Homeless

Chapitre 16

"Ça m'est égal de passer mon temps tous les jours
Au coin de ta rue dehors sous la pluie qui tombe à verse
Je cherche la fille au sourire fané
Je lui demande si elle veut rester un petit peu
Et elle sera aimée
Elle sera aimée"

-She Will Be Loved, Maroon 5

Point de vue d'Ariana

Je suis libre.

Mon dieu, je ne pensais pas que cela me ferait si plaisir. Le vent caresse mes cheveux sombres. Il me fouette le visage, pendant que je cours dans la forêt. Les arbres semblent me protéger de tout. Rien ne peut m'arriver ici. Les feuilles bougent en rythme avec le vent de la liberté. La nuit grignote peu à peu la lumière, mais je n'ai pas peur. Je ne peux pas avoir peur, après ce qui vient de m'arriver.

Mais une douleur lancinante se charge de me rappeler que je ne suis pas encore libre. Je ralentis et soulève les lambeaux de mon tee-shirt. Une plaie béante coupe mon ventre en deux, grand ravin rouge sur fond blanc. Si mes pouvoirs ont arrêté le sang, ils ne peuvent pas guérir la plaie.

Soudain, je vois un éclat briller dans mon ventre. J'effleure lentement avec mon doigt. C'est un bout de la lame du couteau de Louis. C'est seulement un petit éclat, mais dès que je le touche, j'étouffe un hurlement. La douleur irradie dans mon corps. Et merde...

Il n'y a qu'un seul moyen pour me sortir de cette situation. Je souffle et jette ma tête en arrière.

Les arbres me dominent en agitant leurs branches. Bon, à trois.

Et un...

Je place mon doigt au-dessus du morceau.

Et deux...

Je le saisis.

Et trois !

Je le tire de mon corps, d'un grand coup sec.

Je hurle et me mords la lèvre. Les larmes me montent aux yeux. Ma voix flanche et mon cri se finit en un petit couinement. Je me mets à genoux sous les assauts de la douleur. Je regarde la terre à mes pieds, ça me calme. Je ne sais pas combien de temps je reste assise là, observant la forêt.

Quand je sors enfin de ma rêverie, la nuit est complètement tombée. Le silence règne tout autour de moi.

Je me relève en serrant les dents. Ma plaie me fait toujours mal ; mais j'ai assez perdu de temps. Si je veux sortir de cette forêt sans tomber sur Louis au passage, il faut que je cours.

Je fonce entre les fougères, slalome entre les arbres vieux de je ne sais combien de temps. Peut-être qu'ils ont vu Napoléon, ou Jeanne d'Arc ? Peut-être qu'ils ont assisté aux entrainements des garçons ? Ont-ils vu les secrets que cachent Louis et son passé ?

Je frissonne en pensant à Louis.

Des images me reviennent en tête. Louis qui me sourit en m'amenant un verre pour mon anniversaire. Louis qui me charrie parce qu'il dit que j'ai trop bu. Ses yeux bleus qui pétillent sous les lumières. Puis Louis qui me juge trop faible, qui me défi à l'entrainement. Ses yeux rouges sang quand il a tenté de me tuer en roulant par terre. Et enfin celui qui joue au tir avec des couteaux, avec moi comme cible.

Yeux bleus, yeux rouges.

Puis, je vois Louis qui s'approche de moi, un couteau à la main. Le dernier couteau. Mais il le lâche, et me sourit. Soudain, l'image devient floue et Louis devient Liam. Liam me sourit et s'approche de moi. Soudain il parle, en me fixant avec ses yeux marrons :

« Ariana ? Ariana tu m'entends ? »

Oui je t'entends, Liam...

« Ariana ? Attention à la branche ! »