Chapitre 20 : Rêve lucide

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Je ne faisais que très peu de rêve lucide, mais quand cela arrivait, j'étais toujours au même endroit : assise, sur cette plage de sable blanc, face à la mer.

J'admirai les vagues s'écraser sur le bord et écoutai le vent balayer le sable autour de moi. J'étais complètement détendue et en sécurité, seule sur cette plage abandonnée. Ma tête se vida alors que je prenais une grande inspiration, le sourire aux lèvres, et je décidai de me lever.

J'avançai doucement et essayai d'atteindre l'eau, en vint. J'accélérai jusqu'à me mettre à courir toujours avec cette impression de faire du sur-place, fixant une eau clair qui semblait m'attirer plus que tout, sans pour autant que je ne puisse l'atteindre.

-Tu n'y arrivera pas, s'éleva une voix derrière moi.

Je m'arrêtai dans ma course avant de me retourner pour faire face à mon interlocuteur, qui était une interlocutrice. Je reconnu immédiatement ces cheveux argentés et ce visage, identique au mien. Le souvenir de notre dernière rencontre remonta également : cette fille semblait vouloir ma peau.

-L'une de nous deux est de trop ici. Et tu es trop faible.

-Je ne comprend pas, qui es-tu ? Demandai-je en restant sur mes gardes.

-Je suis ce que tu renies. Ta peur la plus profonde. Je ne suis rien d'autre qu'un désir qui tu as terré car tu es trop faible. Mais un jour, tu as voulu t'approprier ma force pour sauvé sa vie, tu as alors perdu pied et je suis née pour prendre le relais.

-Tu es en train de me dire que... tu es moi ?

-Tout comme tu es moi Hana. Toute personne détient plusieurs facettes de sa personnalité. Dans la majorité des cas, celles-ci sont en cohésions, mais tu es spéciale.

-De la schizophrènie ?

-J'ai bien peur que ce soit un peu plus compliqué que ça ...

Elle s'avança et une lame apparut dans sa main. Alors qu'elle se rapprochait pas à pas vers moi, le vent balaya son image pour laisser place à celle de Karma, qui me fixait d'un regard glacial.

-Maintenant, tu vas m'obéir, car personne ne viendra te sauver ici.

Alors que je me résignais à fuir, je senti mes pieds s'enfoncer dans le sable, m'immobilisant, dos à mon ennemi.

-Laissez-moi partir, je n'ai rien fait ! criai-je à plein poumon.

Je fermais les yeux, essayant de me réveiller, mais rien n'y faisait. J'étais à la totale merci de cette fille, sans espoir de fuite. Je tournai la tête pour l'avoir dans mon champs de vision : elle était derrière moi, toujours sous les traits de Karma et leva le bras pour préparer son coup.

J'hurlai de toute mes forces et cette vison d'horreur s'envola pour laisser place au visage de Karma, au dessus de moi, me tenant par les épaules pour que je reste en place.

***

De longues minutes passèrent alors que j'étais blottie contre lui, reprenant mon souffle après cette terreur nocturne. Assis au bord du lit, Karma me maintenait contre lui d'une main, et me caressai les cheveux de l'autre en murmurant à mon oreille.

-Ça va aller Hana, je suis là. Tu es en sécurité...

Il répéta ces mots plusieurs fois et alors que ma respiration redevenait petit à petit tranquille, je levai la tête vers lui. Tout ce que je pouvais voir était la partie de son visage éclairée par la lune, déjà haute dans le ciel.

-Que s'est-il passé? Soufflai-je en reprenant mes esprits.

-Je t'ai entendu crier et quand je suis arrivé, tu étais en plein cauchemars.

Je soupirai et me blottie de plus belle contre lui, appréciant la douce chaleur qui émanait de son corps, me laissant bercer la frénétique mélodie des battements de son cœur.

-Qu'ai-je fais pour mériter d'être dans une merde pareil? ... soupirai-je pour moi-même.

Karma releva alors mon visage et planta son regard doré dans le mien.

-Hana, dis moi ce qu'il se passe.

Je le fixais sans répondre. Était-ce vraiment une bonne idée de lui parler de tout ça ? De la fille, de Kimochi, du traitement ? Que penserait-il s'il savait que j'avais été entraîné là dedans parce que ma haine m'avait aveuglé ? Peut-être me rirait-il au nez, ou resterai indifférent après avoir eu de moi ce qu'il voulait...

-Tu peux tous me dire Hana ... souffla-t-il en approchant son visage.

Je n'eus pas le temps de réagir que ses lèvres s'étaient posées sur les miennes, faisant disjoncter le peu de matière grise active à cette heure avancée de la nuit. Je ne pu m'empêcher de fermer les yeux et de répondre à cet appel au désir pur, alors qu'il glissait sa main derrière ma nuque pour approfondir le baiser.

Après de longues secondes, il mit fin à cet échange et me regarda dans les yeux, légèrement surpris. C'est à cet instant que mes joues flambèrent, prenant conscience de ce qui venait de se passer. Mon cœur s'était remis à battre la chamade, comme si je m'étais de nouveau réveillé. J'espérai au fond de moi que la pénombre cache l'embarras que j'éprouvai à ce moment.

Karma détacha son corps du mien et se leva.

-Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris ...

Il semblait tout aussi gêné que moi et sorti précipitamment de la pièce, me laissant dans l'incompréhension la plus totale.

J'effleurai mes lèvres alors que la chaleur de cet échange persistait sur ma peau et fixai la porte qu'il venait de refermer. Que venait-il de se passer ? Pourquoi m'avait-il embrassé ? Et pourquoi avais-je répondu à son baiser ?

Peut-être était-il prêt à tout pour savoir ce qu'il se passait ? Peut-être faisait-il régulièrement ce genre de chose pour obtenir ce qu'il voulait des filles ? Étant un éternel décomplexé, le fait qu'il prenne ainsi sur lui pour obtenir ce qu'il veut ne me surprendrai pas. Si tel était le cas, cela voudrait dire que j'étais tombée dans le panneau comme toutes ces filles avant moi...

Tout comme lui je n'étais finalement pas différente des autres filles de mon age, perdant la tête dès qu'un garçon m'approchait de trop près. Karma devais sûrement l'avoir compris et a voulu en jouer pour obtenir ce qu'il voulait. Enfin, peut être que ce n'était pas de la gêne que j'avais vue à ce moment là, mais juste de la frustration pour ne pas m'avoir faite parler.

Même si j'étais surement en train de me monter la tête et de compliquer les choses, il me fallait une explication, et celle du « Karma transformé en prince charmant » ne marchait pas. Même s'il était tombé amoureux, il n'était pas vraiment du genre à faire dans la dentelle et n'aurait pas essayé de me pourrir la vie.

Je me recroquevillai dans mon lit, essayant de calmer ma respiration, sans grand succès. Les sensations que les lèvres de Karma avaient provoqués tournaient dans mon esprit : un sentiment de bien être et de sécurité, se mélangeant à un profond désir de ne faire qu'un avec l'autre. Pourquoi je ressentais ça maintenant ? Je le haïssais ! Bien sure que je le haïssais ... enfin je crois ...

« Il est partie, il t'as abandonné. Tu vas croupir en prison par sa faute,  qu'est-ce qu'il te faut de plus ? » pensai-je pour moi-même.

Finalement, pourquoi avais-je été aussi affecté ? Parce que je tenais à lui. Et si ce que je haïssais vraiment était en moi ? Finalement la vrai raison de cette souffrance était peut être cet attachement, et non l'acte en lui-même.

Cela voudrait dire que je ne détestai pas Karma car il m'avait abandonné, je me détestai d'avoir ressenti ça pour lui, le bloquant dans mes pensées et ternissant ma vision. Finalement cette fille avait raison, j'étais juste égoïste.

Les larmes commencèrent à rouler sur mes joues alors j'étais piégé par mes propres sentiments, comme lié d'une chaîne d'acier à celui qui était resté dans mon esprit pendant deux ans, sans que je comprenne que mon cœur restait accrocher à l'espoir qu'il puisse un jour m'aimer. Cette haine que je pensais tournée vers lui me revint en pleine face. J'étais faible et fragile, comme face à mon père ce jour là. Et tel une spirale infernale, je m'étais remise à aimer quelqu'un, sans même m'en rendre compte.

Hatred Paradox   -ASSASSINATION CLASSROOM -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant