Chapitre 32

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Musique à mettre avec le chapitre si vous voulez, c'est avec cette chanson que je l'ai écris ;) #Charlotte



"Je me suis trouvé une raison
De changer celui que j'étais autrefois
Une raison de repartir sur de nouvelles bases
Et la raison, c'est toi" -The Reason, Hoobastank

Point de vue d'Adèle

Le vent de la nuit soulève mes cheveux blonds. Je respire un grand coup. La forêt environnante est magnifique dans l'obscurité de cette nuit de septembre. Les arbres immenses me dominent, ils sont puissants et impressionnants.  Ils me rappellent que l'être humain n'est rien par rapport à la nature. Je me demande où se trouvent les autres maintenant. Que fait Adam ? Et Baptiste ? Et Sarah ? Et mes parents ? Eux, je m'en fou.

Je me fou de tout maintenant.

Je n'ai jamais pu le dire tout ce que je pensais, je n'ai jamais pu m'exprimer en leur présence. Cela faisait partie des nombreuses règles qu'une bonne fille bourgeoise bien élevée devaient respecter à la lettre. Mes parents avaient fait une liste, qu'ils avaient affiché un peu partout dans notre grande maison de Paris, dès mon plus jeune âge.

Au début, je n'arrivais pas à les lire. Ensuite, je les ai déchiffrées, je les ai apprises, je les ai haïes, et maintenant, je les ai cassées.

J'écarte mes bras pour embrasser le monde en cette douce nuit.

J'éclate de rire et hurle.

Le vent se lève et tourne autour de moi, comme une valse immense.

Je suis libre !

Plus de bonne fille silencieuse et impuissante. Plus de non dits, de secrets. Plus de richesses. Plus de règles. Plus de parents.

Je n'ai plus à changer ce que je suis au fond de moi pour eux. Je n'ai plus à bien me comporter. Je recommence tout.

La vraie Adèle s'est enfin évadée.

Certes, je ne suis plus parfaite. Mais l'ai-je jamais été ? Vouloir changer les gens par des règles et des contraintes, ce n'est que refouler leur vraie nature. Mais un jour, ce cri refoulé, cette personnalité bloquée refait surface, plus forte que jamais. Et quand elle s'évade, ce n'est pas pour se refaire comprimer après. Une fois le cri poussé, on ne peut le ravaler.

La vraie Adèle, celle que j'ai toujours été au fond de moi s'est évadée, et cela pour toujours.

Quelques part, cet enlèvement n'est pas que tout noir. De toute façon, il n'y a jamais que du noir ou du blanc. Il y a du gris, tellement de nuances. Et cet enlèvement n'est pas aussi noir que je le pensais. Il est gris, comme tout le reste.

J'entends des pas derrière moi. Je ne me retourne pas. Je sais qui c'est.

Marina pose ses mains sur mes hanches. Elle se penche et me chuchote:

"Je t'ai entendu crier. Mais je sais aussi pourquoi tu fais ça. Je suis fière de toi Adèle."

J'acquiesce sans la regarder. Cela fait bien longtemps que nous n'avons plus besoin de ça pour communiquer et nous comprendre. Elle continu :

"Tout se temps, où tu ne t'exprimais qu'en ma présence. Tout se temps, où avant de rentrer chez toi, tu t'arrêtais sous le porche et te recomposais un visage neutre et soumis avant de pousser la porte. Et bien tout se temps est terminé."

Je souris en regardant les arbres de la clairière qui nous entourent. La présence de Marina derrière moi me calme et me rassure. Elle l'a toujours été, et elle le restera. Pour toujours.

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