Homeless

Chapitre 33

"Ça m'importe peu

Que tu dormes avec lui

Car je sais que tu rêves

De pouvoir me voir"

-Duele El Corazòn, Enrique Iglesias

Point de vue d'Aria

La nuit tombe doucement sur Orléans. Je passe devant la Cathédrale Sainte Croix. Je la vois presque tous les jours maintenant. J'ai appris à l'aimer, je la connais par cœur. Enfin, l'extérieur. En effet, je n'y suis jamais rentrée.

Je regarde l'heure sur le tableau de bord de la voiture d'Huguette. 20 heures. La vieille dame m'avait donné ma journée, pour mon entretien d'embauche. J'ai encore un peu de temps de liberté devant moi.

Sur un coup de tête, je m'arrête devant la cathédrale et rentre à l'intérieur.

Les grands voutes gothiques me coupent le souffle. La pierre grise rend une atmosphère intime et rafraichissante. De grandes teintures datant surement du Moyen-Age sont accrochées aux murs. Des lions énormes et puissants sont brodées dessus, sur des fonds pourpres, bleus rois et verts sapins. Des fleurs de lys ornent la moitié des teintures.

C'est magnifique.

Les vitraux colorés jettent des rayons de couleurs dans l'édifice. Les dernières lueurs du jour meurent sur le sol de pierre lui aussi. De petites brochures explicatives sont disposées sur une table. j'en attrape une et entreprends de me faire une visite auto-guidée.

J'apprends ainsi que la cathédrale mesure plus de 140 mètres, et que la nef en compte 40.  La largeur de la façade mesure 53 mètres, et les deux tours s'élèvent à 88 mètres de hauteur... Passionnant...

Je soupire doucement.

"Je peux t'aider ?"

Je me retourne d'un coup.

Un garçon se tient devant moi, presque un homme. Habillé tout en noir, comme à son habitude, il me sourit.

"Tu me suis, dis moi ?"

Shawn rigole doucement et s'avance vers moi.

"N'oublie pas que c'est ma ville, Aria. Je sais toujours tout ce qu'il s'y passe."

Je lui souris et il me le rend bien. Il attrape d'un geste vif et calculé ma brochure et la parcoure rapidement. Un sourire espiègle apparait sur son visage au fur et à mesure qu'il parcourt les lignes. Finalement, il plonge son regard amusé dans le mien.

"Tu penses apprendre quoi avec ça ?

-Et bien, je visite quoi..."

Il lève les yeux au ciel et repose la brochure sur la table.

"Ces trucs, dit-il en désignant les papiers, sont toujours mal fait. C'est incroyable. Personne n'est fichu de pondre un truc intéressant ! Pourtant, il y a de quoi dire ! Viens, je vais te la faire la visite, moi."

Il m'attrape la main et m'entraine vers le centre de la cathédrale, près de l'autel.

"Tu vois, commence-t-il, ces murs ont vu beaucoup de choses. Ils ont vu la guerre, ils ont vu la paix. Regarde, par exemple, (il me montre la première rangée de bancs en bois sombres, destinés au public, aux visiteurs et aux croyants). Ici, ces murs ont vu Jeanne D'Arc s'assoir, le 2 mai 1429. Elle a assisté à la messe, pendant le siège d'Orléans. Du coup, on est tellement fière que cette femme soit venue ici que chaque année, le soir du 7 mai, on organise une cérémonie avec des étendards, comme au temps de Jeanne ! C'est un honneur pour nous d'avoir accueilli une femme forte et puissante comme elle. Tu te rends compte ? Elle s'est déguisée en homme, en chevalier, et est partie faire la guerre alors que c'était interdit aux femmes. Elle a sauvé notre pays ! C'est incroyable."