-Dis, tu crois qu'il va revenir ?
-Qui ça ?
-Viktor Astier.
Édouard et Marius travaillaient dans leur bureau, un livre d'histoire ouvert devant eux. Mais Marius était facilement distrait et Édouard avait la tête ailleurs. Il repassait sa conversation avec Jeanne dans tous les sens, cherchant une faille qui pourrait permettre à Jeanne d'être tirée de ce plan.
-Oui, j'imagine, répondit-il, en se tournant vers Marius. Tu es au courant pour le mariage arrangé ?
-Oui, depuis seulement un mois, je l'ai su par Jeanne.
-Et tu approuves ?
Marius réfléchit, mâchonnant son crayon de bois, que son professeur ne tarda pas à enlever de sa bouche. C'était une fâcheuse habitude que Marius avait en classe.
-Pas du tout, reprit finalement Marius, parce que ça rend ma sœur triste.
Il était sincère, mais il exprimait une nonchalance qu'Édouard ne pouvait lui reprocher. Il n'avait que quatorze ans et il n'était pas concerné par cette affaire.
-Bon, reprenons si on veut faire bonne figure devant ce prétendant,soupira-t-il, en reprenant le livre. Donc, Napoléon I, récite moi les dates importantes.
Édouard mettait depuis quelque temps la mémoire du jeune homme à l'épreuve,pour lui apprendre à retenir les choses importantes que de classes en classes, on devait réciter plusieurs fois, comme les dates historiques. Marius mit cinq minutes pour annoncer toutes les dates de la vie du grand général et Édouard soupira.
-Ce n'est pas bien ? s'inquiéta son élève.
-Si, seulement j'ai peur de ce que ton père va penser.
En effet, Richard lui avait dit qu'il ferait le bilan des progrès de Marius le lendemain, c'est à dire lundi. Édouard était content des efforts de l'adolescent mais il connaissait M Lavalière et savait que cela ne serait pas suffisant.
Agacé,il se leva.
-Je te propose d'aller faire un tour, il fait beau dehors.
-Oh merci Édouard !
Marius se dépêcha de ranger ses affaires et les deux hommes descendirent les marches. Il n'y avait pas grand monde dans la maison, à part Ida qui commençait à préparer le déjeuné.
-Bah, vous n'êtes pas censé travailler vous deux ?
-On va prendre un peu l'air, éluda Édouard. On est dimanche aujourd'hui, et Marius commence à avoir la pression à cause du bilan de son père demain.
Et lui aussi, mais il n'osa pas le dire.
-Je comprends, profitez bien alors.
Les deux garçons la remercièrent puis sortirent par la porte d'entrée.Dehors, il faisait chaud, tout le monde portait un chapeau ou une ombrelle, en particulier pour les femmes.
-Je ne sais pas si on va tenir longtemps, souffla Édouard, tandis qu'ils traversaient la rue des Acacias.
-Le mois d'août est toujours le plus chaud à Paris, mais aussi le plus joyeux, répliqua Marius.
Il n'avait pas tort, car malgré tout le centre de Paris grouillait d'animation. Pas de soldats allemands ni français, seuls des familles, des hommes d'affaires, des adolescents qui profitaient de ce beau dimanche. En passant devant un énième immeuble, Marius fit un petit signe de la main à une jeune fille de son âge, blonde aux yeux verts, un petit ange habillé en bleu. Elle rendit le signe à Marius, lui adressant un sourire chaleureux.
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Les mots d'Édouard
Fiksi SejarahDepuis la mort de son père, c'est son fils Édouard qui doit reprendre la ferme familiale. Mais le jeune homme n'a qu'une envie : fuir ses souvenirs d'enfance pour gagner la grande ville et devenir écrivain reconnu. C'est finalement en ayant dépassé...