, décida-t-il. Il prit une de ses mains, releva la manche qui la cachait, et là il vit ! Il remonta plus haut le tissu, les sillons rosés traçaient leur chemin sur la peau dorée ! Il posa ses lèvres sur eux, les couvrant de baisers très doux. Puis alla s'installer dans la bergère auprès de son lit. Longtemps dans la chambre calme, il veilla, son cœur et son corps souffrant pour celle qui dormait d'un sommeil artificiel. Il pensa à ce Dimitri dont elle lui avait tant parlé ! Il se remémora son arrivée et les regards agressifs des trois Chevaliers !

Il avait gagné leur confiance, puis Sacha et Tristan avaient donné leurs cœurs à d'autres. Seul Boris s'obstinait, mais cela n'avait rien de sérieux ! Lui, n'avait rien demandé, ni fait, il s'était contentait d'être là. L'ami, le grand frère, celui qui la faisait rire aux éclats et à qui elle confiait ses plus intimes secrets ! Celui qu'elle aurait suivi les yeux bandés tant elle lui faisait confiance ! Elle savait qu'il l'aimait, il lui faisait comprendre à chaque instant passé ensemble ! Il avait admis que même si elle avait pour lui une infinie tendresse, son cœur battait encore pour ce satané Dimitri des Terres Mortes ! Pourtant, lui qui la connaissait bien, avait vu petit à petit l'amitié et la tendresse qu'elle lui offrait, se transformer en un sentiment qu'elle refusait d'admettre ! Compréhensif, il se doutait qu'il n'y était pour rien. Ses devoirs et sa quête devaient lui imposer certaines contraintes. C'est ainsi que rêvassant, il finit par s'endormir.

Le jour se levait quand Yumana ouvrit les yeux. Les souvenirs de la veille la firent se dresser dans son lit ! Et d'ailleurs, comment suis-je arriver ici, marmonna-t-elle. Un léger ronflement, elle regarda et vit Pierig endormi dans sa bergère, son grand corps étalé. Elle ne put se retenir de pouffer ; il était si comique ! Pui elle se leva et prenant soin de ne pas le déranger, sortit.

Pierig qui avait l'ouïe aussi fine que l'œil perçant, avait bien senti les mouvements de Yumana, pour ne pas l'effrayer il était resté immobile, s'empêchant de rire avec elle ! Il se redressa dès que la porte claqua. S'étirant il se dirigea vers la croisée ouverte. Le soleil illuminait tout. Il en sourit de plaisir. Soudain il la vit apparaître, elle surgit d'un petit passage qu'il ignorait. Il ne la quittait pas des yeux, elle ôta sa tunique et il ne put que constater que, ce qu'il avait vu sur son bras n'était que peu de chose par rapport à ce que son corps nu lui dévoilait. Il en frémit de rage, qui avait osé ! Le regard posé sur elle, il jura qu'il tuerait de ses propres mains ce monstre !

Il n'avait pas envie de la quitter. Pas de leçons aujourd'hui, non ! Aujourd'hui, il inventerait pour elle le bonheur de n'être qu'humain ! Il lui raconterait un monde de beauté et d'amour !

Rapidement il quitta la chambre et dévala les escaliers en direction de la cuisine.

-Noelia, vite je voudrai faire une surprise à Yumana !

-Bonjour d'abord ! Et comment va-t-elle ?

-Pardon oui, bonjour Noelia, elle va bien, elle nage.

-Bon tu veux un panier de pique-nique ?

-Ce serait parfait ! Et une bouteille de ton meilleur vin demanda-t-il à Jean qui arrivait !

-Reviens dans cinq minutes ce sera fait.

Le gaulois était déjà sorti !

-Aux écuries il fit atteler une voiture à deux places et la ramena près du perron.

Il installa à l'arrière, un grand panier d'osier plein de victuailles et plusieurs culcitas. Tout était prêt. Il ne manquait plus que Yumana. Il connaissait maintenant, la porte dérobée par laquelle elle sortait en toute discrétion. Patiemment il l'attendit. Quand Yumana franchit le seuil il l'attrapa par la main :

-Bonjour jolie demoiselle, l'eau était bonne ?

-Oh Pierig ! Tu m'as fait peur !

-Chut, suis moi !

-Une surprise, mais Pierig, tu sais bien que je ne peux pas partir comme ça !

-Aujourd'hui est un jour spécial ! Aujourd'hui tu peux !

-Tu crois, il faut que j'avertisse ma mère !

-Silence Demoiselle !

Il la souleva dans ses bras et l'entraîna vers l'attelage. Elle sentait bon le soleil et Al Mar, il l'assit et prit place à côté d'elle. Les chevaux obéirent à ses ordres et bientôt ils se retrouvèrent sur une large allée, au milieu des pins, des genêts et du chant des cigales. Ils n'avaient pas remarqué Gaia et Jihan qui les observaient du château.

-Où vont-ils, Mère ?

-Laissons un peu de paix à ces enfants, ils auront tant à supporter !

-Tu as raison Mère, mais tu connais la loi pour l'Unique !

-Je la sais, mieux que quiconque, ici et ailleurs !

Jihan se tut, les derniers événements avaient remis en questions beaucoup de principes qu'ils tenaient pour acquis, alors que pouvait-elle dire ?

-Rien Jihan, rien ! Elle seule le sait, répondit Gaïa.

Pierig était bien décidé à profiter de ce instant pour que sa déesse chérie, lui ouvre enfin son cœur.   Son amour pour elle le brûlait, il fallait qu'elle comprenne. 

YUMANA : La Fille des UniversTome II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant