Chapitre 45

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"Mais je suis un minable, je suis un type bizarre
Qu'est-ce que je fous ici ?
Je n'appartiens pas à ce monde"

Creep, Radiohead


Point de vue d'Aria

Tut tut tuuut

Mais qui est le débile qui s'escrime sur son klaxon dès le matin ? Voilà ma première phrase de la journée...

Un même bruit répété me réveille paraissant lointain depuis les abîmes de mon sommeil, mais qui remonte, petit à petit.

Tut tut tut tuuuut !

Mon dernier rêve de la nuit s'efface. A regret, je le sens s'envoler, devenant inatteignable, toujours plus flou. A l'intérieur de ce monde de la nuit et de l'inconscient qui s'efface, cet univers où tout est possible, j'étais une jeune étudiante, travaillant pendant l'été. Normale, ayant pour seuls soucis les examens de fin d'année et les problèmes des autres. « Mais pourquoi Brad ne sort-il pas avec Camille ? » serait mon seul problème de la journée.

Mais je ne connais pas de Brad ni de Camille, et mes soucis ne relèvent malheureusement pas des examens de fin d'année, mais plutôt d'une guerre gigantesque et de pouvoirs surnaturels.

Tut tut tuuuuut !

Ce monde dont j'ai rêvé pendant des années auquel je n'aurai jamais accès.

J'aimerais juste être à nouveau cette personne qui profite de la vie, tout en s'assurant un avenir sans avoir à se demander si demain elle sera encore en vie, si être une des enchanteresses les plus puissantes au monde suffira à rester debout, si son mental sera suffisamment dur pour ne pas sombrer dans la folie.

J'aimerais être juste cette petite étudiante qui travaille dans le café du coin, celui où tout le monde se connait, a ses habitudes où on parle de tout et de rien, où on est là juste pour passer un moment en compagnie de personnes qu'on apprécie...

Ne pas être toujours avec les mots pouvoirs, vampires, guerre et tout le champ lexical de la haine de ses semblables, de ceux qui nous ressemblent mais à qui on a décidé de mener une lutte contre notre espèce, une simple lutte d'égo lorsqu'on y réfléchit.

Pourquoi faisons-nous la guerre à nos semblables si ce n'est pour une question d'égo ?

Toute cette histoire est juste à l'origine de deux êtres de la même espèce aussi puissant l'un que l'autre devant se partager le pouvoir...  Mais lorsqu'on a trop d'égo, cela devient impossible. Jusqu'où est prête à aller l'espèce humaine pour amasser du pouvoir ? Jusqu'à tuer son propre frère ? Jusqu'à renier ses valeurs ? Jusqu'à tuer, encore et encore, inondant son cœur et le monde de sang ?

Alors on cherche à discréditer l'autre pour ne pas avoir seulement qu'une part du gâteau, mais la pâtisserie entière.

Quoi de mieux pour cela que de tuer l'autre ? Mais tuer un vampire est une tâche compliquée. On utilise donc ses alliés, pour rester dans l'ombre, sans trop se mouiller.

Mais plus le temps passe, plus on a d'alliés et tout le monde fini par choisir son camp.

C'est la guerre.

Tantôt froide et sournoise, tantôt ouverte et sanguinaire. Une guerre qui dure depuis des milliers d'années, dans le dos des humains. Une seule personne n'ayant pas accès au monde surnaturel s'en est rendue compte : Shawn.

Le bruit de son klaxon me ramène à la réalité. Je me lève précipitamment et ouvre la fenêtre de la chambre.

Une voiture noire est garée devant la maison, klaxonnant joyeusement sous ma fenêtre. Un garçon aux cheveux bruns en bataille, la tête passée à travers la fenêtre de la voiture, scrute la maison tout en klaxonnant.

Il lève la tête et nos yeux se rencontrent. Un sourire immense envahit ses lèvres, illuminant son visage. Il me fait un petit coucou et me hurle, sans arrêter de klaxonner :

« Mais, doucement ! Quelle lumière brille à cette fenêtre ? Tut tut tut !

C'est là l'Orient, et Juliette en est le soleil. Tut tut tut !

Lève‑toi, clair soleil, et tue la lune jalouse ! tuuuuut ! »

J'éclate de rire. Il n'y a rien de romantique à cette fameuse scène du balcon de notre bon vieux Shakespeare. Shawn, hurlant son texte tout en klaxonnant, une jeune fille en pyjama avec des cheveux ébouriffés....

Tout sauf romantique, et pourtant si parfait.

«Que les oiseaux chanteraient, croyant qu'il ne fait plus nuit...tut tut tut !

Comme elle appuie sa joue sur sa main! Que ne suis‑je tut !

Le gant de cette main, pour pouvoir toucher cette joue ! tuuuuuuuuut ! »

J'en pleure presque de rire. Soudain, la porte de la maison s'ouvre en grand et je vois un Louis déchainé débouler dans la cour en hurlant.

« Mais c'est pas fini ce boucan ! T'es venu jusqu'ici pour nous réveiller, mais t'es con ou quoi ?! »

Je commence à craindre pour la vie de Shawn. Ce dernier, planté devant l'un des deux Grands Originels, le fixe droit dans les yeux, un sourire malicieux plaqué sur le visage. Les yeux de Tomlinson lancent des éclairs. Shawn ne fera pas le poids, un lutin contre le diable.

Shawn se racle la gorge et dit doucement, le fixant :

« Oh, parle encore, ange lumineux, car tu es

Aussi resplendissante, au‑dessus de moi dans la nuit,

Que l'aile d'un messager du Paradis. »

Il passe sa main sur la joue de Louis, qui trop perturbé, ne fait rien.

Puis d'un coup, il hôte la main de l'humain et s'en va à la vitesse vampirique dans la maison, claquant la porte de rage.

Shawn lève les yeux vers ma fenêtre et me lance un petit clin d'œil, avant de rentrer dans sa voiture.

Prenant une douche rapide, mes pensées divaguant sous l'eau chaude, je repense à lui. Je ne pensais pas m'attacher autant à Mendes, mais des fois, en le regardant, comme toute à l'heure, je sais ce qui nous a conduit là.

Je descends rapidement. Trouvant Liam dans la cuisine avec Niall, je leur adresse tous les deux un petit signe rapide de la main. J'apprends en quelques mots de leur part que Marina essaye d'apprendre à chasser avec Harry, et qu'Adèle visite la forêt avec Zayn.

J'aime savoir que tout le monde passe un bon moment, ou du moins est en vie.

« Les garçons ? Ça vous dérange si je... » is-je  en faisant un petit signe vers la porte d'entrée

« Fonce ma belle ! Dit Liam en me poussant gentiment

-Mais pas de bêtises hein ? » Me lance narquoisement Niall

Je lève les yeux au ciel et pars, sous leurs rires.

Un sourire bête plaqué sur le visage, je m'avance vers la voiture. Il en sort et je plonge dans ses bras.

« Oh Roméo, dis-je, pourquoi es-tu Roméo ? »

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 18, 2017 ⏰

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