Chapitre 22 (partie 3)

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Oumaima nomma Sophia qui s'approcha d'elle. Le sourire de Dame Oumaima était tendre et doux :

Elle la prit par la main et retourna vers le groupe. Ils saluèrent Sophia avec gentillesse. Quand Pierig fut en face d'elle, il se figea et dit :

-Nous connaissons-nous ? Votre regard me rappelle une femme ! Il se tint au plus près d'elle, la détaillant, de ses doigts il prit une des boucles cendrées ; Prêtresse, je ne comprends pas, nous sommes-nous déjà rencontrés ?

-La voix douce de Sophia murmura :

Oui, Noble Pierig, il y a des lunes de cela, nos chemins se sont croisés ! Maintenant, pardonnez-moi, mais notre devoir nous appelle, avez-vous oublié la déesse qui gît par nos fautes ! Puis, elle lui lança un de ces sourires qui atteignent l'âme des hommes.

L'aveugle reprit :

-Sophia a bien parlé, mettez, mettons nos petits ennuis, nos petites rancœurs de côté. Dans son ventre fécondé, grandit sa mort et notre fin à tous ! Alors écoutez-moi. Je veux que vous me fassiez tous serment d'allégeance pour les temps humains qui restent, jusqu'à mon départ ! Ceux qui veulent se retirer, le peuvent, alors j'attends !

Un à un, ils prononcèrent les mots qui les liaient en un serment bien plus fort que celui du sang. Face aux yeux laiteux d'Oumaima, ils se sentaient petits et fragiles. Son regard blanc était bien plus expressif que tous leurs yeux réunis.

Droite et fière au milieu de tous, elle prononça :

-A tous les fidèles, les justes, les bons, je souhaite la bienvenue. Je mentirai en disant que cela va être aisé. Nous aurons à lutter contre ceux que vous considériez comme des frères ou des amis, et contre nos ennemis de toujours, que vous connaissez déjà.

Mais parmi nos ennemis, il en est aussi qui sont des Dieux. Cela vous ne pouvez les reconnaître ! Je m'en occuperais moi-même.

-Mais et Calix ? Dit Pierrig.

- Je pense que vous avez compris que le dernier des Druides a failli à ses devoirs sacrés. Même si il a été piégé. Pour le moment, nous ne pouvons lui demander aide !

-Mes amis nous sommes les fidèles les plus sûrs, pour celle qui seule nous sauvera.

-Sacha je sais que ton cœur appartient à Lady Maryam et Isabeau, ne crains rien elle sera bientôt auprès de toi ! Tristan tu es chanceux, ta belle amie est là ! Noelia, ma sœur chérie, ton Jean est un homme de bien, il fait partie des nôtres ! Sacha, toi si valeureux et honnête, je crains qu'il te faille renoncer à Jihan, crois-moi, à l'heure actuelle, nous ne pouvons prendre ce risque. Tout comme pour Katarina, je suis si désolée pour vous, Sire Connors !

Les deux hommes hochèrent la tête, ils s'en doutaient et comprenaient. Les mères de Yumana l'avaient utilisée, chacune à leur tour, pour leurs intérêts. Ils l'avaient compris...

Les regards sombres de Benti et Wouldi, attira Oumaima. Elle les invita à la rejoindre, ils déposèrent Esteban sur ses genoux, le garçonnet l'observa puis lui dédia son plus beau sourire. S'installant confortablement, il s'endormit en une seconde.

-Enfants du Monde Terre, vous êtes la plus belle représentation de votre futur, je connais votre dévotion pour Yumana, je sais aussi qu'elle est votre sœur dans vos cœurs, tout comme vous êtes le frère et la sœur qu'elle n'a jamais eu ! Serez-vous assez forts dans la lutte sans merci qui nous attend.

Benti Lui saisit la main :

- Dame Oumaima, je vous en prie laissez-nous la voir ! Nous sommes là depuis le début, regardez autour de vous ! Les premiers se ressemblent ! Même inquiétude, même angoisse. Yumana est venue à nous, souriante et solaire. Elle a ouvert son cœur et ses bras et nous a montré un monde que tous ignoraient. Grâce à elle nous avons appris la solidarité, le partage, l'amitié ; l'amour et l'espoir. Elle nous a apporté bien plus que du pain et un abri, elle a fait de nous tous, pauvres mortels, un peuple uni et vivant ! Des nourrissons sont venus au monde, toute une vie a jailli d'un peuple de moribonds. Elle est notre étoile, notre bénédiction, notre exemple !

Oumaima leur sourit tendrement :

- Je vous crois enfants de la Terre, je vous crois tous. Vous créerez une vie belle et joyeuse. Une terre faite de jardins, de belles moissons, d'amour et du rire légers de vos enfants. Oui je vous le prédis, votre vie sera belle.

Après la mort, les sacrifices, la perte de ceux que vous aimez ou aimerez, la lumière sera à jamais sur vous ; ouvrant ses bras, elle dit alors : Ceci est ma promesse et ma vérité !

Venez ! Je vous mène à Yumana. Ils obéirent silencieusement. Dans l'alcôve, elle reposait. Toujours aussi belle, pourtant nul ne put ignorer que sa splendeur solaire s'était éteinte, elle, l'immortelle, s'étiolait. La peau blême, les cheveux ternis, elle respirait la désolation et la mort. Ses douces joues creusées. En elle le monstre lentement se nourrissait, puisant ses forces physiques et mentales. Son ventre déjà s'arrondissait sous la soie fine.

Ils entourèrent la couche et leurs mains unies se posèrent sur le corps immobile. Les yeux clos ils unissaient leur puissance mentale pour lui offrir de leurs forces. Il fallait qu'elle survive ! Esteban se mit à pleurer, il tendait ses petits bras vers son amie endormie. Oumaima le prit et sortit de la pièce. Le petit garçon envahit par le chagrin, faisait peine à voir.

Jaillissant du lac Nénuphia tendit à Lylibelle une nasse emplie de perles rosées, elle expliqua comment les disposer, elles seraient le gage de vie des Océanias et des Mars pour leur déesse. Tant que les perles rosées brilleraient, Yumana vivrait !

Sophia la prêtresse prit la nasse, et aidée des autres femmes, elles entourèrent le corps de leur chère déesse des perles humides et fraîches. Pierig muet se tenait à sa tête, il cherchait à comprendre, des souvenirs remontaient petit à petit ! Pourtant un immense vide creusait son cœur, Yumana, si douce, si fragile ! Il se remémora le jour où elle s'était livrait sans pudeur, avec toute l'immense confiance qu'elle lui portait.

-Pardon, ma belle, ma douce ; je suis un piètre gardien, moi qui ai juré de te protéger à jamais, voilà le résultat, Yumana, ma chérie, je me rachèterai j'en fais ici le serment, je t'aime tant ! Il s'inclina et baisa son front.

Une main féminine prit la sienne, Sophia déjà l'entraînait loin de l'alcôve. Quand il voulut se rebiffer, elle posa un doigt sur ses lèvres.

-Chut valeureux gaulois, vient, elle a besoin de repos.

-Mais les autres restent, eux !

-Les autres joignent leurs forces pour elle, toi tu n'es que chagrin et elle n'en a pas besoin !

-Je l'ai abandonné !

D'une secousse, il libéra sa main et se réfugia dans un coin isolé. Sophia peinée regarda Oumaima...

-Du calme Sophia, laisse le pleurer et haïr, il reviendra son désespoir apaisé.

-Comme c'est difficile, j'espère ce moment depuis si longtemps !

YUMANA : La Fille des UniversTome II.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant