Chapitre 4 : Le départ

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Le rendez-vous avait été donné à la sortie nord du village, qui donnait sur la route principale menant à Meld. Par des pas lents et mesurés, Laïsa arriva vers ses nouveaux compagnons de route. Elle reconnut au loin son père, ainsi que quelques conseillers, dont Davannel. Se rembrunissant à leur vue, Laïsa essaya de ralentir encore sa marche, mais elle s'avançait inexorablement vers eux, et vers sa perte assurée. La jeune femme remuait encore ses actions dans sa tête, mais rien n'y faisait : elle se devait d'essayer. Elle devait libérer son village de cette satanée malédiction.

Arrivée à hauteur des autres habitants, Laïsa ne les salua tous que d'un simple hochement de tête. Elle vit, avec stupeur, qu'Ewan était présent, mais elle tâcha de se rassurer : il n'était là que pour lui souhaiter bonne chance.

Ce fut Adren qui prit la parole :

- Nous n'attendions que toi, Laïsa. Ma chérie, laisse-moi te présenter tes futurs acolytes de voyage. »

Laïsa essaya de garder une expression neutre, mais, au fond d'elle-même, elle aurait préféré réaliser cette quête seule. Elle seule avait décidé, alors elle ne voulait pas que quelqu'un risque sa vie pour une décision stupide de sa part.

Son père glissa vers un premier homme, petit et frêle, habillé d'une grande cape bordeaux qui n'allait pas lui faciliter le voyage. La jeune femme ne put réprimer son envie de lever les yeux au ciel, surtout quand le chef de Sumélie lui présenta ce premier « acolyte de voyage » :

- Tout d'abord, le Conseil a estimé nécessaire d'envoyer l'un des siens avec toi. Sieur Kert est un homme avisé, sage, et endurant, malgré sa faible constitution. Il te sera très utile, j'ai pleine confiance en lui. »

Laïsa avait toujours aveuglement fait confiance aux décisions de son père. Même si elle n'acceptait pas celle-ci, elle ne put s'empêcher de s'avancer et de serrer la main de Kert, qui lui rendit un sourire sincère. Laïsa n'aimait pas que le Conseil lui colle un espion aux basques, mais, finalement, de ce qu'elle connaissait de Sieur Kert, il était sans doute celui qu'elle estimait le plus. Il faudrait sans doute le ménager, mais sa sagesse pourrait lui être bénéfique.

Adren s'avança alors vers un autre individu, que Laïsa n'avait jamais vu auparavant. Il était assez grand, le teint mat dû aux journées passées dehors à traverser de long en large le Royaume de la Terre. Le gaillard avait une petite dague attachée à son ceinturon, et son accoutrement semblait propre, mais éculé. On voyait aux différentes pièces cousues à la va-vite que ses vêtements avaient fait leur temps, et qu'ils étaient plus qu'usés. Mais l'homme avait lui un visage qui n'était pas marqué par les années. Il devait avoir une quarantaine d'années, mais il avait cet éclat dans les yeux qui le rajeunissait tout de suite. Laïsa le trouva sympathique, sans trop pouvoir expliquer pourquoi.

- Je te présente Félicien. Quand j'ai fait courir la rumeur de cette quête, il a répondu instinctivement à mon appel. Tu as besoin d'un homme qui sache maîtriser une arme, Laïsa. Un homme qui a déjà connu des combats. Félicien sera celui qu'il te faut. »

La jeune femme étudia encore un peu son nouveau soldat, avant de s'avancer pour le saluer, comme elle l'avait fait pour Sieur Kert. Félicien anticipa son mouvement, et se mouva vers elle, prenant sa main droite, et y déposant un baise-main :

- Ma dame, cette épopée suicidaire ne sera que plus agréable à vos côtés. »

Laïsa s'empourpra tout à coup, puis sourit à son nouveau compagnon. A côté du sérieux de Kert, Félicien allait faire un formidable comparse. Ce fut au tour d'une femme d'être présentée. Elle avait l'âge de Laïsa, peut-être un peu plus âgée, et avait les cheveux bruns, d'un noir trop foncé, qui étaient ramenés en queue haute. Son visage n'était pas gracieux, et il n'inspirait pas la confiance. Elle avait de petits yeux verts vicieux, une bouche trop rouge, et un teint trop pâle. De toute évidence, elle contrastait avec les deux premiers individus présentés. Et Laïsa savait de suite que le voyage ne pourrait pas bien se passer, en compagnie d'elle. Elle laissa vaguement son regard s'attarder sur la nouvelle venue. Mais Laïsa sentit, étrangement, que quelqu'un d'autre fixait cette femme. Tournant légèrement la tête, elle fut surprise de constater que Félicien lui lançait également un regard noir. Satisfaite de voir que l'antipathie qu'elle ressentait à l'égard de la nouvelle était partagée, Laïsa se retourna pour que son père puisse continuer les présentations :

La Légende du DranixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant