Chapitre 5 ou ceux qui ne sont pas mes amis

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Chapitre 5 :

   Le lendemain matin quand une servante entra et me réveilla je lui demandais de partir, je voulais rester dans mon lit et récupérer ma douce ignorance. Elle repartit sans un mot mais laissa mon chocolat sur le plateau beige habituel, sur la console en bois de rose finement ouvragée aux pieds de mon lit.
Les souvenirs de la nuit affluèrent sans que je puisse les retenir. Je fixais la tasse dans laquelle se trouvait le poison que mon propre père m'administrait et je revis une seconde fois toute ma soirée, incrédulité, horreur, dégoût...
Je retirais d'un grand geste mes couvertures de fourrure et de velours pour me précipiter face à la tasse. Je la pris brusquement, prête à la lancer contre la fenêtre mais un sursaut de conscience retint mon geste. Je devais être discrète. Sinon les risques qu'avaient prit Conydail et Nry pour me mettre au courant seraient ruinés. Je versais le contenu de la tasse dans le pot de l'arbuste qui perdait déjà quelques feuilles, je devais trouver autre chose avant que pauvre végétal n'y perdent toute ses feuilles.
Je me vêtis pour jardiner puis je montais l'escalier rapidement, Conydail était déjà là.
- Conydail, bonjour. Si cela est possible.
- Appelez moi Cody c'est comme ça qu'on m'appelle. On m'a raconté votre triste épopée. Georges était apprécié par toute la rébellion et Sophie était un rayon de soleil dans ce monde obscur.
   Je restai silencieuse un moment, souffrant encore de ces images, souffrant pour cette si jeune enfant.
- Quand verrez vous Nry aujourd'hui ?
- Je vais pas le voir. Je dois donner un message à l'un de ses coursiers qui le donnera à Casa. Après ça, elle seule peut le joindre dans la journée.
- Pourquoi ? C'est étrange. N'a-t-il pas confiance en ses hommes ?
- Hélas, il le peut pas. Nry est bien plus qu'un homme. C'est un symbole. Sa survie prime car sans lui nous n'aurions pas le courage d'agir. Nous nous doutons qu'il y a des espions parmi nous aussi et de cette manière, Nry nous protège un peu de la torture. En faisait savoir que personne ne connaît son visage il est sûre que personne ne se fera torturer pour cette information.
- Mais cette Casa doit le connaître, l'encourageais je à continuer.
- Casa est une femme maligne la Casa. Elle est toujours entourée de deux gardes du corps. Et malgré toute sa vivacité la moindre torture la tuerait. Elle est beaucoup trop vieille.
- Dites lui alors que j'accepte de la voir dès ce soir si elle est toujours d'accord.
- Bien. Je vais chercher du fumier pour revitaliser votre rosier.
   Il descendit de la tour. Il croisa en chemin le Dr Prescott. Zut c'était le jour de mon médicament. Je m'assis sur une chaise et me pinça les joues pour faire croire que j'en avais trop fais. Alors que physiquement je me sentais mieux que jamais.
- Jocelyne, comment allez vous ? Demanda le médecin en apparaissant par l'escalier. Ne restez pas dehors, une fièvre par semaine suffit, plaisanta-t-il.
   Il demanda à voir mon avant bras. Il sortit de sa sacoche l'élastique pour faire un garrot et la seringue pleine d'antidote au poison qu'il m'infligeait lui même.
- Docteur pourquoi n'est ce pas vous qui avait soigné ma fièvre ?
- J'étais à l'hôpital de la ville à aider aux accouchements. Votre père a alors dû demander à l'un des médecins de l'infirmerie du palais de s'occuper de vous.
- Puis je descendre le remercier ?
- En aurez vous la force ?
- Je me coucherais tôt ce soir. Et l'heure qui suis mon traitement est celle où je me sens le mieux de la semaine.
- Ma foi, pourquoi pas. Puis je vous accompagnais ?
- Je ne voudrais pas empiéter sur votre précieux temps, je peux demander mon chemin.
- Je dois descendre soigner un prisonnier alors je vous accompagne un bout de chemin en espérant que quelqu'un pourra finir avec vous.
   Nous descendîmes ensemble, nous partîmes vers le centre du palais. Je marchais le plus lentement possible pour faire perdurer les signes externes de ma maladie finit mai aussi parce que je sentais que cette lenteur agaçait l'homme qui m'accompagnait.
   Hier encore j'aurais trouvé magnifique toute la beauté et la grâce de cette partie du palais où je venais rarement. Aujourd'hui je comprenais que cela n'existait qu'au détriment de milliers d'autre.
   Nous croisâmes Théo et Nathanael, un autre chevalier, non loin de l'infirmerie.
Le chevalier Nathaniel m'adressa un léger sourire, ce n'était pas un favori de mon père alors je le voyais assez peu mais son regard sombre semblait s'émouvoir à mon arrivée.
- Joyce ! Fit mon ami surprit. Que fais tu ici ?
- Elle vient de prendre son médicament, elle pense avoir assez de force pour remercier le médecin qui s'est occupé de sa fièvre. Et vous ?
- On vient voir Paël Tynan, il paraît qu'il a une histoire amusante à raconter.
   Comment ce rustre pouvait il avoir quelque chose d'amusant à raconter ?!
- Puis je vous laissez Son Altesse, Sire ?
- Biensur. Nath va prévenir Paël qu'Une Altesse condescend à venir le voir.
   Le chevalier partit dans un sens, le docteur Prescott dans l'autre après une dernière courbette.
- Qu'est il arrivé au Sir Tynan ? Demandais je en suivant la direction prise par le chevalier Nathanael.
- Je ne sais pas encore mais d'après Will c'est amusant.
- Walter ?
- Oui il est allé le voir ce matin pour savoir pourquoi un si grand chevalier est à l'infirmerie. Il doit y être encore.
   Nous arrivâmes dans l'infirmerie. Une infirmière alla chercher mon médecin. Après quelques remerciements brefs et un beau sourire je le laissais à ses occupations.
- Tu tenais à voir ce médecin et pourtant tu viens de l'envoyer paître, remarqua Théo.
- Maintenant je suis beaucoup plus curieuse de l'histoire du Sir Tynan.
   Nous entrâmes dans sa chambre, l'alité avait un bandage sur toute la partie gauche du visage. Nathanael et Walter étaient à côté de lui. Le premier était assit bien droit comme le militaire qu'il était. Le second était négligemment adossé à la fenêtre de la petite chambre blanche, le regard diriger vers le fenêtre avant notre arrivée.
- Nous sommes surprit de te voir Joyce, fit Walter lentement.
Alors que je regardai sire Tynan je vis du coin de l'œil Walter faire les gros yeux à Théo.
- C'est un honneur Votre Altesse de vous voir à mon chevet.
   Je ne pouvais rien dire. Je fixais l'homme en réunissant toute la volonté dont j'étais capable pour ne pas le confondre et pour réussir à cacher mon dégoût. Je voulus prendre l'épée de Théo et l'enfoncer dans le corps du meurtrier de Sophie. Je serrais les poings et tremblais.
- Ne tombe pas, fit Walter avec mépris. Si tu ne supporte pas de descendre. Ne descend pas.
   Outre le sens premier de ses propos je décidais plutôt d'en retenir l'essentiel : ne flanche pas.
- Une petite absence, souris je en la balayant d'un geste. Sir Tynan, Théo me dit que vous avez une histoire amusante pour expliquer votre blessure. Racontez la moi, ordonnais je avec toute la candeur dont j'étais capable à ce moment là.
   Tynan devint blanc, en tout cas, sa moitié de visage visible devient blanche.
- Je... Euh...
   Il lança un regard de secours à Walter, celui ci fronça les sourcils avant de prendre la parole.
- Paël était en galante compagnie quand le mari est entré, le mari à frappé Paël avec le tisonnier qui était dans la cheminée.
   Walter improvisait un mensonge avec un petit air supérieur comme si je ne possédais pas l'intelligence requise pour connaître la vérité.
Alors que je la connaissais, s'était moi qui l'avait blessé.
- Oui. Oui, approuva Tynan en soupirant de soulagement.
   Je retins un regard désabusé vers le ciel, il n'aurait pas sut quoi dire pour me cacher la vérité.
- L'homme et la femme ont ils eut des ennuis ?
- L'homme est en prison pour un mois. Continua Walter avec un sourire fière de son histoire. Il n'aurait pas dû frapper un chevalier mais sa peine est réduit car il venait de découvrir l'un des amants de sa femme pour elle c'est un mois aussi car elle a mentit à Paël en se disant veuve et son mensonge a fait commettre un acte d'adultère à l'un des preux chevaliers du roi.
   Le ridicule de cette explication m'irrita.
- Je ne trouve rien d'amusant dans cette histoire. Je m'épuise. Je rentre Théo, me raccompagnes tu ?
   Théo ne devait pas être comme Tynan.
- Je te raccompagne, proposa Walter. Théo et Nath sont venu pour les détails les plus concupiscents et intéressants. Je les connais déjà.
Le chevalier Nathanael s'était tenu silencieux pendant ce temps, était il lui aussi amusé par la véritable histoire ?
   J'acceptais de mauvaise grâce la proposition de Walter.
Nous marchâmes rapidement, il me raconta sa soirée de la veille, une fête chez le duc Du Malsart à laquelle il avait passé une bonne partie de la soirée à jouer au carte, il avait eut une chance de toute les diables me confia-t-il. Je ne savais que penser. Walter, que je connaissais depuis ma naissance faisait partit de ceux qui me cachait la vérité, ne venait il pas de couvrir cette crapule de Tynan ? Avait il lui aussi tuer des fillettes et leurs pères ? Avait il tenter de violer une femme car la violence et le meurtre l'excitait ? Tout d'un coup Walter me paru plus monstrueux et mystérieux que d'habitude. Et Théo ? Et Jaden ? À qui pouvais je me fier dans cet endroit où l'on passait son temps à me mentir.
Quand nous fûmes au pied de la tour sud je regardais en haut et y vit Cody. Je souris. À ce vieil homme résistant je pouvais me fier. Nry ne devait pas être blanc comme neige, je n'avais pas la sottise de le croire mais lui seul voulait me montrer la vérité pour l'instant.
- C'est suffisant Walter. Je n'ai plus que cet escalier avant d'être dans mon jardin.
- Bien à la prochaine, je t'apprendrais à jouer au carte si tu veux. Tu n'as pas été doué pour cacher l'ennuie que tu éprouvais face au détail de ma soirée. Et tu devrais te forcer à écouter, tu as acquiescé quand je t'ai informe qu'une armée de sorcière avait envahie la demeure de Malsart.
- Oh ! Rougis je d'embarras.
   Avec un clin d'œil il partit vers le centre du palais pour rejoindre ses amis et parler en rigolant du double meurtre d'hier. Je grinçais les dents et montais l'escalier en courant. Cela faisait un bien fou de courir !
   Cody recouvrait la terre autour du rosier de fumier, l'odeur était horrible. Je me penchais vers lui pour l'aider.
- Le message est envoyé. Ce soir même heure.
- Merci. J'étais à l'infirmerie et j'ai vu Sir Tynan.
   Je lui racontais le mensonge de Walter.
- Engeance du diable, marmonna mon vieil ami avec fureur.
- Que savez vous de Walter ? Et Théo et Jaden ?
   Cody s'assit sur une chaise, je m'assis en face de lui.
- Je sais que Walter De Langley et Théophile Eastwood sont au courant de ce qui se passe, ça c'est sure. Langley n'est pas un combattant, il n'a jamais rien fait contre nous mais jamais rien pour nous non plus, il y a certains noble pour tenter de raisonner le roi. Nry nous conseille d'ignorer Langley tant qu'il ne ferra rien contre nous. Je pense que si Langley participait pour débusquer nos repaires nous aurions de gros problèmes. C'est peut être l'un des hommes les plus dangereux du palais, son père aussi, mais heureusement il vit en se fichant des conflits. Contrairement à vous il n'a pas la carte de celui à qui ont cache les vérités. Eastwood l'aîné participe aux combats, c'est l'un des meilleurs combattants mais pas l'un des plus futés. Pour le plus jeune je sais pas. Vous êtes la seule dans le palais à être maintenu loin des conflits. Mais le petit n'a encore rien fait.
- Il est devenu aprenti-chevalier.
- Alors sa corruption ne saurait tarder.
Je me crispais, pas Jaden.
- Je lui demanderais de renoncer à devenir chevalier, c'est mon meilleur ami il m'écoutera.
- Ne vous dévoilez pas, gardez en tête votre sécurité.
   J'étais tout de même atterrée de découvrir que Théo participait activement aux horreurs que j'avais vu hier, que Walter ne les empêchaient pas et que mon père les orchestraient.

EN RÉÉCRITURE tome 1 : Nry le rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant