Cela faisait maintenant une semaine qu'Édouard résidait chez les Lavalière. Tous semblaient être habitués à sa présence. Marius ne se plaignait pas d'avoir un professeur qui d'après lui, était le meilleur du monde, Ida le chouchoutait comme un petit garçon, Mme Lavalière aimait ce jeune homme poli et chaleureux, tandis que Jeanne appréciait Édouard d'une manière presque amicale, pour les rares fois où on la voyait dans la maison. Seul Richard était plus froid envers lui, voulant certainement lui montrer qui était le patron et qui gérait les choses.
Aussi,Édouard pouvait se consacrer à sa passion : l'écriture. Il avait commencé à rédiger des pages sur sa vie à Paris, sur tout ce qu'il avait vu et sur ce qu'il aimerait voir. Il écrivait sur sa vie chez les Lavalière, en décrivant chaque membre de la famille de façon précise sans être péjoratif. Il réfléchissait à un scénario, à quelque chose qui pourrait rendre son récit captivant,des péripéties qui ferait vivre une vie incroyable au narrateur qu'il avait choisi d'appeler Eugène, Eugène comme le nom d'origine du célèbre poète Paul Éluard, écrivant l'amour et la résistance avec tant de passion qu'on pouvait la ressentir rien qu'en lisant ses poèmes.
C'était la première fois qu'il avait autant d'inspiration, et il était heureux plus que jamais.
Un jour, alors qu'Édouard rédigeait une lettre pour son frère et sa sœur, il entendit la sonnette de l'entrée retentir. Il n'avait pas l'habitude de l'entendre, les Lavalière l'utilisaient rarement sauf quand Jeanne avait oublié de prendre ses clés quand elle allait faire un tour en ville. Sauf que Jeanne était là, dans sa chambre en train de faire les cents pas avec un livre sur la tête pour travailler son allure.
Curieux,Édouard sortit de sa chambre et traversa le couloir. Il ne savait pas qui était là, mais apparemment c'était quelqu'un d'important car Mme Lavalière passa devant lui sans lui adresser un mot, Ida à sa suite. En bas, on pouvait percevoir les voix de Richard Lavalière et d'un inconnu.
- Mon cher Viktor, c'est un plaisir de vous recevoir ici, déclara Richard, d'un ton très courtois. Asseyez-vous je vous en prie.
Viktor,ce nom n'était pas totalement inconnu aux oreilles d'Édouard.Richard avait déjà énoncé plusieurs fois un certain Viktor Astier, le fils d'un collègue haut placé dans le travail de Richard. Et en y réfléchissant bien, Édouard conclut que s'était un allemand.
- Merci Richard, répondit l'invité. J'espère que vous comprenez bien mon français.
- Il est très clair, assura M Lavalière, avant de lancer : Ida, pourriez-vous monter à l'étage pour aller chercher Jeanne, Marius et M Leroy s'il vous plaît ?
- Bien sûr monsieur, répondit-elle, avant de remonter les escaliers quatre à quatre.
Elle surprit Édouard adossé à la rampe, elle le gronda gentiment.
- Ce n'est pas bien d'écouter les conversations mon garçon !
- Ida, qui est-ce ? rétorqua-t-il, bien décidé à savoir ce qu'un allemand venait faire ici.
Ida hésitait.
- Je ne suis pas sûre, mais je crois qu'il s'agit du prétendant.
- Du prétendant ?
Édouard ne put rien ajouter car Richard rappela Ida, impatient. Elle demanda donc à Édouard, Marius et Jeanne de la suivre. Alors qu'ils descendaient les escaliers, Édouard chuchota :
- Marius, tu sais qui s'est toi ?
- Je sais que c'est pour ma sœur, répondit-il, en jetant un coup d'oeil à Jeanne qui marchait en silence.
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Les mots d'Édouard
Ficção HistóricaDepuis la mort de son père, c'est son fils Édouard qui doit reprendre la ferme familiale. Mais le jeune homme n'a qu'une envie : fuir ses souvenirs d'enfance pour gagner la grande ville et devenir écrivain reconnu. C'est finalement en ayant dépassé...