Tandis que Paul conduit dans un silence morbide, j'envoie un message à Lucas pour m'excuser de mon absence. Celui ci me répond à peine quelques secondes après, en m'envoyant une photo de lui en présence de ses amis, des verres en main. Je souris instantanément, avant de lui dire que ce verre au bar sera à rattraper un jour ou l'autre, et que je compte lui rappeler chaque jour où on se croisera. C'est à dire, tout le temps. Puis, j'éteins mon téléphone, au risque qu'un coup de fil puisse me perturber, lorsque je réglerai son compte à Carter et à ses petits chien-chiens.
Mes yeux se posent soudainement sur un quartier miteux, où chaque maison est proche de l'effondrement. Instantanément, je vrille. Je n'ai jamais pensé que tout cela pouvait être un piège. J'ai tellement été aveuglé par notre conversation et par les conséquences graves qui pourraient s'abattre sur Lucie. Heureusement, l'air stressé de Paul me rassure un peu, et visiblement j'ai envie d'y croire. J'ai envie de croire en Paul, même si je ne sais pas comment les choses vont se dérouler, une fois que je serai en face de Carter. J'ai imaginé tellement fois son visage en sang, qui s'ensuit par un séjour à l'hôpital, que j'ai du mal à croire que je vais enfin le revoir.
— On est presque arrivé. Ça t'étonne tant que ça qu'il habite dans un bled aussi pourri qu'ici ? me demande, Paul.
Je ne réponds rien, restant concentré. S'il espère qu'on pourra encore déconné lui et moi, comme avant, il se trompe de gars. En tout cas, pas de maintenant.
— Alors, tu vas tomber des nues, lorsque tu verras la maison close qui se trouve être en face de son trou perdu, me déclare Paul, en ricanant amèrement.
Une grimace amère me prend instantanément. J'ai comme l'impression que ça ne me choque pas de savoir qu'il passe la journée avec des putes assissent autour de lui, commandées à assouvir chacun de ses désirs. Soudainement, j'ai envie de vomir, mais je me retiens.
— C'est la maison du fond, m'avertit Paul, avant de se garer quelques mètres plus loin.
Lorsqu'il arrête le moteur, Paul se retourne soudain vers moi, très intrigué. Je sais ce qu'il va me demander, et franchement, je n'en ai pas la moindre idée. Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai fait tout cela sur un coup de tête, pendant que j'étais à chaud. Alors quoi dire de la suite ?
— C'est quoi ton plan ?
Je l'avais parié cette question.
— Y'en a pas, je lâche en me concentrant sur la maison devant moi.
Paul a bel et bien raison. Sa maison est un vrai trou à rats, à bâtards aussi, si je puis me permettre. Il n'a même pas de vitre pour se protéger du froid, des intempéries ; ce sont seulement des plaques de bois qui jouent ce rôle.
— Je ne savais pas que Carter et ses chien-chiens étaient devenu des vampires, je ris.
Et sur cette vanne pourrie, à laquelle Paul rit à coeur joie, je descends de la voiture. Une fois devant la porte en bois, déjà rongée par les mites, une voix nous interrompe dans notre lancée.
— Paulo, je pensais que tu viendrais plus ! Tu viens à nouveau prendre ton pied, c'est ça fréro ? lui demande, une voix rauque.
Je me retourne subitement pour voir à qui on a faire, et lorsque je reconnais Brad MacCall, un sourire carnassier se forme sur mes lèvres. J'aurais bien voulu l'éclater cette nuit, mais il a été plus agile et plus rapide.
— Le poulain de Jim est ici, aussi. On a touché le jackpot ! plaisante Brad.
— Tu t'es fait roulé dessus récemment, le géant ?
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FIGHT FOR US 2
RomanceFACE À FACE La défaite est cuisante pour Smith. Le chagrin et la colère le rongent, mais malgré tout, il commence une nouvelle vie. Une vie saine et meilleure, au sein de son équipe de pompier-volontaire. Lucie ravage encore son esprit, surtout depu...