Epilogue

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Réveille-toi. Ma douce, Ouvre les yeux.

Quelqu'un chuchote à mon oreille. Une voix apaisante et sereine, une voix masculine.

Mais ma tête est si lourde. J'ai l'impression d'être enveloppée dans du coton et mes paupières restent fermement closes.

J'entrevois une lumière chaleureuse au travers d'elles.

Il est temps. Tu vas tout rater. Allez courage.

Voilà que la même voix m'interpelle encore de sa mélodieuse intonation.

Je force un peu plus tentant encore d'ouvrir les yeux mais la pénombre caressante est remplacée par une aveuglante clarté et un éclair de douleur explose dans ma tête. Encore un petit effort. Je cligne plusieurs fois des paupières afin d'avoir une image à peu près nette.

Des couleurs douces recouvrent les murs de rosaces parme et doré. Un petit guéridon où est posée une jolie lampe épurée. De lourds rideaux violines occultent un peu le jour.

J'ai l'impression que ma tête est prise dans un étau. J'y porte une main tremblante et mes doigts trouvent le contact rêche d'un bandage.

Te voilà enfin.

Des yeux noirs comme la nuit. Un sourire cajoleur. Une mâchoire volontaire.

Ce visage est trop près. Son haleine mentholée toute proche de mes lèvres, elle me vient par effluves chaudes et caressantes. L'homme passe une main délicate sur mes cheveux en susurrant comme on le ferait avec un bébé.

- Chhchhhh, vas-y doucement. Un baiser léger sur ma joue. Frais comme une brise.

Il s'éloigne et regarde par la fenêtre.

La brume s'évapore progressivement et je commence à comprendre.

Cette pièce, cette décoration. Je la reconnais. Ce fut ma chambre dans un endroit où je ne pensais pas remettre les pieds.

Le sanctuaire. Je suis chez les sauveurs.

- Tu vas pouvoir te lever ? Il y a une chose qu'il faut que tu vois absolument ! Et cette voix si familière. Et comme si je venais de le remarquer tandis que je me redresse en tentant d'oublier le marteau piqueur dans ma tête, Negan se tient les bras croisés, les yeux joueurs, un large sourire irradiant son visage fraîchement rasé.

- Tu... Je me gratte la gorge pour reprendre un timbre de voix plus humain. Tu m'as ramené ici ? Pourquoi ?

- C'est chez toi, voyons. Allez, debout ! Il a l'air surexcité. Et il m'aide comme si de rien était à me relever. Viens vite. Nous allons tout rater. La mine boudeuse.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'on va rater ? N'y comprenant rien. Le parquet est froid sous la plante de mes pieds. Je porte un débardeur blanc et un jogging trop large qui me tombe sur les hanches.

Mais il ne dit plus un mot et me tire par la main. Et je n'ai pas la force de le repousser alors je le laisse faire. Il m'entraîne en dehors de la chambre et nous suivons le long corridor qui mène jusqu'à l'extérieur. Lorsqu'il ouvre la porte, la clarté du jour me contraint de nouveau à fermer les paupières. L'avant-bras au-dessus des yeux, j'essaie de suivre la démarche enjouée de Negan qui n'a toujours pas lâché mes doigts, les serrant presque trop fort.

- Putain ! Tu me fais mal et où m'emmène-tu bon sang ?! Commençant à reprendre du poil de la bête.

- Plus que quelques pas. Viens mon ange. On va se régaler !

LA RAISONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant