Le lendemain, Édouard se réveilla tard dans la matinée, le soleil passant déjà par les rideaux blancs. Il n'avait jamais dormi aussi longtemps, dans un lit sentant aussi bon la lessive et la lavande,sous une couverture qui le protégeait, sa tête reposant sur un oreiller bien rembourré. S'asseyant sur le matelas, il se frotta les yeux et observa la pièce dans laquelle il se trouvait. Il n'en revenait pas d'avoir passé du statut de pauvre au statut d'employé bien payé en un jour seulement. Cela aurait pu être encore un de ses rêves et pourtant cela demeurait être la réalité.
Conscient d'être en retard d'au moins une heure, Édouard se leva, enfila en vitesse ses vêtements de la veille et se débarbouilla le visage avant de descendre. Dans la salle à mangé, il n'y avait plus personne, seulement Ida qui nettoyait la table.
- Tu es en retard ! l'avertit-t-elle, en lui tirant une chaise pour qu'il s'installe.
- Tout le monde est déjà levé ?
- Tout le monde sauf Jeanne. Le mercredi et le dimanche sont les seuls jours où elle peut dormir la pauvre chérie. Ses parents la font lever tôt pour qu'elle prenne des cours de tenue.
- De tenue ? s'étonna Édouard.
- Bah oui, les jeunes filles comme elle prennent des cours pour l'adresse, la bonne tenue à table, la culture générale... une initiative de son père depuis qu'elle a quinze ans.
- Elle aime ça ?
- Cela dépend des jours, mais la plupart du temps je l'entends claquer la porte de sa chambre.
Ida n'en dit pas plus, Jeanne faisant son apparition en robe de chambre.« Elle n'aura pas fait la grasse matinée ! » pensa Édouard.
- Alors Ida, on parle sur mon dos ? persifla-t-elle gentiment en s'asseyant à sa place.
- Non ma petite, je ne me serais pas permise voyons !
- N'empêche que tu as raison en ce qui me concerne, je ne t'en veux donc pas, assura Jeanne en fixant un plat de brioches avec envie.
La servante sourit, connaissant bien la petite fille qu'avait été Jeanne pour savoir son péché mignon pour ces pains dorés qu'elle déposait dans une assiette.
- Allez, mangez mademoiselle !
Sitôt qu'elle eut servit son déjeuner, la belle Jeanne prit le pain avec gourmandise mais aussi avec une certain prestance qu'Édouard ne pouvait qu'admirer.
- Certains plaisirs ne sont pas interdits vous savez, commença Jeanne en se tournant vers lui pour la première fois.
- Pourquoi me dites-vous cela ?
- Parce que votre assiette est toujours pleine et que votre expression me laisse à penser que vous n'avez pas encore eu la chance d'en manger. Soyez sans crainte, ces brioches sont un délice depuis que j'ai cinq ans !
Esquissant un sourire, Édouard prit une brioche avec curiosité, la porta à sa bouche et mordit dans le pain moelleux. C'était aussi délicieux que le poulet, mais totalement différent au niveau de la saveur,celle ci plus sucrée, plus douce.
- Alors ? s'enquit Jeanne.
- La meilleure choses que j'ai mangé dans mon existence, répondit-il.
La demoiselle rigola, se levant après avoir fini son assiette.
- Je dois y aller, à tout à l'heure j'espère !
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Les mots d'Édouard
Ficção HistóricaDepuis la mort de son père, c'est son fils Édouard qui doit reprendre la ferme familiale. Mais le jeune homme n'a qu'une envie : fuir ses souvenirs d'enfance pour gagner la grande ville et devenir écrivain reconnu. C'est finalement en ayant dépassé...