28.LUCIE

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Je soupire, des tiraillements passant sur ma nuque et mon dos, me clouant au siège de la voiture. Au siège ? J'ouvre les yeux brutalement, pour apercevoir que mes genoux sont repliés contre le siège et que ma nuque ne tient qu'à un fil, dans le vide. Je me redresse soudainement, faisant violemment craquer mon cou. Une douleur vive s'allume, pour disparaître presque aussitôt. Mes yeux essayent de repérer l'endroit où je peux être, mais le soleil du matin m'éblouit. Ai-je vraiment dormi dans cette voiture ?

Peu importe, je frotte négligemment mes yeux avec mes mains, avant de bailler un bon coup. Ensuite, je cligne plusieurs fois des yeux, avant de voir — enfin hallelluia — que je suis garée devant Central Park. Instantanément, je fronce des sourcils, en essayant de me rappeler ce que s'est passé hier avec Alban, dans les moindres détails. Ma mémoire m'envoie des flashs, où je revois Smith m'embrasser avec passion, et Alban m'embrasser avec désespoir. J'entrevois à travers le flou, le visage triste et en colère d'Alban, et la façon dont il m'a dit de partir de l'appartement avant qu'il me fasse du mal. Mon coeur se resserre, et je n'ai pas la moindre idée de ce que je dois faire maintenant. S'est-il calmé ? Et si je rentre, va t-il mettre sa menace à exécution ?

Je souffle un bon coup, avant de remettre correctement mes jambes en dessous le volant. Puis, je laisse tomber mon front sur celui ci, en pensant qu'il s'agit de sa voiture et non de la mienne. Aussitôt, je relève la tête. Je ne suis pas de nature curieuse, mais son comportement est tellement bizarre, que je me demande ce qui a bien pu se passer le temps que je n'étais pas près de lui. Peut-être que sa voiture m'aidera à y voir plus clair. Sans perdre une minute, je vérifie que personne ne m'espionne, avant de passer mes doigts partout. Je n'y trouve rien que de la poussière, et même parfois des restes de sachets qui contenaient sûrement de la nourriture. Je grimace, avant de trouver enfin un endroit où les gens laissent parfois des choses importantes. La boîte à gant. Je caresse la surface lisse, avant de l'ouvrir d'un coup sec. Une enveloppe en tombe, percutant le siège passager, pour ensuite se laisser tomber sur le tapis.Étonnée, je referme le compartiment, avant de la prendre dans ma main. Je tire délicatement sur les points de colle, avant de découvrir une liasse de billet à l'intérieur.

Mes battements de coeur commencent à s'accélérer, et mon souffle se coupe, tandis que ma bouche s'ouvre en grand. Mon dieu, pourquoi Alban a une si grosse somme d'argent dans sa voiture, aussi exposée ? Soudain, mon hypothèse sur la drogue se déroule devant mes yeux. Peut-être qu'il devait de l'argent à un dealer qui lui a fourni de la drogue, et qu'il ne lui a pas encore donné. Bon sang, je vais devoir parler de cela avec lui, aussi.

Alors que je regarde combien il pourrait y avoir de billets de cent et mille dollars à l'intérieur, on frappe au carreau de la voiture. Je sursaute, en plaquant par instinct l'enveloppe contre ma poitrine. J'attends quelques minutes, avant de tourner la tête. Peut-être qu'il s'agit d'un policier qui fait seulement son boulot parce que je suis mal garée, et que je vais devoir me justifier pour le pactole que j'ai entre les main. Bon dieu, faîte que...

— Lucie ! hurle une voix féminine, qui me semble familière.

En fronçant les sourcils, je me retourne tout doucement. Ses cheveux sont toujours aussi roux, mais il me semble qu'elle les a coupé depuis la dernière fois que je l'ai vu. Elle est toujours aussi souriante, et accueillante. Ses habits sont toujours coupés dans les plus grands créateurs. Elle n'a pas changé d'un poil, pendant les mois qui ont passé. Charlotte est la même, oui. Mais dans ses yeux émeraude, j'arrive à voir l'inquiétude qui les traverse. En reprenant mon souffle, je lui fais signe de se reculer, parce que je vais ouvrir la portière. Elle s'exécute sans broncher, tandis que je réunis tout mon courage. Elle aura forcément des questions à me poser sur mon absence à la fac. Cela m'ennuie un peu, mais c'était l'une des seules filles avec laquelle je m'entendais à NYU, alors je lui dois des explications, je pense. Un minimum. Il y en avait bien d'autre des filles, avec qui j'ai noué des liens d'amitié, mais cela doit faire belle lurette qu'elles m'ont oublié.

FIGHT FOR US 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant