5. LUCIE

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"Je me sens sale, et si coupable..."

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Je suis pétrifiée à l'idée de me réveiller une fois de plus dans cet appartement qui empeste la violence et la douleur, à plein nez. Les souvenirs d'hier viennent précipitamment s'ajouter aux autres, faisant petit à petit monter la bile, au fond de ma gorge. Prise d'une forte nausée, sans faire attention au corps et à la main répugnante d'Alban posée sur mon ventre, je me lève rapidement. Mon corps est tout engourdi ; ainsi mes jambes menacent de me lâcher à plusieurs reprises. Sans en tenir vraiment compte, je traverse le couloir, ma main posée sur ma bouche. Lorsque j'arrive dans les toilettes, je remonte le couvercle du W.C pour relâcher toute l'angoisse qui finissait lentement par me noyer dans un océan de déchéance. C'est comme si mes organes avaient été broyé dans un mortier, dans l'unique raison de m'achever tout doucement ; rythmant alors mes semaines interminables.

Comme une idiote, j'ai cru pouvoir avancer avec Alban, hier, au dîner. Mais tout ce qu'il attendait désespéramment, était de m'avoir dans sa poche, de me posséder entièrement, et cela, pour toujours. Sa proposition m'a tellement donné la chair de poule, que je n'ai pas su réfléchir correctement. Je n'ai pas su réagir comme une personne en pleine conscience, l'aurait fait. Maintenant, j'ignore s'il me laissera sortir encore une fois avec lui, pour me proposer des choses aussi horribles. Je sais pertinemment que j'aurais sans doute dû accepter, pour qu'enfin je puisse avoir des nouvelles de mes proches. Malheureusement, je n'avais pas la force de recommencer cette comédie qui m'a bousillé une partie de ma vie, et de mon corps. Alan est si cruel ; il aurait su me piéger à sa manière, tôt ou tard.

Je vomis autant que je peux, espérant effacer les images qui m'empêchent de dormir la nuit, et penser le jour. Mes cheveux trempent dans mon angoisse, me souillant encore plus ; en me plongeant dans un état vulnérable encore plus bas qu'au début de mon existence. Soudainement, j'entends des pas s'approcher, pour subitement laisser place aux pieds nus d'Alban. Brutalement, sa main attrape mes cheveux, afin de me faciliter la tâche. Mais, lorsque sa peau touche la mienne, je lève la main pour lui taper le bras, avec toute la force que je possède. Il enlève instinctivement sa main, pour s'adosser ensuite à la porte.

Une fois m'être débarrasser de toutes mes tripes, je me redresse en envoyant proprement mes cheveux, derrière mon dos, puis je m'essuie la bouche. Mon regard froid se remplit de haine, quand j'ose enfin lever les yeux vers mon bourreau. J'ai envie de rire amèrement, en voyant sa mine étonnée. Tout compte fait, j'ai envie de l'étrangler jusqu'à ce que son souffle lui manque, rien que pour le voir allonger sur le sol, soupirer son dernier râle, avant de rendre l'âme. Mais je ne suis pas ce genre de personne qui produit chacune de ses pulsions, non. Je ne suis pas comme lui.

- Lucie..., commence t-il.

- Tais toi, Alban ! J'en peux plus, je sature. Je ne peux plus supporter cette situation, tu comprends ? Me battre, pour un oui, ou pour un non ; ne fera qu'accroître toute la haine que j'ai pour toi ! je crache.

- Je te promet de changer, mais...

Il me met complètement hors de moi.

- Tu te fous de moi ? Tu me promets cela, depuis notre première altercation. Tu me fais croire des salades depuis le premier jour où tu m'as tabassé à mort, pour une simple danse avec Xavier !

- Ne me cherche pas, Lucie ! grogne t-il, en se rapprochant de moi, vivement.

Je le toise du regard, sans jamais ciller, ni même bouger.

- Bas vas y, frappe moi, espèce de salaud ! je crie, de toutes mes forces.

Dans un bruit sourd, son poing vient s'écraser dans le mur, à ma droite. Sa main est tellement proche de mon visage ; je ne peux plus bouger. Alban respire fortement, ses muscles tremblent pleinement. Soudainement en une seconde, il écrase brutalement ses lèvres sur les miennes me coupant le souffle. Il me prend instinctivement les mains, en les plaquant contre le mur. Sa langue force le barrage de ma bouche, tout en me mordant la lèvre. Je cède, sous une colère noire, et dans un gémissement rauque. Je sens la haine, le froid, et la tristesse, lorsque sa langue caresse ardemment la mienne. Le dégoût me prend précipitamment, m'obligeant à libérer mes mains de sa prise. Et dans un geste brute, à mon tour, ma main claque violemment sa joue mal rasée.

FIGHT FOR US 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant