Chapitre 18

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"L'amour ne tenait qu'à un regard au loin
Ne tenait qu'à une danse sensuelle au loin"

-Strangers In The Night, Franck Sinatra


Point de vue de Marina

Adèle s'affale sur le canapé. Elle se triture les doigts, elle se recoiffe plusieurs fois, elle stresse, je le sais. Elle avait le même comportement au moment de passer le bac. J'aime ces petites manies qu'elle a, j'aime sa façon de stresser. Je trouve ça mignon et touchant. Je lui souris alors qu'elle est de dos.

C'est débile, je sais, mais je ne peux pas m'en empêcher.

Elle se retourne vers moi. Ses cheveux blonds volent sur sa petite frimousse. Ses grands yeux bleus me scrutent.

« Marina ?

-Oui ?

-J'ai peur. »

Elle fond en larme. Je me précipite vers elle et la prends dans mes bras.

« Oh non ma puce, ne pleure pas. Ça va aller, tu vas voir. »

Elle sanglote sur mon épaule. Elle semble si fragile...

Je lui caresse les cheveux en lui chuchotant des mots réconfortant. Je la sers aussi fort que si ma vie en dépendait. Et c'est peut être le cas. Ma vie, c'est Adèle.

J'étais là quand ses parents la fâchaient à cause de ses notes. J'étais là quand ils lui ont dit qu'elle passerait toutes ses vacances d'été dans un camp pour gosses de riches, avec des profs particuliers, pour réviser. J'étais là quand ils l'ont obligé à prendre des cours de politesse, avec les livres, les danses de salon et tout le bazar. J'étais là quand elle était au bord du gouffre. Et je serai là pour le restant de sa vie.

Avant de la connaitre, je n'aimais pas les gosses de riche. Pour moi, c'était des enfants pourris gâtés, qui vivaient dans un château, et qui se prenaient pour des gens inaccessibles, et qui te faisaient comprendre que face à leur compte en banque, tu n'étais qu'un moucheron.

Mais avec l'arrivée d'Adèle dans ma vie, tout à changer. Elle détestait sa condition. Des parents toujours absents, et quand ils étaient là, cruels. Ce n'est pas le papa lambda qui vous fera un barbecue en rigolant avec un tee-shirt où il y aura marqué « super papa ». Non. Lui, c'était un requin. Il jouait des mauvais tours à ses collègues, pour toujours avoir plus d'argent. Il ne vit que pour l'argent. Sa mère, ce n'est pas elle qui vous fera des gâteaux au chocolat les jours de pluie. Elle, c'est une femme stricte, autoritaire et tout aussi cruelle que son mari.

La vie des riches, ce n'est absolument pas ce que je pensais. Il faut se changer avant le diner du soir, vouvoyer ses parents, les attendre sagement pendant des jours, rester seul dans un château trop grand et trop froid ; suivre tout un tas de cours à la con tel les livres, les cours de danses de salon, et faire passer ses amis au grand test du « Est-ce que papa et maman vont accepter que je reste avec toi. As-tu un château ? Ton père est-il un grand agent immobilier, ou PDG d'une grande boite ? »

Bref, on est loin de la vie de rêve.

Je caresse ses cheveux blonds. Elle ne pleure plus, et respire lentement. Je gigote légèrement et vois ses petits yeux fermés. Elle dort.

Envolés ses soucis, son visage inquiet. Elle a les traits détendus, elle est calme.

Son visage doux d'ange rayonne.

Il faut bien le dire. Adèle est magnifique.

Point de vue d'Ariana

Je fais un tour sur moi-même pour regarder où Max m'a déposé. Il y a des immeubles partout, et quelques rares maisons qui à mon avis vont finir par tomber entre les mains des promoteurs immobiliers qui les transformeront bientôt en hôtels de luxe.

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