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Nous sommes sur la route depuis une bonne heure maintenant. Glenn a monté le son de l'autoradio et dans l'habitacle endiablé baigne la mélodie de Bohemian Rapsody (CD des meilleurs tubes de Queen trouvé miraculeusement dans une vieille baraque décrépite).

Avec Enid et Maggie, nous dansons follement mettant à mal la banquette arrière tandis que les garçons devant nous jettent un regard suppliant dans le rétroviseur. Les rires fusent et notre trio entonne les paroles d'une seule et même voix haut perchée.

I see a little silhouette of a man

Scaramouch, Scaramouch will you do the fandango

Thunderbolt and lightning - very very frightening me

Gallileo, Gallileo,

Gallileo, Gallileo,

Gallileo Figaro - magnifico

Le bien que procure cet interlude rebooste nos batteries mais apparemment vrille les tympans de Daryl. Je passe mes bras en travers du siège avant où il est assis et l'entoure au niveau des épaules, posant mon menton là où avant il devait y avoir un appuie-tête, nos joues l'une contre l'autre. Sa main vient se poser sur mon avant-bras instinctivement et nous restons comme ça tandis que mes comparses continuent de chanter à tue-tête, bras dessus, bras dessous. Je ne peux m'empêcher de pouffer quand je vois Glenn secoué la tête et tenter de se boucher les oreilles. Hilarant !

Soudain, la voiture où se trouve Rick, Jésus et Michonne, pile devant nous, nous obligeant à freiner à notre tour. Un silence pesant s'abat dans l'habitacle, tandis que Daryl ouvre sa portière à la volée et se dirige d'un pas rapide vers l'autre véhicule. Nous apercevons enfin au travers de l'épais nuage de poussière soulevé par le freinage, un autobus couché sur son flanc tel un pachyderme mort. Rapidement, le reste d'entre nous rejoint Daryl et nous retrouvons Jésus, le visage empreint d'inquiétude, faisant le tour du petit bus.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demande discrètement Glenn à Rick qui inspecte les traces de sang sur le bitume.

- Apparemment c'est un véhicule de chez lui. La colline. Jésus dit qu'ils ne doivent pas être loin. Explique-t'il à tous.

Daryl est déjà à l'orée des bois environnants, là où des traces de sang disparaissent.

- Ils sont quatre dont un blessé léger. Explique-t-il regardant toujours les traces que lui seul peut voir grâce à son instinct de chasseur confirmé. Ils ont pris cette direction. En montrant du doigt, un passage à travers les arbres. On n'est pas loin d'un petit patelin, je pense qu'ils ont dû s'y rendre si l'un d'eux est blessé.

Prenant les choses en main, Rick forme trois groupes de recherche, et me poste avec Jésus et Daryl. Il nous envoie en direction du dit patelin en éclaireurs tandis que deux autres groupes fouillent les environs immédiats de l'accident dans le cas où les membres de la colline se seraient installés dans les bois.

Je prends le pas derrière les deux hommes et nous nous enfonçons dans la forêt faisant crisser les feuilles mortes sous nos pas. Daryl en tête inspecte d'un œil de faucon le chemin à la recherche des traces laissées par les amis de Jésus.

Après une bonne demi-heure de marche, nous débouchons sur des bâtiments industriels à l'apparence calme. Le vent accroît la sensation de malaise ambiant et nous amène le son morbide de rôdeurs, porté par son courant. Chacun dégaine son arme, Daryl épaule son arbalète en continuant son avancée prudente entre deux structures de béton envahies de végétation, celle-ci semblant vouloir atteindre le sommet. Je garde mon Beretta, canon vers le sol pour éviter de le diriger vers mes compagnons. Jésus, derrière moi fait glisser son couteau hors de son étui dans un frottement discret du cuir que j'entends à peine. Je lui jette un regard rapide, croisant ses yeux azur, si tourmentés à l'instant.

LA RAISONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant