Les rideaux de la fenêtre n'avaient pas étaient fermés dans la chambre,et le soleil ne tarda pas à se lever en inondant la pièce de sa lumière vive. Ébloui, Édouard cligna des yeux plusieurs fois,l'esprit tout embrouillé par les événements de la veille. Il pensait être submergé par le chagrin, mais celui-ci ne se manifesta, restant tapit dans un coin de sa tête, ce dont il profitait un peu sans en oublier ce qui s'était passé. « Ne pas penser, c'est la seule chose à faire », se disait-il.
En soupirant, il s'assit sur le matelas, massant ses tempes sur lesquels avaient coulés ses larmes. En ayant les yeux bien ouverts, il fut surprit de voir Jeanne, endormie sur la chaise de son bureau, son visage reposant dans son coude appuyé contre le dossier de la chaise. Il se souvenait s'être endormi contre son épaule, mais il ne pensait pas qu'elle resterait, préférant dormir dans sa propre chambre.
« A-t-elle veillé toute la nuit ? », s'interrogea Édouard.
Il ne se posa la question trop longtemps, se levant prudemment pour ne pas faire de bruit et se diriger vers le bureau. Il s'agenouilla devant la jeune fille et passa sa main sur son épaule, ses doigts effleurant ses mèches brunes.
-Jeanne ? chuchota-t-il d'une voix tendre.
Elle ouvrit lentement les yeux, découvrant Édouard devant elle. Le dévisageant, elle cherchait toutes traces de faiblesse ou de tristesse sur son visage, ne trouvant rien.
-Tu vas bien ? l'interrogea-t-elle pour être sûre.
-Oui, ça va. En revanche, il aurait été mieux pour toi que tu dormes dans un lit.
-Je ne voulais pas retourner dans ma chambre.
-Pourquoi ?
Mais à peine Jeanne réfléchissait à une réponse qu'il la trouva sans effort. Dans l'état où il était hier, elle voulait certainement veiller sur lui, avec une motivation qu'il ignorait. Étrangement, le fait qu'elle soit restée ne lui déplaisait pas, au contraire il se sentait rassuré, ce qui n'était pas le cas avant. Mais timide comme il était, il ne put l'avouer à Jeanne, s'excusant plutôt.
-Jeanne, à propos de ce qui s'est passé hier... enfin je voudrais m'excuser. Ce n'était pas forcément à toi d'entendre tout ça.
-Aurais-tu préféré que ce soit quelqu'un d'autre ?
-Non, pas du tout ! Ce n'est pas ce que je voulais dire, se récria-t-il. En t'exposant à ma peine et à mon secret cette nuit,j'avais l'impression de te mettre un poids de plus sur les épaules.Tu dois déjà gérer Viktor, et maintenant tu as un secret dangereux à garder. Si jamais Viktor ou même ton père devinait que tu savais ma religion d'origine, il le ferait payer à Marius qui est au courant depuis le début, et à toi. Je ne veux pas te faire subir ça.
Jeanne médita ses paroles, sans pour autant montrer qu'elle était d'accord avec ce qu'il venait de lui annoncer.
-Tu sais, finit-elle par dire d'une voix basse, je crois que ni Viktor ni mon père ne seront très intéressés par notre relation aujourd'hui. Mon cher et fidèle prétendant vient manger ce midi avec nous pour parler de la dote. Et vu que mon père est très riche, Viktor ne va pas se gêner pour demander une fortune.
Elle soupira, croisant ses mains.
-Désolé, je ne savais pas, s'excusa Édouard
-On en a parlé à table hier, avant que je vienne te voir.
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Les mots d'Édouard
Historical FictionDepuis la mort de son père, c'est son fils Édouard qui doit reprendre la ferme familiale. Mais le jeune homme n'a qu'une envie : fuir ses souvenirs d'enfance pour gagner la grande ville et devenir écrivain reconnu. C'est finalement en ayant dépassé...