Sans chevaux ni grandes provisions pour le trajet, les compagnons de route étaient affaiblis, lents, et en terrain dégagé, ce qui n'était pas à leur avantage. La partie est du Monde de la Terre n'était qu'une vaste plaine, où seule l'herbe et quelques végétaux arrivaient à survivre au vent et à l'air marins, dus à la proximité avec la côte et l'Océan Impérial. Aucun bosquet où se cacher ; aucun arbre pour allumer un grand feu et se réchauffer. Au lieu de cela, Laïsa et ses acolytes étaient forcés de continuer à marcher, le ventre presque vide et la bouche sèche, cernés par la fatigue et la peur d'être rattrapés par les hommes d'Yline.
La montagne qui les surplombait à leur arrivée à Meld était maintenant derrière eux, et rien ne laissait présager aux voyageurs de passage que la ville et le Royaume tout entier avaient été forcés de changer d'allégeance. Même les habitants qui avaient élus domicile sur cette terre hostile n'avaient pas eu vent de cette nouvelle, et les voyageurs préféraient rester discrets sur l'avenir du Monde de la Terre. Ils s'arrêtèrent souvent dans ces quelques hameaux, prêts à échanger le peu d'argent qu'ils avaient sur eux afin d'avoir de quoi se nourrir durant les douloureux jours à venir.
Mais, tel un mauvais sort qui se serait abattu sur l'équipée, les fermiers étaient bien pauvres, et leur terre était peu fertile. Aussi, rien ne poussait, à l'exception de quelques choux et d'autres légumes chétifs et rabougris. Sur les conseils de Kert, Laïsa ne se contenta que de ces choux malingres, la détresse de ces gens étant bien assez flagrante pour justifier qu'on leur laissât le fruit de leur dur labeur. Ils n'avaient pas trouvé de chevaux et n'avaient, de toute manière, pas assez de piécettes pour s'en payer un. Le voyage reprit donc, de la même manière qu'il avait commencé : dans la peur et l'infortune.
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Le premier soir de leur fuite, le camp avait été monté de manière sommaire. Ils avaient eu la chance de tomber sur un court d'eau aux abords duquel des rochers plus ou moins imposants s'étaient formés avec l'aide du temps. Les amis n'avaient pas perdu une minute pour s'installer. Sébastian s'était occupé de pêcher de petits poissons à faire griller au-dessus de leur feu de fortune, tandis qu'Ewan s'entraînait sous le regard concentré de Grag, trop affaibli pour être un professeur satisfaisant, et sous la surveillance de Hielle, qui ne quittait plus son jeune maître. Il ne cessait de faire tomber son arme en bois, et finit par la lancer pour amuser la chienne. Avide de solitude, Jilian avait rassemblé du bois, passant de longues heures à chercher des brindilles afin alimenter leur feu.
Laïsa, quant à elle, essayait de récolter de petites herbes pouvant soulager la blessure de Félicien, qui peinait à rester longtemps debout. L'entaille profonde était toujours visible sur son mollet, et malgré le garrot hâtif pratiqué par Laïsa, il fallait maintenant des soins plus concrets pour que l'homme puisse retrouver un usage total de sa jambe. Laïsa n'avait jamais été très douée pour trouver les herbes adéquates, mais elle fut aidée pour cette tâche par Kert, qui se révéla être d'une aide précieuse. L'homme avoua à Laïsa que sa défunte femme était une guérisseuse, s'aidant de plantes pour guérir les malades les plus miséreux de Sumélie et des alentours. Une fois les plantées cueillies, le membre du Conseil de Sumélie se servit de deux roches, l'une plate, l'autre longue, qui feraient office de mortier et de pilon de fortune.
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La Légende du Dranix
FantasyLaïsa, jeune villageoise sans histoire, se retrouve embarquée dans une quête en apparence impossible. Elle doit retrouver les joyaux des Quatre Mondes, et débarrasser son village de la terrible menace qui plane sur lui chaque siècle : le Dranix. Ma...