Chapitre 3.

8.7K 514 46
                                    

8 Septembre 2015

  Étant en terminale scientifique, le cours de maths revient de façon assez récurrente tout au long de la semaine. Trois fois, pour être précis. Dont deux heures d'affilées le vendredi après-midi, juste après manger. Ce qui fait que je verrai Adam quatre heures par semaine et que très probablement, il continuera à éviter mon regard durant ces quatre heures. Et même chaque fois qu'on se croisera dans les couloirs du lycée.

Je ne peux que le comprendre, je suis son élève. Mais j'ai besoin de savoir ce qu'il ressent. C'est égoïste, mais je veux voir si cette situation ne détruit que moi. Je l'aime et je ne veux pas qu'il souffre comme moi, mais ça me ferait encore plus mal de voir du bonheur dans ses yeux sombres, bien que j'ai rarement réussi à lire quoique ce soit dans ces billes noires d'encre.

Il fait comme s'il ne me connaissait pas, tout simplement. Mais un jour ou l'autre, on aura une discussion, il le faut. Et il doit le savoir aussi bien que moi pour m'éviter.

  Ça fait déjà une longue et interminable semaine que je passe à pleurer chaque soir en entendant la voix de Adam dans son répondeur. J'ai beau être en colère contre lui, je l'aime toujours et son ignorance me fait mal.

- Ana ?

Je tourne la tête vers Stefan.

- C'est qui ce mec que tu dessines ?

Mes yeux rivés sur mon cahier, je me rend compte, qu'une fois de plus, je venais d'esquisser les traits de son profil. Je m'applique, comme la semaine passée, à gommer les traces de crayon.

- C'est personne.

- Je vois.

Il retourne à son travail pour prendre en note le cours de la prof d'histoire de l'art pendant que je tente de faire de même. La semaine passée, je n'ai eu de cesse de penser à lui, mais j'ai aussi appris à connaitre mon voisin de table. On s'envoie souvent des messages où il me parle de lui, de ses cours, de sa vie d'avant, et de ses nouveaux amis. Je fais de même en omettant d'aborder le sujet qui fâche.

- C'est lui qui te rend triste ?

Je fronce les sourcils et l'interroge du regard.

- Le mec que tu dessines.

Je penche la tête sur le côté, ne voyant pas comment il pourrait saisir quoique ce soit.

- C'est souvent à table, ou à la pause que tu as le regard dans le vide. Parfois même, tu as les larmes aux yeux. Je ne comprends d'ailleurs pas comment tes amis font pour ne pas s'en apercevoir, même quand tu leur dit que c'est parce que tu es fatiguée. En plus, ce mec sur ton cahier, j'ai l'impression que c'est le même que la semaine dernière, et là, tu as encore ce regard triste.

Comment est-ce possible ? Je le connais à peine ! Comment ? Il ne peut pas se rendre compte de tout ça seulement en une petite semaine ! Et puis, je ne le vois qu'à la cafétéria le midi, pendant nos trajets en bus et quelques fois pendant les pauses. Il ne me connait pas, comment peut-il tout comprendre d'un seul coup d'œil ? Comme il l'a si bien dit, mes amis ne s'en sont même pas aperçu. Comment lui, le pourrait-il ?

A-t-il aussi reconnu Adam sur ma feuille ? Reconnait-il le prof de maths ? A ce que je sache, il ne l'a pas en cours, mais il l'a forcément déjà croisé dans le lycée. Sait-il que je l'aime ? S'est-il rendu compte que je ne regarde que lui quand il est dans les parages ? Il faut que j'arrête. Que je me calme et que je cesse de penser à lui. Si un inconnu s'est rendu compte d'autant de chose en une semaine, qu'est-ce qu'il comprendra le mois prochain !

Il faut que je me reprenne. Adam et moi, c'est terminé, ça ne peut en être autrement. Maintenant, il faut que j'aille de l'avant. Je n'ai plus le choix.

Attirance incontrôlableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant