Chapitre 23

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"Cette fois je suis prêt à partir
M'échapper de cette ville et suivre le soleil
Car je veux être à toi, ne veux-tu pas être mienne ?
Je ne veux pas me perdre dans l'obscurité de la nuit
Cette fois je suis prêt à partir
Peu importe où tu es es, c'est l'endroit où j'appartiens
Car je veux être libre et je veux être jeune
Je ne regarderai jamais en arrière, à présent je suis
prêt à partir"

-Ready To Run, One Direction


Point de vue d'Aria

Je voudrais tellement tout raconter à Huguette, mais je n'en ai jamais parlé à personne.

Personne depuis ce fameux jour.

Ou plutôt cette fameuse nuit.

Celle qui changera ma vie.

Celle qui bouleversera tout ce qui suivra. Celle qui fera voler en éclat tout le reste. Celle qui transformera le reste en un cauchemar constant.

La dernière fois que j'en ai parlé, Adam était là pour m'aider. Il a toujours été là. Toujours au bon moment, au bon endroit. Mais ce n'est pas ce qui est le plus incroyable chez lui.

Le truc, c'est qu'il comprend tout, alors que vous ne lui avez jamais rien dit. Il analyse tout, votre comportement, vos mots, ou plutôt vos silences, et il comprend. Il a tout deviné de cette nuit, alors que je ne lui en ai jamais parlé. Il le sait, il le ressent. Et ça, c'est un incroyable talent.

Il a toujours été mon meilleur ami.

Huguette me regarde, attendant patiemment que je me décide à parler.

Me confier a toujours été difficile pour moi, particulièrement en ce qui concerne ma famille, si l'on peu appeler ça comme ça.

Même pour Marina et Adèle, j'ai eu énormément de mal. Seul Adam sait tout depuis le premier jour. Mais c'est différent, on se connaît depuis notre entrée en maternelle. On ne s'est jamais lâché, même à cet âge ou les filles et les garçons ne s'amusent plus ensemble. Notre petite bande est tout le temps restée ensemble, mais il a toujours été mon préféré, sans aucune raison.

Mais cette fois, pour la première fois, il n'est pas là.

Il ne sera pas là pour me protéger de mes démons, je dois avancer seule. Il me manque. Il me manque énormément. Surtout qu'il a disparu de ma vie au moment où il m'a embrassé. Ce n'est pas la fin que j'espérais pour nous deux. Je suis perdue, je ne sais plus ce que je ressens pour lui.

J'ai aimé quand il m'a embrassé, ah ça oui, j'ai même répondu. Mais je ne sais pas, il se passe trop de choses dans ma vie, et tout ce que je veux, c'est qu'il soit près de moi pour m'aider à faire le tri.

C'est ce qu'il a toujours fait, me protéger.

Mais il n'est plus là pour le faire, maintenant.

J'avale ma salive. Huguette attend toujours, poliment. Je me racle la gorge et commence.

« Je ne me suis jamais très bien entendue avec mes parents. D'aussi loin que je me souvienne, ils étaient durs, blessants. » Me rendant compte de ce que je viens de dire, je marque une pause.

Parce que pour une fois, je dis ce que je pense à propos d'eux. D'habitude, je me cache, je botte en touche. Mais là, je dis simplement la vérité. Et ça fait du bien de pouvoir parler librement.

Huguette quant à elle, me regarde puis me fais un signe de la tête pour m'inviter à m'asseoir. Je prends le temps de regarder son attitude, son comportement. Je ne me confie pas au personne montrant de la pitié, je ne veux pas de ça. La vieille femme a cette petite lueur dans les yeux qui dit "je t'écoute". Elle est tendre mais n'a pas cette horrible pitié dans le regard, comme tous les autres.

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