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Il ne dit pas un mot. Moi non plus.

Je crois qu'il a perçu un côté de moi qu'il ne soupçonnait pas et que ça lui fait peur.

Je peux voir sa mâchoire se crisper. Et mes poings sont fermement clos contre son ventre tandis qu'il roule à vive allure sur le chemin qui nous ramène à Alexandria.

Me perdant dans mes pensées, je repense à ma réaction de tout à l'heure. A la perte de contrôle que j'ai eu envers cette fille. Je ne me pensais pas capable du pire et cet évènement est la preuve que je ne suis pas complètement maîtresse de mes actes.

J'ai réagi négativement au désarroi de Daryl parce qu'en fait je suis aussi larguée que lui.

Nous roulons toujours. Et je repars dans mes pensées une fois de plus.

...

C'est la nuit. Je suis face à plusieurs hommes agenouillés, leurs mains entravées dans le dos.

Aucun ne me regarde.

- Qu'est-ce qu'on fait d'eux, chef ?

Un homme barbu m'interpelle juste derrière moi, il porte une mitraillette contre lui. Son souffle produit de la buée dans l'air nocturne.

Autour de nous des projecteurs aveuglants rendent le décor criard.

Un homme pleure, ses épaules secouées par les sanglots. Je m'avance jusqu'à lui et sans hésitation je lui assène un coup à la mâchoire avec la crosse de mon arme puis reporte mon attention sur tous.

- Tout cela ne serait pas arrivé si vous aviez suivi les règles. Rien qu'un chuchotement mais tous écoutent apeurés.

Je ne suis en fait que le bourreau et eux les condamnés.

- l'un de vous va devoir payer le prix et la semaine prochaine si l'ordre n'est pas rétabli, nous reviendrons pour tout le monde.

Je marche quelques pas, je leur tourne le dos. Le souffle court, je sens ruisseler les larmes sur mes joues. Lorsque je relève les yeux, aucun de mes hommes ne me fixent, ils savent. J'arme mon Beretta, me retourne et tire.

Un seul coup assourdissant dans la nuit. Le corps de l'un d'eux s'écroule, mort.

...

- arrête-toi Daryl !

- Quoi ?

- ARRETE TOI MAINTENANT !!!

Il stoppe la moto sur le bord de la route et se retourne vers moi, inquiet mais déjà je saute à terre et m'éloigne.

J'ai chaud, je tremble et je sens l'angoisse monter.

Je suis un monstre.

Prise de vertiges, je vacille et déjà Daryl est à ma hauteur et me soutient dans ses bras puissants. Je tourne vers lui un regard implorant plein de larmes.

- Chhhh tout va bien. Respire. Je suis là.

Il pose sa bouche contre mon front moite, je me laisse aller contre lui respirant sa réconfortante odeur. Je ferme les yeux.

A son contact, je m'apaise.

- Tu as raison. Je n'aurais pas dû réagir comme je l'ai fait avec cette fille. Excuse-moi.

Je le regarde à travers mes yeux embués. Il me couve des yeux. Je l'embrasse. Il me rend mon baiser en me soulevant du sol tout contre lui. Ses bras vigoureux autour de ma taille.

LA RAISONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant