Ce ne fut pas comme dans les films. Les images, souvenirs, les moments de ma vie ne me revirent pas par flashs, ni par visions. À peine ses lèvres avaient-elles touché les miennes que tout s'allumait. Je voyais de nouveau clair. Avant, j'avais comme un voile devant les yeux. J'avais toujours été là, à l'intérieure, seulement ce voile m'empêchait d'intervenir. Il n'y avait à présent plus de voile. Plus de frontière. Plus rien. Ce n'était pas juste une période de clairvoyance, comme Dory, le poisson dans Némo. Ce n'était pas non plus une vision, ni un rêve éveillé. Je n'avais pas retrouvé la mémoire après avoir reçu un coup sur la tête, ni suite à une chute violente, pas plus encore après que l'on m'ait confronté à la réalité. Je n'avais pas non plus vécu une épreuve de mort imminente, ou je ne savais quoi d'autre. Il n'avait suffit que d'un baiser. Que l'un de ses baisers pour revenir à la réalité. Un larme roula sur ma joue, se mêlant la danse qu'exécutait nos lèvres à la perfection.
J'aurais voulu ne jamais me souvenir. L'oubli était bien plus conciliant, il me préservait de la réalité, me montrait un monde qui n'était en réalité que la préface d'un univers bien plus sombre. Je ne vivais peut-être pas réellement, mais au moins je n'avais pas à supporter les vestiges de ma vie passée... Car maintenant c'était comme cela que j'allais devoir vivre, en ressassant une existence que je devrais m'efforcer de mettre de côté. Je ne sous-estimais pas Michael, je savais parfaitement de quoi il était capable. Il le tuerait sans hésité... Je m'étonnais qu'il ne l'avait pas encore fait... Non, au fond, je savais pourquoi. Il voulait nous faire souffrir. Nous n'étions que des pions dans son jeu.
Will me serra fort contre, comme si je pouvais disparaître à tous moments... Oh Will, si tu savais... Je me pressais contre lui, et dû me faire à l'évidence : Je n'y arriverai jamais. Ce n'était qu'une question de temps avant que je ne craque de nouveau et me jette dans ses bras... Je l'aimais bien trop pour pouvoir faire comme si il m'était indifférent. Je ne tiendrais jamais. J'aurais beau m'enfuir n'importe où, il me retrouverait. Il me retrouverait toujours. Michael pourrait le tué d'une simple pensée... C'était son créateur... Je l'avais toujours plaint, même avant que nous tombions... Amoureux. Comme chaque fils d'archange, il était sous la supervision de son créateur. C'était une sorte police d'assurance instaurée par les parents d'Aurore pour garder le contrôle. Ils ne pouvaient pas tenir tête à leur créateur, ni essayer de les agresser physiquement ou encore moralement, sans en subir les conséquences. Ils ne pouvaient pas non plus se marié, ni avoir des enfants sans leur consentement, et cela n'était qu'une infime partie de leur obligation...
Reviens moi, mon ange. susurra soudainement Will en m'embrassant le cou, me faisant brusquement revenir sur terre.
Je me rendis alors seulement compte que mes jambes étaient enroulées autour de sa taille. Ma main gauche était enfouit dans ses cheveux et mon autre bras était derrière son cou. Il me tenait fermement contre lui, avec douceur et passion... Je soupirai d'aise. Je ne serais jamais... Je l'aimais tellement... Ils avaient raison, l'amour nous rendait faible et triste... Mais je savais à présent qu'une vie sans amour ne valait pas la peine d'être vécue. Usant de mes dernières forces mentales, je le repoussais et retombais lourdement au sol. Je le regardai, incapable de dire quoi que ce soit. La chaleur de ses lèvres étaient toujours là... Inspirer, expirer... Je respirais calmement, essayant de calmer les battements de mon cœur. Je n'avais qu'une envie, c'était de retourné fondre dans ses bras et y restai à jamais... Je me giflais mentalement. Il fallait que je me reprenne, que je m'éloigne de lui pour évaluer plus calmement la situation. Je relevais la tête et croisais son regard, vert émeraude. Ils me suppliaient. J'ouvris la bouche... Les mots s'envolèrent. Je me détournai et partis dans la direction apposée. Will cria mon nom et couru à ma poursuite... Mais me perdis au milieu de tous ces adolescents. Je m'éloignais le plus vite possible. Je ne faisais pas confiance à mon corps en ce moment. Si j'avais parlé, je n'aurais pu garantir que les mots qui sortiraient de ma bouche serait les bons...