FIGHT FOR US 2

25. SMITH (3)

Je continue de conduire, sans jamais lâcher la main de Lucie. Je me sens bizarre. En repensant à ce que j'ai osé lui dire, je me dis que c'était une mauvaise idée. Pourtant, Léna a réussi à m'encourager hier soir, alors que je prenais un verre avec Lucas et elle. Depuis leur petit rendez-vous, ils ont l'air plus proches, enfin c'est une façon de parler. En tout cas, ils rigolent plus facilement qu'avant, et Léna m'a même avoué qu'elle craquait littéralement sur lui. Bien sûr, cette information est top secrète.

Pendant notre petite virée de bar, j'avais un sourire immense, parce que j'allais enfin pouvoir passer une journée entière avec Lucie, comme avant, mais sans répéter les mêmes erreurs. Léna et Lucas sont du genre à comprendre tout d'un seul claquement de doigt. Après avoir insisté, j'ai dû leur raconter ce qu'il s'était passé chez George et leur dire que j'allais passer la journée avec Lucie, demain. Leurs visages se sont illuminés et j'ai tout de suite regretté de m'être confié. Mais je savais qu'au fond de moi, en parler, me ferait le plus grand bien. Je leur ai dit que Lucie m'avait choisi pour réaliser l'un de ses rêves, qu'elle m'avait fait confiance pendant des semaines, et que moi, j'avais lamentablement échoué sur toute la ligne.

Léna, étant douée pour apercevoir les sentiments des autres autant que les siens, m'a demandé précisément ce que je ressentais pour Lucie. Pour moi, Lucie, avait commencé par être insignifiante, mais au bout des quelques semaines, elle avait commencé à se faire une place en moi. Je détestais ça, autant que j'aimais ça. L'admettre n'a pas été facile, mais Léna est douée, je le répète. Elle m'a tout de suite avoué que si j'osais dire toutes ces choses là à Lucie, l'avenir serait sans doute plus facile. Moi, je savais que parler de mes sentiments avec Lucie, se révèlerait dur et compliqué.

J'avais raison.

Quand je lui ai avoué que j'avais eu peur d'elle et de ce qu'elle pouvait me faire, et que j'ai vu la première larme couler sur sa joue, j'ai su que c'était une erreur que de lui dire ce que je ressentais au fond. Et puis, je ne sais rien de l'amour et de ce qu'on peut donner à quelqu'un qu'on aime véritablement. Je pense que l'histoire avec Carter n'a pas arrangé les choses et qu'elle m'a encore plus poussé à lui révéler ce genre de chose, que je suis censé refouler d'ordinaire.

Lucie a raison, elle aussi pourrait très bien me briser, quand je vois le pouvoir qu'elle a sur moi. Elle a dû me trouver pathétique quand je l'ai supplié de rester ici, au lieu de repartir avec ce mec qui lui fout les jetons. Moi-même, je me suis trouvé pathétique, idiot et surtout trop fleur bleu. D'habitude ce n'est pas mon genre de faire tout ce speech simplement pour une fille. Sauf que la fille en question est importante à mes yeux. Mais c'est trop difficile, de toute façon.

Maintenant, j'ai encore plus peur de la perdre.

Je ne comprends rien à rien. L'air qui se joue dans ma tête et dans mon corps, me donne l'impression d'être en paix, en harmonie. Cela fait bien longtemps, que je ne m'étais pas senti aussi bien et aussi triste à la fois, de l'intérieur. En plus de ce foutoir, mon corps n'arrête pas de trembler, depuis que nous avons franchit un point de non-retour, Lucie et moi. Même si nous n'avons pas fait l'amour à proprement dit, c'est tout comme, pour moi. D'habitude l'acte en lui-même ne signifie rien pour moi. Il me donne satisfaction, c'est tout. Mais c'était bien plus que ça avec Lucie, et ça me fait peur.

Je sens mon coeur battre la chamade, et mes doigts fourmiller sur mon volant. Lucie dort à côté de moi, pendant que je ressens encore ses coups de hanches fait avec précision et désespoir. Je sens encore ses mains sur moi et sa langue jouant avec la mienne. Je sens encore son odeur et sa peau s'imprimant sur la mienne.

Je crois que je n'arriverai plus jamais à dormir normalement. Lucie a réussi sa phase finale ; elle est entièrement ancrée en moi, et ça, je ne pourrai plus l'empêcher. C'est comme si chacune de ses caresses, de ses pressions, de ses paroles, étaient tatouées sur ma peau ; aussi réelles que ceux qui sont imprimés sur mes bras. Mon corps me fait mal et il en redemande encore et encore. Mon coeur quant à lui, n'est pas satisfait de la chanson que le coeur de Lucie lui a chanté pendant que nous passions à l'acte.