Chapitre 05 : « Socialisation »

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" Not being able to eat in front of everyone, even your own family, because you think they'll judge you based on how you eat or how much you eat. "

#SocialAnxiety

Traduction: Ne pas être capable de manger devant des gens, même si c'est ta propre famille, car tu penses qu'ils porteront un jugement basé sur ta façon de manger ou sur la quantité de nourriture que tu prends.

X x X


Je détestais me retrouver au centre d'un groupe, même si celui-ci ne se composait que de quatre ou cinq personnes. Car j'avais alors le sentiment d'être prisonnière, d'être encerclée sans aucune chance de pouvoir m'échapper. Pas que j'étais claustrophobe ! Mais le fait d'avoir une anxiété sociale, c'était tout comme.

Voilà comment je me sentais, en ce moment, dans cette classe de français. D'habitude, je me mettais rapidement au fond de la classe, collée contre le mur, lors du premier cours pour que le professeur m'attribue cette place. J'avais alors la sensation d'être un peu moins piégée, puisque je voyais tout le monde, mais je savais que personne ne se trouvait derrière moi. Je me sentais presque bien, même. Mais voilà, cette année, cela changea. Car lorsque Samuel, l'un des garçons du club de théâtre, découvrit que j'étais dans la même classe de français que lui, il me salua avec de grands gestes et me fit signe de m'asseoir à côté de lui. N'étant pas une personne qui osait vraiment dire non, surtout en public, je me dirigeai vers lui, l'échine courbée, et m'assis au bureau à sa gauche.

J'avais choisi le bureau à sa gauche, car il se trouvait collé au mur où se trouvaient les fenêtres. Mais j'étais toujours mal à l'aise, puisqu'il y avait encore trois bureaux derrière moi... Et étant extrêmement paranoïaque, j'avais l'impression de sentir les regards pesants de mes camarades dans mon dos. Peut-être que je me faisais des idées, ou peut-être pas... Mais une chose était sûre, je ne me sentais pas bien du tout.

J'essayais toujours de le cacher, mais quelques fois, tandis que j'écrivais, ma main se mettait à trembler. Ou bien j'échappais mon crayon, parce qu'elle était devenue trop moite. La joie, quoi...

Je connaissais la plupart des gens de cette classe, mais eux ne me connaissaient pas, puisque je n'étais pas fan de la socialisation. Mais j'imagine que cela allait changer, puisque Samuel était visiblement ami avec tout le monde. Et puisque celui-ci se faisait une joie de me présenter à tous ses amis, ceux-ci allaient bientôt pouvoir mettre un nom sur mon visage. Je n'aimais pas trop cette idée, car je savais que si je faisais une gaffe, ils ne me surnommeraient plus la fille bizarre qui ne parle jamais, mais plutôt Blake la cinglée. Non que le précédent surnom me plaisait, mais savoir qu'il y aurait peut-être mon prénom, maintenant, me donnait la chair de poule.

J'avais toujours vécu dans l'ombre, que ce soit à l'école ou chez moi. C'était en fait très simple: il ne fallait pas que l'on donne quelque chose d'intéressant à propos de notre personne à regarder et il ne fallait parler que lorsque c'était nécessaire. Si l'on suivait ces instructions à la lettre, nous devenions littéralement un objet faisant partie du décor. Et même si cela semblait réellement pathétique, je me plaisais bien d'être dans l'anonymat. C'était comme une douce couverture chaude qui m'entourait les épaules pour me protéger du froid glacial que constituait le monde extérieur.

Je savais bien que ma mère s'inquiétait de me voir agir ainsi, car elle me répétait sans cesse que les gens avaient besoin du contact de ses semblables pour ne pas sombrer dans la folie. Mais... je ne sentais jamais ce besoin. Ou plutôt, je voulais le fuir et ça ne me bouleversait pas plus que ça. Jamais je ne sentais la nécessité d'entrer en contact avec d'autres personnes, alors comment pouvais-je croire aveuglément ce que me disait ma mère ?

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