Ce réveil fut le plus difficile de ma vie. Ma tête était lourde, tout comme le reste de mes membres. Comme si j'avais fait un effort au-delà de mes limites. La chambre d'hôtel était déserte et le soleil semblait déjà haut.
D'ailleurs, qu'est ce que je faisais là ? Je ne me souvenais ni du trajet, ni même de la fin du cours de Karasuma...
Je me relevai sur mon lit, non sans une certaine difficulté et essayai de toutes mes forces de me souvenir...
-Aurais-je... une perte de mémoire ?
C'était la toute première fois qu'un de mes souvenirs m'échappait. Je me souvenais de tout, jusqu'à ce fameux cours et tous ce que je percevais été cette sensation très désagréable et malaisante.
Je tendis difficilement la main et saisi mon sac qui était posé contre mon lit. J'en extirpai mon portable et regardai la date du jour. Nous étions le lendemain, j'avais donc toute une journée de blackout.
C'est là que Ritsu apparut sur mon écran.
-Hana ! Est-ce que tu vas bien ?
-J'ai connu mieux. Tu sais ce qu'il s'est passé ?
-D'après les élèves de la classe, tu es tombée dans les pommes après ton combat contre Nagisa.
J'avais affronté Nagisa ? Et j'avais... perdu ?
-D'ailleurs, Karma voulait que tu le rappelles dès ton réveil. Veux-tu que je compose son numéro ?
-Karma ?
-Oui il a appelé 5 fois au cours de la soirée d'hier et il m'a finalement demandé de te transmettre cette requête.
Après un moment d'hésitation, j'acceptais finalement de l'appeler. Après tout, ça restait très frustrant pour moi de vivre ce black out, je voulais donc retrouver mes souvenirs le plus vite possible. Et puis, je devais avouer que j'étais curieuse au sujet de cette demande.
Deux sonneries retentirent avant que quelqu'un ne décroche :
-Ouais ?
-C'est Hana, qu'est-ce qu'il s'est passé hier ? tranchai-je dans le vif du sujet.
-Hana ? Est-ce que tu vas bien ?
Il m'avait semblé reconnaître une pointe d'inquiétude, mais c'était sans doute le fruit de ma fatigue.
-Réponds à ma question, qu'est-ce qu'il s'est passé hier ?
-C'est pas toi qui est sensé avoir une mémoire infaillible ?
Au ton de sa voix, il était évident que cette tronche de tomate se fichait encore de moi. Alors que j'allais l'envoyer paître, je l'entendis soupirer et il reprit la parole :
-Dit moi juste que tu vas bien et je te dirais ce que je sais.
-Tu sais quoi ? Je ne sais même pas pourquoi j'espérais de la collaboration après ce que tu m'as fait.
-T'es consciente que t'es sur écoute là ?
-Et alors ? Qu'est-ce que ça peut foutre à la police de savoir que tu m'as éloigné de Maehara ?
Bien sure que j'étais consciente que notre conversation été enregistré, mais je suppose qu'il n'aura pas de mal à comprendre que je ne parlais pas de la veille.
-Pourquoi tu m'en veux pour ça ?
-Parce que c'est de ta faute si c'est arrivé, lâchai-je tandis qu'une pression se logeai dans ma poitrine
-Tu étais avec moi, tu aurais pu tous stopper mais tu n'as rien fait.
-Parce que je te faisais confiance, espèce d'abruti ! crachai-je avec rage.
Mon cœur ne cessait de battre tandis que Karma restait silencieux à l'autre bout du fil. Il était clair que la conversation ne tournait plus autour de la veille mais bien autour de ce qui c'était passé il y a 2 ans.
Ma fatigue combinée à cette conversation lourde de ressentiment me fit craquer, et en quelque seconde j'éclatai en sanglot.
Je regardai mon portable à travers mes larmes et décidai de raccrocher. C'en était définitivement trop pour moi.
***
Après un long moment et 6 appels rejetés de Karma, je pu enfin reprendre mon calme. Et alors que je m'apprêtais à me lever, la serrure de ma chambre se déverrouilla. Pensant que les deux gardiens étaient venus vérifier si la vie n'avait pas quitté mon corps, je lançais :
-Les mecs, c'est possible d'avoir un petit truc à grignoter là ?
Alors que je me penchais pour zyeuter l'entrée, je compris qu'il ne s'agissait pas d'eux mais d'une toute autre personne. Une personne qui m'était totalement sortie de l'esprit.
-Bonjour Mlle Nikushimi, dit-il en se postant à côté de mon lit.
-Bonjour docteur...
L'homme en face de moi, c'était le docteur Kimochi. Il était plutôt jeune (pour un docteur) et portait son éternel blouse blanche. C'était à lui que revenais la tâche de me faire mes injections et de faire passer mes tests quand j'étais encore incarcérée. C'est en échange de cette collaboration que j'avais pu m'entraîner dans la salle des gardiens, la nuit. Avec un peu de recul, j'avais tellement été enthousiaste à l'idée de retrouver ma liberté que j'avais fait abstraction de l'accord que nous avions passé.
-Hana, sais-tu ce qui t'as mise dans cet état ?
-Non, je n'arrive pas à me souvenir...
Kimochi marqua une pause en marmonnant quelque chose que je n'arrivais pas à comprendre, avant de relever la tête vers moi.
-Vois-tu, la prison ne nous a pas prévenus que tu prendrais part à cette mission. Malheureusement, l'arrêt des injections pourrait avoir de lourdes conséquences sur ta santé.
Mon cœur se serra à l'écoute des risques que je prenais. Je pris alors conscience que je les avais laissés m'injecter un produit dont je ne connaissais rien. Finalement, j'aurais sans doute du me méfier avant d'accepter une telle chose...
-Comment ça des risques ? Vous aviez dit qu'il n'y aurait aucun effet secondaire.
-J'ai dit qu'il n'y en aura pas à la prise. Par contre, le sevrage pourrait t'être fatal.
Il avait lâché ses derniers mots avec froideur, comme si il se fichait de jouer avec ma vie. Dans un élan de haine, je me relevai et l'attraper par le col de sa blouse.
-QU'EST-CE QUE VOUS M'AVEZ FAIT ??
-Si vous tenez à vivre, vous devez juste nous laisser faire vos injections. Si vous collaborez, ce qui c'est passé hier ne se reproduira plus, lança-il sans broncher.
Pour faire simple, j'étais piégée. Tous ce qu'il voulait c'était continuer ses tests, et cette fois, il n'avait nul besoin de se plier à mes demandes, puisqu'il avait ma vie dans le creux de sa main. J'étais une nouvelle fois tombée dans le jeu perfide d'une personne en qui j'avais confiance et une nouvelle fois, j'étais prise au piège.
Je relâchai finalement son col en soupirant et m'effondrai sur le lit. J'étais lessivée de devoir encaisser une nouvelle fois la confiance que je donnais au autre. En acceptant de me livrer à des expériences dont j'ignorais les motivations, je m'étais laissé guider par ma haine, sans tenir compte des conséquences. Et même si le constat était déjà une évidence dans mon esprit depuis 2 ans : je regrettais d'avoir fugué ce jour là, et surtout, je regrettais l'obstination que j'avais eu à payer ma première dette envers Karma.
Je relevai la tête et m'adressai à Kimochi, le regard las :
-Faites ce que vous voulez...
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Hatred Paradox -ASSASSINATION CLASSROOM -
Fanfiction"Alors que je pénétrais dans ce qui semblait être ma nouvelle salle de classe, un visage familier m'interpella : ces cheveux rouge vif... ces yeux dorés... cet air mélangeant arrogance et nonchalance.... En une fraction de seconde, la profonde haine...