26.LUCIE

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J'essaie de me concentrer sur ma respiration, et sur le nombre fois où ma poitrine s'abaisse et se gonfle. Je savais que je n'arriverai pas à dormir, mais je pensais au moins réussir à me calmer. Sauf que ce n'est pas le cas. Une autre tactique me vient en tête, je ferme les yeux et je compte les moutons comme lorsque j'étais petite. Pareille, cette méthode ne fonctionne en rien. Mon organisme continu de se tordre, laissant place à des tremblements de plus en plus violents. Je reste sereine.

Quand je suis rentrée à la maison, mon père m'a sourit avant d'aller se coucher. Heureusement qu'il n'a pas vu mes larmes, sinon, il aurait été inquiet. Non, j'ai réussi à tenir le coup, jusqu'à ce que je sois enfermée dans ma foutue chambre d'adolescente. De ma fenêtre, j'ai vu la voiture de Smith s'éloigner petit à petit. Un bout de mon coeur est parti avec lui ce soir.

Mes mains se mettent subitement à trembler et mon menton aussi. Je sens plusieurs gouttes de sueur couler le long de mon dos, me rappelant à quel point je suis proche de la crise d'angoisse. Même en serrant les dents le plus fort que je peux, je n'arrive pas à me maîtriser. Les émotions sont plus fortes que moi.

Sans attendre une minute, je me lève pour courir silencieusement vers la salle de bain, avant de m'enfermer à l'intérieur. Je souffle un bon coup, avant de me passer une main nerveuse dans les cheveux. En allumant la lumière, je trouve de quoi m'attacher les cheveux, avant de m'adosser au lavabo, à l'aide de mes deux mains. Mon reflet dans le miroir est affreux. Mes yeux sont gonflés et ternes, mon teint est pâle et mes lèvres encore un peu marquées par nos baisers brutaux. Jamais je n'aurais pensé que cette journée nous rapprocherait autant qu'elle nous éloignerait. Mais je ne l'échangerais pour rien au monde. Si c'était à refaire, je le ferais pour toute ma vie. Malheureusement, la réalité revient toujours à nos trousses.

Demain, je repars à New York. Auprès de Alban. Je n'ai toujours pas eu de nouvelles de lui. Je ne sais pas si je dois trouver ça étrange, flippant, ou normal. On n'a jamais été séparé depuis que j'habite chez lui — façon de dire les choses bien sûr — que cette situation sonne bizarre pour moi. D'abord cette conversation que je surprends et la réaction tout à fait inattendue de Alban. Comme s'il était satisfait, et qu'il n'osait pas me demander de rester ici, avec mon père.

Tout en m'inspectant dans le miroir, une dernière fois, je fouille dans le placard, pour y trouver des anti-dépresseurs. Je prends une pilule dans ma main, avant de l'avaler rapidement en la faisant glisser sur ma langue. Peut être que ce médicament ralentira le rythme trop agité de mon coeur.

Après avoir fermé les yeux pendant quelques secondes, je referme la cuvette des toilettes pour m'asseoir dessus. Je sens tout à coup, mes pieds qui tremblent et bougent d'eux même. Je n'y prête pas attention, jusqu'à ce que mes épaules se mettent à monter et descendre légèrement et que mes dents se mettent à claquer les unes contre les autres. En mettant mes mains sur mes tempes, je baisse la tête, tout en observant mon corps prendre le contrôle sur moi, et décider qu'il est bon pour lui de déclencher un programme d'autodéfense. Ayant l'habitude, j'attends que cela se calme, en me mordant nerveusement le bout de la langue, jusqu'à ce que du sang se repende dans ma bouche, et que j'en trouve à l'intérieur une distraction, contre toute cette douleur.

J'ai l'impression qu'une éternité vient de se passer, quand je me glisse enfin dans mes draps, la tête profondément ancrée dans mon oreiller. Mes yeux se posent immédiatement sur ma commode, où se tient mon portable. Il est là, seul et malheureux. Je ne peux pas résister. Je l'attrape entre mes doigts et déverrouille mon écran pour voir que j'ai reçu un message. Un message de Smith.

FIGHT FOR US 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant