Pourquoi ?

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  La police put intervenir très  rapidement. À proximité de la maison des Lavalière, les hommes en uniformes ne tardèrent pas à entrer dans la demeure pour interrompre Viktor dans sa violence, lui arrachant Jeanne de force et l'emmenant directement dans le salon pour faire un interrogatoire immédiat, fermant les portes pour qu'il n'ait pas l'idée de fuir.

Il se passa deux bonnes heures, longues et pénibles pour Jeanne qui attendait dans sa chambre qu'on vienne la chercher. Un médecin était passé pour soigner son poignet qui effectivement était cassé, mais il n'avait pas voulu lui dire quoi que ce soit.

« Et si Viktor mentait pour atténuer la vérité ? s'inquiétait-elle, le visage entre ses mains. Il est tellement manipulateur qu'il arriverait à rendre crédule la police et mes parents, il continuerait à me faire vivre un enfer... »

Mademoiselle ?

La voix de l'inspecteur tira la jeune fille de ses idées noires.

- Je sais que l'attente a été longue, continua-t-il, tandis qu'elle se levait pour aller à sa rencontre. Malheureusement, votre fiancé est coriace, nous ne savons s'il nous dit toute la vérité.

- Mais il vous a bien dit quelque chose n'est-ce pas ?

- Il a avoué avoir préparé un attentat au restaurant La note de musique et vous avoir forcé à être sa complice. Mais vous nous aviez fourni bien d'autre informations tout à l'heure, il n'a pas daigné répondre au reste.

- J'imagine donc que je dois l'affronter, devina Jeanne.

L'inspecteur hocha la tête, la prenant par le coude pour l'amener au salon.

- Il ne peut rien vous arriver, lui assura-t-il avant de s'asseoir en face de Viktor. Monsieur, vous dites donc avoir tout révélé ?

- Oui, et je ne pense pas devoir en dire plus.

- Nous, pensons que si, répliqua le policier, en se tournant vers Jeanne. Je vous laisse parler chère demoiselle.

La jeune femme garda les yeux baissés, ayant du mal à regarder Viktor bien en face, sentant son regard gris et furieux sur elle. Mais elle savait qu'elle devait passer par là pour ne plus devoir le supporter dans sa vie.

- Je voudrais... que tu expliques ce que tu as fais à Édouard, finit-elle par annoncer d'une voix timide.

Viktor ricana.

- Il n'y a rien à dire ! C'est un juif, je l'ai vu et je l'ai mis à la Gestapo c'est tout !

- Non, tu l'as fais par jalousie aussi, tu le sais. Mais ce n'est pas sur cela que je veux revenir, je veux savoir comment tu as convaincu Édouard de te suivre dans ce lieu où ne passe pas la lumière.

- Il n'a pas eu à discuter mes ordres, il m'a obéit !

- Je ne te crois pas, il ne se laisserait jamais faire contre un intolérant comme toi.

Jeanne était moins énervée que son interlocuteur, elle était trop envieuse de savoir ce qui s'était vraiment passé pour s'emporter au risque d'irriter Viktor et l'inspecteur, qui commençait à s'impatienter.

- Viktor, vous ne pouvez pas ignorer les réponses de Mlle Lavalière. Si vous refusez de parler, nous ne pouvons qu'interroger vos collègues.

- Ils me soutiendraient.

- Je n'en suis pas sûr cher monsieur. Je pense que n'importe qui pourrait désirer prendre votre place à la Kommandantur, et il me semble qu'un homme de votre esprit puisse deviner sans peine par quel moyen il serait possible de le faire.

Les mots d'ÉdouardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant