La Légende du Dranix

Chapitre 10 : La prise de Meld, Deuxième Partie

La Prise de Meld ~ Vue par Laïsa

Laïsa et Grag courraient à en perdre haleine, à travers les couloirs souterrains du château de Meld. Le prince héritier n'avait pas perdu une minute, et avait saisi la main tremblante de la Sumélienne pour la diriger vers une sortie sûre. Après une bonne dizaine de minutes de course effrénée, ils débouchèrent sur un terrain, semblable aux jardins de la demeure royale.

Aucun n'eut le temps de souffler, car toute leur attention fut alors focalisée sur les éclairs qui claquaient dans l'air de la grotte, provoquant un enchaînement de lumière et d'obscurité déstabilisant. Les détonations étaient assourdissantes, si bien qu'elles couvraient presque le bruit, plus lointain, du métal qui s'entrechoquait et des trompes qui continuaient à sonner pour annoncer que le malheur s'abattait sur la capitale. Le sang de Laïsa se glaça d'effroi, tandis qu'elle réalisait ce qui se passait : des hommes se battaient, à l'extérieur des murs de l'immense demeure. Elle se rendit compte qu'elle tremblait, et qu'elle fermait nerveusement les yeux à chaque cri d'agonie que lançaient les soldats mourants.

Grag avait raison : Yline était là.

Le jeune homme porta immédiatement la main au fourreau de son épée, et son regard impénétrable se porta sur Laïsa :

- La caserne se trouve au fond des jardins. » En prononçant ses mots, il pointa une partie du château située à leur droite, cachée par des plantes à l'aspect calciné. Sans même laisser le temps à Laïsa de protester ou de répliquer quoique ce soit, il continua son flot d'explications : « C'est là-bas que vous trouverez Ewan. Vous devez impérativement sortir de la ville. Sébastian vous y conduira.

- Sébastian ? Mais attendez, qu'allez-vous... que... Vous ne venez pas avec nous ? » bafouilla Laïsa. En réalité, elle ne voulait pas entendre la réponse de son interlocuteur. Elle la connaissait déjà, et elle ne lui plaisait pas. Grag garda son masque de froideur, qui, décidément, tranchait avec la bonne humeur dont il avait fait preuve avant leur arrivée à la capitale. On pouvait reconnaître en lui le prince, l'héritier. Celui qui mettait les besoins de son peuple avant les siens. Celui qui savait donner des ordres, même dans les moments les plus délicats. La seule réaction qu'obtient Laïsa fut le regard soutenu du jeune homme. Un nouvel éclair les sortit de leur inactivité, et Grag commença à courir en direction de l'ouest, des cris et des mages.

Laïsa le regarda partir, puis fut surprise par un éclair qui frappa l'une des petites tours de la demeure royale. Par chance, aucune pierre ne se détacha, mais la jeune femme comprit qu'elle devait se dépêcher avant qu'il ne lui arrive quelque chose. Elle poussa ses jambes à sprinter vers l'emplacement de la caserne. Sa course fut ralentie par le poids de la pierre, qu'elle avait mis dans une sacoche que Grag lui avait prêté, mais elle parvint tout de même à l'atteindre. Une fois à l'intérieur du bâtiment, elle reprit son souffle, puis se stoppa : peut-être que des soldats d'Yline avaient dores et déjà réussi à entrer dans le bâtiment. Son souffle se saccada, et elle fut prise de panique à l'idée de voir une silhouette s'approcher d'elle dans la pénombre.

Laïsa réfléchit quelques instants, puis s'empara de la première arme qu'elle aperçut dans la pièce : elle était dans une caserne, après tout. L'objet qu'elle avait saisi était une petite épée, que Laïsa aurait jugé faite pour un enfant si son pommeau n'avait pas été aussi grand, et la lame aussi tranchante. Cela ferait parfaitement l'affaire si la jeune femme se trouvait confrontée à un ennemi, car l'arme n'était pas très lourde et facilement maniable. La Sumélienne tremblait encore, cependant : jamais elle n'avait tenu une arme de sa vie, et elle trouvait étrange d'y être aujourd'hui poussée.