Chapitre 7 : Le Prince de Meld

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Les cavaliers ne prirent qu'une poignée d'heures pour atteindre la capitale du Monde de la Terre. La montagne qu'ils avaient aperçue en était la gardienne. En effet, Meld avait davantage été bâtie dans l'optique d'être une forteresse impénétrable, plutôt que comme un lieu d'élégance et de distinction. Laïsa et ses compagnons allaient vite s'en rendre compte.

Plus ils se rapprochaient de cette montagne, et plus ils remarquaient les échafaudages en bois au pied du mont. Il y en avait une douzaine, qui formaient un arc de cercle tout autour du flanc ouest de la montagne. Ces échafaudages – ils l'apprirent plus tard – étaient en réalité les moyens uniques d'accéder à la ville. Aucun n'avait été placé à l'extrémité est du mont, car on craignait trop les invasions maritimes, malgré la réputation de Meld d'être imprenable. Le soleil était à son sommet quand ils purent admirer d'eux-mêmes le mécanisme rudimentaire qui leur permettrait de se glisser sous la montagne. Les armatures étaient grandes : elles étaient composées d'un entrelacs de bois, de fer et de fils, le tout soutenant de grandes cages boisées, qui montaient et descendaient au gré des gardes postés à chacune de ces plate-formes. Ceux-ci n'opposèrent aucune résistance quant à l'entrée des voyageurs dans la ville-mère du Royaume de la Terre. Laïsa et ses acolytes de route ne représentaient guère de menace à leurs yeux, et, si menace il y avait, elle serait vite maîtrisée à l'intérieur de la ville.

Ewan lança un œil peu rassuré vers l'engin artisanal, et prit la main de Laïsa en la serrant fort :

- Tu es sûre que cette machine fonctionne vraiment ? Dis-moi qu'elle ne va pas tomber dans le vide, et qu'on ne va pas finir écrasés ? »

La jeune femme éclata de rire, et répondit à son ami en le rassurant :

- Je pense que tu peux avoir toute confiance en ce tas de ferraille et de bois, n'aie pas peur. »

Zeph en profita pour s'avancer vers l'ascenseur et passer le premier. Juste avant d'y entrer, il ébouriffa les cheveux du petit garçon et s'agenouilla devant lui :

- Je placerai ma vie entre les planches de cet engin. Je t'assure qu'il ne t'arrivera rien, petit. »

Il termina son encouragement d'un clin d'oeil en direction du garçon. Soudain déterminé, Ewan bomba le torse, en signe d'acquiescement. Leur hésitation envolée, les compagnons se placèrent donc tous dans une des cages en bois qui les ferait descendre dans le cœur de la montagne. Ils ne virent que la lumière qui quittait leur champ de vision, puis de la pierre, noire et rougeâtre, à perte de vue. Un long couloir mal éclairé s'ouvrit soudain à eux. L'engin manuel heurta le sol, avec une secousse qui les surprit. Laïsa fut la première à sortir, prête à suivre le corridor débouchant sur la ville. Le groupe longea les parois brunes et solides pendant quelques minutes.

Et, enfin, elle apparut. Si Meld n'était pas une belle ville, elle n'en était pas moins impressionnante. Elle était le symbole de la quintessence des mages de Fadiata.

En effet, le cœur de la montagne avait été creusé de telle manière qu'une immense cavité se présentait devant les voyageurs. La grotte formée par les mages pour abriter leur capitale s'étalait sur dix fois la taille de la montagne, si ce n'était plus. Quant à la hauteur, certains assuraient que le plus grand des dragons aurait pu tenir dans cette excavation. Un tel prodige laissait Laïsa bouche bée, et elle fut satisfaite de voir qu'elle n'était pas la seule à être émerveillée. Elle qui n'avait vu que son village de toute son existence, elle avait l'impression de découvrir un nouveau monde.

La ville fourmillait à leurs pieds, et tous n'attendaient plus maintenant que d'explorer cette cité, inconnue pour la plupart. Les habitations de Meld étaient toutes en pierre rouge, très foncée et rustique, qui donnait un aspect ensanglanté à la ville. Certains habitants avaient essayé de faire pousser des arbustes ou de cultiver un jardin, mais les rares végétaux étaient soit calcinés, soit tout aussi secs que le reste de la capitale. Le plus impressionnant était les énormes colonnes en pierre rouge, qui soutenaient le plafond de l'excavation. Il y en avait une bonne douzaine, toutes placées à des points stratégiques de la ville. Leur diamètre était si monstrueux et leur élévation si spectaculaire qu'elles rendaient la ville encore plus imposante aux yeux des voyageurs.

La Légende du DranixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant