15. LUCIE

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"La vérité..."

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Mes yeux s'embuent de larmes, les laissant couler sur mes joues, le long de mon cou, pour enfin venir s'écraser sur ma poitrine. A cet instant, je ne fais plus attention à rien. Smith a raison, mon père a l'air si désemparer. C'est presque comme si je pouvais entendre sa voix enrouée, me prononcer ces mots, qui se couchent sur mon écran. Je relis encore et encore ce message, en me mordant la joue, jusqu'à sentir le goût métallique de mon sang couvrir ma bouche.

PAPA : Ma chérie, je n'ai plus de nouvelle de toi. La fac de psychologie a appelé tellement de fois, soulignant tes absences répétitives. Je ne sais plus quoi faire, vraiment. Ta mère va mal, très mal. Elle perd même la tête, les médecins ont déclaré une poussée d'Alzheimer. Heureusement, Julian est là pour m'épauler à la maison. Tu n'es plus là. Tu n'es même plus aux côtés de Smith. Tu es perdue, je t'ai perdu. Tu ne réponds plus à mes appels. J'espère que cette ultime tentative, va te faire changer d'avis. Peut-être as-tu perdu ton portable ? Je n'ai jamais pensé à cela. Qui que vous soyez, ramenez moi ma fille, je vous en prie. Dîtes lui qu'elle peut venir à n'importe qu'elle heure de la nuit, et de la journée. Elle sera toujours chez elle, à Phoenix. Je t'aime ma petite fille.

J'ai envie de crier, de frapper tout ce que je vois. J'ai envie de vomir, pour la deuxième fois que je suis ici. Mais je me retiens, pour ne pas réveiller Alban, qui a besoin de repos. Mes larmes m'empêchent d'y voir clair ; je trébuche à cause du tapis, me laissant tomber dessus. Ma chute n'attire personne, et je reste allongée contre la surface douce du tapis. J'étouffe mes gémissements, en mordant vivement mon poing avec mes dents.

J'ai mal. Des tas d'images de ma mère me reviennent en mémoire, surtout celles où elle sourit. Celles ci sont rares. Son sourire s'est effacé lorsque mon frère est mort dans cet accident de voiture. C'est d'ailleurs elle, qui conduisait cette foutue voiture. Elle était grise, et assez haute, je m'en rappelle. A chaque fois que je montais dedans, je me sentais puissante, dû à sa hauteur impressionnante.

Je me remémore les pleurs de ma mère, et son souffle saccadé qui l'empêchait de parler normalement. Le jour où elle est rentrée à la maison, en laissant son fils entre les mains de l'hôpital, dans lequel les pompiers l'avaient emmené, après avoir appris à ma mère que Charlie était mort sur le coup. Si cette voiture n'avait pas raté cette propriété, il serait toujours en vie. Nous serions toujours une famille. Une chose dont nous avons perdu le sens et l'habitude.

Maintenant, je me dis que c'est pas plus mal qu'elle ait oublié cet affreux passage qui lui a bousillé la vie, comme à nous tous. Je sais parfaitement, que c'est cruel de penser cela, mais c'est une chose qui peut, peut être la soulager d'un poids épais, qui tire sur sa poitrine depuis de nombreuses années.

La seule chose qui me déchire le coeur, c'est qu'elle nous oublie. Tous. Que sa mémoire soit réduite en bouillie. Dans un sens c'est comme un calmant que peut agir tranquillement sur elle, mais d'un autre côté, cette maladie qui apparaît, peut la détruire. Exactement comme elle va le faire avec nous.

Il y a quelques semaines, elle m'a demandé Charlie, maintenant, elle ne fera plus cela, si j'en crois mon père. Il ne sera plus qu'un vestige happé par sa maladie profonde, qui se propage dans ses veines ; mais pas seulement. Dans tout son corps, également. Elle brûle tout sur son passage.

Soudainement, je pense à la mère de Smith. Je ne sais pas pourquoi, mais mes pensées sont parfois tournées vers lui. Je me demande souvent comment il se porte, et s'il est toujours ce boxeur sans emploi, qui fait tout ça illégalement, pour aider sa mère. Comment va Pénélope ? C'est une question dont je n'ai pas la réponse non plus. Je sais juste que nos parcours, nos vies, sont similaires sur quelques points. Maintenant, nos mères sont toutes les deux malades, et j'aimerais presque que Smith soit à mes côtés. Comme il l'a été là dernière fois. Je voudrais sentir son souffle chaud, sa voix douce et réconfortante - qui cependant, n'était pas souvent manifesté - ainsi que son corps contre le mien. Cette sensation de chaleur.

FIGHT FOR US 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant