2

715 31 1
                                    

PDV Daryl

- Rick va pêter un câble. C'est sûr.

- Il n'aura pas le choix. On ne pouvait pas la laisser là-bas. Elle serait morte à l'heure qu'il est.

- Mais elle paraît si ... instable.

- Tout comme vous lorsque je vous ai trouvé.

Son regard inquisiteur tourné vers moi ne laissant aucune place à l'objection.

Et au fond de moi, malgré la crainte de ramener une bombe à retardement, je ressens la même chose qu'Aaron. Lorsqu'elle est apparue dans mon champ de vision, ombre implacable et rusée qui nous a totalement pris au piège avec une efficacité déconcertante et que j'ai croisé son regard si mature et enfantin à la fois, j'ai su.

Tournant discrètement la tête vers l'arrière, je l'observe un instant. Elle dort paisiblement, ses genoux remontés sous le menton, son visage en partie dissimulé par une épaisse chevelure sombre. Imperceptiblement, elle fronce une fraction de seconde les sourcils comme si de sombres cauchemars obscurcissaient son sommeil.

- Je me demande comment elle a pu faire pour survivre toute seule ?

- Quoi ?

Aaron me surprend dans ma contemplation, ses yeux se portant brièvement sur elle.

- Elle a l'air si fragile quoique plutôt douée.

- Sûr, un vrai commando à elle toute seule. Mais je ne pense pas qu'elle vivait seule.

- Tu crois ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Cette bagnole accidentée avec le réservoir plein, ses armes. Putain son sac est blindé de munitions. Elle a même des grenades là dedans.

- Merde !!

Son expression incrédule vrillée sur moi, il en oublie totalement sa conduite pourtant si prudente d'habitude.

- C'est pour tout ça que je pense que la pilule va mal passer avec Rick. Tu sais on a appris à se méfier des étrangers avec toutes les merdes qui nous sont tombés dessus, on ne prend plus de risques maintenant.

Un toussotement se fait entendre.

Nous nous retournons tous les deux, les gobilles grandes ouvertes. Elle se redresse doucement laissant glissée ma veste sur la banquette tout en réajustant la sienne. Ses yeux allant et venant sur nos visages. Elle pince ses lèvres leur donnant une jolie teinte rosée.

    Qu'a-t 'elle entendue ?

- J'ai dormi longtemps ?

- Presque une nuit entière : plaisante Aaron. Il rit à son expression incrédule. T'inquiètes, nous avons encore un bout de chemin à parcourir si tu veux dormir un peu plus.

- Non, merci ça ira. Reportant son attention sur l'obscurité extérieure.

Elle cligne des yeux se sentant épier, me jette un regard de biais quelque peu embarrassé. Non carrément contrarié en fait.

    Quel idiot !

Evidemment si je n'arrête pas de la fixer, ça peut effectivement être perturbant. Je reflux contre mon dossier plus précipitamment que je ne le souhaite, focalisant au maximum mon attention sur le faisceau projeté par les phares de la voiture.

                                                                ...

- Regarde. Aaron pointe du doigt un bloc sombre à une centaine de mètres de la route.

LA RAISONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant