Chapitre 3

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"L'été est venu et s'en est allé
L'innocence ne peux jamais durer
Réveille moi quand Septembre prendra fin"

-Wake Me Up When September Ends, Green Day


Point de vue d'Ariana :

Je me réveille contre le goudron froid. J'ai la marque des cailloux imprimée sur ma joue. Chaque centimètre de mon corps me fait souffrir. Le sang bat sur mes tempes. Je commence à me dire que je n'aurai pas dû peut-être autant boire... Ma vision n'est pas extrêmement claire, mais je pense qu'il va falloir faire avec. Ma robe est déchirée et tâchée de boue.

J'essaye de me rappeler ce qu'il s'est passé la nuit dernière, mais je n'y arrive pas. Seuls quelques flashs refont surface dans ma mémoire surchargée d'alcool et de fatigue.

La musique, des rires, les lumières colorées, et une voix en particulier. Celle d'un garçon. Je n'arrive pas à me souvenir de qui il est, je n'arrive même pas à mettre un visage sur sa voix. Tout ce dont je me souviens, c'est sa voix et ses yeux, d'un bleu intense, comme l'océan un jour de beau temps.

Je décide d'essayer de bouger doucement. Un geste après l'autre, je me relève, m'arrachant à mon cercueil de goudron et de boue. Je respire un grand coup tant l'effort est conséquent. Mes cheveux décoiffés coulent sur mes épaules et devant mon visage. On dirait que je viens de survivre à une apocalypse avec supplément invasion par des zombies.

Soudain, ma tête heurte quelque chose de dur et froid. Un bruit métallique me vrille les tympans. Je lâche un petit gémissement et retombe par terre. Ma tête n'est plus qu'une masse de douleur. Je reste là, la joue collée contre la terre, allongée sans bouger.

Je remarque que je suis dans la rue, sur une petite place avec une sinistre statue en son centre.

Le soleil est déjà haut dans le ciel.

Mon Dieu, mais dans quel pétrin me suis-je fourrée ?

Au bout d'un petit moment, je décide de retenter l'expérience. Je me retourne en étouffant un cri de douleur et admire le ciel ou plutôt, la masse noire en métal au-dessus de moi.

Le verdict tombe enfin : je suis sous une voiture.

Mais comment suis-je arrivée là, et surtout, pourquoi suis-je seule ?

Je retombe encore une fois à terre, désespérée et perdue.

Petit à petit, les événements de la veille me reviennent. Cette impression d'être suivie qui se confirme, l'apparition des cinq stars de la boite ou plutôt  des TAFIEST (Tarés Atteints de Folie Invasive En Stade Terminal ) - c'est méchant mais mérité - qui nous annoncent, comme ça à froid, qu'on devait les suivre parce qu'on était en danger. Je me souviens de la tempête venue de nul part, de notre course effrénée dans les ruelles sombres, puis de notre cachette dans cette même voiture. Je me rappelle d'avoir été terrifiée quand les 5 silhouettes se sont pointées sur la place. Et finalement, du coup qui m'a assommé par mes deux meilleures amies pour me sauver la vie.

Elles savaient que j'aurai donné ma vie pour elles, elles ont donc préféré sauver la mienne...

Je me souviens d'avoir vu une voiture noire les embarquer et les emporter loin de moi, puis c'est le trou noir.

J'aurai pu me relever, vaincre la douleur. J'aurai pu me battre pour elles, j'aurai pu courir après cette voiture. Mais je n'ai rien fait.

Je m'en veux terriblement.

Cette douleur au fond de ma poitrine, du remord, m'oblige à me bouger de sous cette maudite voiture.

A force de me tortiller, j'arrive à ramper en dehors de mon cercueil de métal.

HomelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant