Chapitre 9 : La prise de Meld, Première Partie

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La Prise de Meld ~ Vue par Yline.

Tout était trop simple. C'était l'unique pensée qui revenait dans l'esprit d'Yline, alors qu'elle se tenait dans l'un des ascenseurs branlants. Les hommes qu'elle avait ralliés, de gré ou de force, à sa cause, avaient pris place dans les longs corridors rocheux. Selon toute vraisemblance, certains étaient dores et déjà en train d'encercler la capitale souterraine du Monde de la Terre.

L'attaque avait été préparée avec minutie, mais la prêtresse du Dieu ne s'était assurément pas attendue à autant de facilité. Son sombre visage s'éclaircit alors d'un sourire : les souverains des Quatre Mondes se reposaient tellement sur leur utopique entente diplomatique qu'ils ne craignaient plus personne. Ou, du moins, pensaient-ils que personne ne pourrait les atteindre à présent. Les faire tomber serait d'autant plus facile.

Yline marchait maintenant à travers les couloirs débouchant sur la capitale, ses soldats s'écartant sur son passage, plus par automatisme que par pure solennité. Plus la femme s'approchait de la fin du tunnel, et plus le son des trompes se fit entendre : les meldiens avaient tout de même le mérite d'être de bons sentinelles. Cela la rassurait, la bataille n'allait pas être aussi lassante que le laissait présager l'inertie de Korbhe face à la chute de Fadiata.

Meld se montra alors aux yeux de la prêtresse à la peau ébène, la cité étant étrangement calme au vu de la tempête qui se préparait. Les mages s'étaient positionnés en arc de cercle sur le flanc ouest de la ville, et attendaient les ordres d'Yline pour user de leur magie sur ce qui était la demeure de leur ancien maître. Désormais, leur allégeance allait pour Yline.

A côté des mages se tenaient les quelques centaines de mercenaires qu'Yline avait enrôlés. Ils représentaient la force physique de la prêtresse, cette force brutale qui se distinguait tant de la puissance majestueuse de la magie. Quand Yline eut traversé les rangées formées par ses hommes, et qu'elle se trouva assez près de ce qui allait être le futur champ de bataille, même le son des trompes semblait s'être arrêté, pour attendre ce qui allait se produire. La prêtresse n'eut qu'à lever une main, pour que les mercenaires empoignent férocement leurs épées, sabres, dagues, haches et autre jouets dangereux ; et pour que les mages plongent leurs mains dans les bourses qui se trouvaient attachées à leur ceinture, pleines de pierres, petites, rondes et aux reflets bruns.

Ces petites pierres pouvaient paraître inoffensives à des personnes profanes, n'ayant jamais vu de mage en action. Mais pour ceux qui savaient s'en servir, ou qui avaient appris à le faire, alors ces cailloux insignifiants devenaient des armes encore plus redoutables que la plus tranchante des épées. Les habitants de Meld allaient en subir les funestes conséquences, aujourd'hui.

Chaque pierre magique était différente, et renfermait un pouvoir spécifique. Celles que possédaient les mages sous la coupe d'Yline étaient des pierres de terre, donc des pierres pouvant modifier les caractéristiques de la pierre, de la terre, des arbres, des végétaux... Avec un mage assez puissant pour la maîtriser sous tous ses aspects, une pierre pouvait être la fin de tout un village. Voir d'une ville entière. Ou avait le pouvoir de soigner une ville entière. L'effet d'une pierre dépendait de la volonté de son maître. Mais la prêtresse n'était pas à Meld pour la paix, loin de là.

Yline savait qu'elle avait la capacité de détruire Meld. Tout simplement parce que les mages du Royaume de la Terre ne seraient pas là pour la contrer : c'est elle qui les utilisait, désormais. Cependant, son but n'était pas de détruire la capitale, mais de se l'approprier.

D'un même mouvement, les mages levèrent tous la main, celle contenant la pierre magique, et des éclairs marron fusèrent de toutes parts dans l'immense grotte abritant la capitale. Certains atteignirent des habitations, d'autres les énormes colonnes qui soutenaient le plafond de la caverne ; parfois, ils touchaient le château lui-même. L'édifice tremblait, et cela procurait à Yline une satisfaction toute particulière. Sa joie était visible : elle en était terrifiante. Ses mercenaires, quant à eux, prirent d'assaut la ville à pied, assénant des coups de lame aux personnes qui se mettraient en travers de leur route. De toute manière, ils n'étaient capable d'aucune émotion : ils étaient des mercenaires, et leur seule morale était celle de l'argent.

La Légende du DranixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant