Marius se dépêchait pour rejoindre son père tandis qu'Édouard restait en retrait.
- Vous rentrez plus tôt que d'habitude père ! remarqua Marius, arrivé à la hauteur de son paternel.
- Je dois faire des comptes avec ta mère, répondit-il, sur un ton qui ne laissait traduire aucune émotion. Tu sais si elle est là ?
- Dans votre chambre je crois.
Le père de Marius allait entrer dans la maison mais son fils le retint par la manche.
- Père, il faut que je vous présente quelqu'un, (il jeta un coup d'oeil derrière lui avant de poursuivre). C'est un homme qui m'a tiré d'une affaire.
- Une affaire ?
- Un camarade du collège voulait me voler de l'argent et quand il en est venu au main, Édouard est intervenu.
- Édouard ?
- C'est son nom oui.
M Lavalière regarda autour de lui.
- Et bien, qu'il vienne !
Il était désormais curieux. Son fils n'avait jamais invité qui que ce soit chez eux, surtout pas un inconnu. Il avait toujours dit qu'il n'arrivait pas à s'entendre avec les gens parce qu'il était fils de bonne famille.
Édouard qui hésitait encore finit par sortir de sa cachette. Dès qu'il aperçut le père de Marius, il sut d'avance qu'il ne faisait pas le poids face à un homme pareil. Il était certes plus petit et plus bedonnant qu'Édouard, l'allure générale ne trompait pas. L'homme d'affaire était bien habillé, d'un complet gris foncé venant certainement d'une boutique réputée. Sa chemise blanche était bien repassée et ses chaussures, noires et bien cirées, devait être lavées au moins tous les jours.
Et rien qu'à son visage, on voyait qu'il était un homme de caractère.La forme en était rectangulaire et régulière, ses cheveux noirs raides, coiffés en une raie sur le côté. Ses sourcils fins mettaient en valeur ses yeux, noirs, comme ceux de son fils, mais plus scrutateurs. Son nez était parfaitement droit, ses joues bien pleines et il adressait à Édouard de sa bouche pincée un rictus narquois. « Mon fils n'a pas choisi le plus riche, »,songeait-il, en détaillant du regard ce jeune homme au visage un peu cabossé et au pantalon troué.
Malgré ses préjugés, il prit la parole d'une voix courtoise.
- Alors comme ça, vous avez sauvé mon fils ?
Édouard rougit, parlant d'une voix timide.
- Sauver est un mot quelque peu trop flatteur, je dirais plutôt que je suis arrivé au bon moment.
- Vous êtes trop modeste ! se récria Marius. Il s'est battu pour écarter mon agresseur, c'est pour ça qu'il a le pantalon abîmé, ajouta-t-il, en jetant un regard prévenant à son père.
- Soit, ma foi vous vous exprimez bien jeune homme, j'avoue avoir jugé trop vite votre personne. Mais entrez, je vous en prie !
Le comportement changeant de M Lavalière surprit Édouard. « Pourquoi avoir renoncé à ses jugements réalistes ? s'interrogeait-il.
- Je ne voudrais surtout pas déranger...
- Du tout ! Mon fils serait revenu comme un malheureux sans vous, permettez moi au moins de vous remercier comme il se doit.
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Les mots d'Édouard
Ficção HistóricaDepuis la mort de son père, c'est son fils Édouard qui doit reprendre la ferme familiale. Mais le jeune homme n'a qu'une envie : fuir ses souvenirs d'enfance pour gagner la grande ville et devenir écrivain reconnu. C'est finalement en ayant dépassé...