Chapitre 27

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"Vendredi soir dernier
Ouais, on a dansé sur les tables
Et nous avions bu trop de coups
Je pense qu'on s'est embrassé mais j'ai oublié"

-Last Friday Night, Katy Perry

Point de vue d'Aria

Shawn.

Il ne pouvait pas mieux tomber.

Le garçon s'avance vers moi. Les muscles de ses bras sont tendus, après la bagarre qui a eu lieu. Son tee shirt noir est taché de de sang, du mien, du sien et de celui de l'oiseau. Ses cheveux bruns sont en bataille.

Sa silhouette se découpe dans la pénombre. Il tient toujours un de ses couteaux à la main.

Il faut reconnaitre que dans le brouillard qui commence à tomber, il est extrêmement impressionnant. Mais je n'ai pas peur.

Je n'ai pas peur de Shawn.

Le devrais-je ?

Il vient encore de faire quelque chose pour me sauver. Je lui suis redevable. Sans lui je serai sûrement chez Louis ou chez un des autres Grands, à me faire torturer à l'heure qu'il est.

Pourtant, je suis en boule, sur les pavés froids de... je ne connais même pas le nom de la ville d'ailleurs. J'ai tellement été prise par mon travail chez Huguette et mon entretien d'embauche que je ne me suis même pas renseignée sur l'endroit où j'ai atterrie grâce au camion de Max.

J'ai l'impression d'avoir vécu toute une vie en quelques semaines.

Et là, je viens d'éviter de me faire tuer par un homme-oiseau, grâce à un type rencontré dans un bar qui lance des couteaux avec une précision effrayante.

Elle est pas belle la vie ?

Shawn s'avance doucement vers moi. Je le vois scruter mon corps comme pour vérifier que je n'ai pas de blessures trop graves. Je fixe ses prunelles brunes comme pour me rassurer. Il a le don de me rassurer d'un regard, c'est incroyable. Rien ne peut m'arriver tant qu'il est là.

Il ne lâche pas mon regard et il avance doucement, comme on essaierait d'approcher un animal blessé.

Il arrive vers moi sans jamais rompre notre contact visuel.

Quelque chose de mouillé coule sur ma joue. La goutte tombe sur mes lèvres. C'est salé. Une larme. Elles inondent mes joues. Je n'avais même pas remarqué que je pleurais. Et je tremble aussi. Je tremble beaucoup.

Mon sauveur s'accroupit et passe une main sur mon front.

« Tu es gelée ! »

Il me prend dans ses bras et me frotte pour me réchauffer.

Mais malgré son attention vers moi, plusieurs choses me tracassent dans son comportement. Je ne connais rien de l'homme qui me sert contre son torse actuellement.

Comment arrive-t-il à toujours être là pour m'aider quand j'en ai besoin ?
Où a-t-il apprit à se défendre comme ça ?
Pourquoi a-t-il disparu après m'avoir rencontré ?

Toutes ces questions m'assaillent et me font de plus en plus douter.

Après tout, dans le monde actuel, personne n'est ni tout noir, ni tout blanc. Il y a du gris, différentes nuances, différentes teintes.

Sous ses airs angéliques il a l'air de traîner une charge bien lourde.

Bien trop lourde pour une personne de son âge.

De notre âge.

Moi aussi je porte avec moi les poids de cette guerre et de ce don empoisonné qui m'a été donné.

HomelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant