Chapitre 15

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"Je suis parti dormir
Parti en guerre contre les poètes et le tempo"

-Use Somebody, Kings Of Leon

Point de vue d'Ariana

Au départ, ça ne fait pas mal. C'est après.

Au début, un flash, les pas de Louis qui s'éloignent d'un coup, le claquement de la porte, l'obscurité qui m'avale, et puis plus rien.

Après, le silence, la douleur.

Vous prenez conscience du métal froid, qui se tient juste au-dessus de votre nombril. La douleur irradie dans tout votre corps. Votre cerveau ne comprend pas ce qui se passe, ou en tout cas, fait comme s'il n'y avait rien.

Mais il ne peut nier le sang qui s'écoule, d'abord, doucement. C'est un mince filet rouge, comme un ruban, qui se trace lentement à travers le tissu de mon tee-shirt. Et puis, au fur et à mesure, le filet devient un petit chemin, puis une rivière. Une marre rouge commence à s'accumuler autour de mes jambes.

J'essaye tant que je peux de me dégager de ces menottes. Il faut que je retire cette lame de mon organisme. Mais je ne peux pas.

Je ne peux pas bouger mes bras. Je ne peux que regarder cet éclair froid qui se trouve en moi. Je peux regarder, mais je ne peux agir.

On dirait un cauchemar.

Soudain, je bouge un peu trop pour me dégager, et la lame s'agite, me déchirant la peau et l'intérieur de mon corps.

Ma respiration se coup, et je suffoque. Mon cœur s'emballe. Je m'étouffe.

Et d'un coup, ma respiration revient. Mais pourquoi ? Dès la première inspiration, la douleur s'écoule dans mes veines. Je ne peux même pas décrire ce que je ressens.

Des larmes salées commencent à s'écouler le long de mes joues.

Je suis debout, dans l'obscurité, une lame plantée dans mon ventre. Le moindre geste, et la lame me tue. Et si je ne bouge pas, la lame me tue, mais plus lentement.

J'ai le choix entre une longue agonie, ou une mort rapide et brève.

Et là, dans cet abime sombre, au fond du trou, entamant une mort très lente et douloureuse, je pense à mes parents.

Je ne suis pas toujours entendue avec eux, mais je les aime plus que tout. Ils ne le savent pas. Pour eux je ne suis plus leur fille, depuis bien longtemps. Peut-être trop longtemps. Depuis cette fameuse nuit.

Soudain, la lame bouge en moi, accélérant le torrent qui s'écoule maintenant de mon abdomen. Les larmes redoublent sur mes joues. Elles ont froides, comme la lame. Mais contrairement à cette dernière, elles sont douces.

Qu'est-ce que j'ai fais pour me retrouver dans une cave sombre, avec des couteaux tout autour de moi, plantés dans le mur, des menottes aux poignets et une lame dans mon ventre, seule.

Seule.

Toujours seule.

C'est marrant quand on y pense : j'ai commencé seule, je finirai seule.

J'ai l'impression que c'est l'histoire de ma vie qui se répète...


Point de vue d'Adèle

Je suis toute seule dans ma chambre. Niall est parti depuis bien longtemps. Toute seule, je pleure en silence. Si un inconnu rentrait à ce moment dans ma chambre, il verrait une jeune fille pleurer sur son lit. Pourtant, s'il me connaissait, il saurait qu'à l'intérieur de moi, il n'y a déjà plus de place pour la tristesse. Derrière cette façade se cache autre chose. Mon cerveau tourne à plein régime pour trouver un moyen d'aider Ariana.

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