la vie d'une ange

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Elle se leva de table, et passa par la petite porte de bois. Elle fit le tour de la petite cabane, et alla ramasser de quoi faire du feu. Il faisait froid, il neigeait, le bois était trempé, plein d'échardes.

Elle prit quelques bûches avec difficulté, une charge bien lourde pour une petite fille de 4 ans. Elle était habillée de vêtements troués, déchirés de toute part. C'était une longue chemise et deux simples chaussettes.

Cet hiver avait été dure pour elle : il a fait très froid, elle n'avait pas de vêtements chauds, pour seul nourriture des soupes de choux et un peu de pain rassis. Ses parents étaient des paysans qui cultivaient les mauvaises terres du célèbre duc de Transylvanie : Janus Dracula.

Ce comte était tout sauf amical envers la classe paysanne, et cette famille le subissait chaque année.

La petite fille revint dans la cabane, elle y vit ses trois frères, et ses sept sœurs, tous exténués. Elle mit ses bûches dans le feu, à côté de la table et du lit.

Cela ne changea pas beaucoup la température, mais tous furent heureux d'avoir un peu de chaleur, sauf le père.

Le père était vil, sournois, et mauvais. Il ne s’occupait jamais de ses enfants, sauf pour les punir.

« La prochaine fois que tu iras chercher du bois, tu prendras encore plus de temps Cunégonde ?

-Non papa...

-T'as plutôt intérêt sinon tu passeras le reste de la nuit dehors ! »

Les frères et sœurs de Cunégonde ne dirent rien, la mère non plus. Ils savent que ceux qui le contre dise se prennent sa main dans la figure, son pied dans les fesses, et risquent de rester dehors.

C'est d'ailleurs un jour de punition sévère que tout changea pour Cunégonde. Elle devait faire la soupe, que le père trouva trop fade. Elle fut jeter dehors, alors qu'elle n'avait que six ans. Il pleuvait ce jour là. Pour s'abriter, elle alla sous l'abri à bois où elle trouva la figurine blanche. Elle joua avec tout en pleurant, et s’endormit. Le lendemain, elle avait sur le dos de sa main un signe : une aile de dragon. Elle n'y fit pas attention, et retourna dans la cabane au sec jusqu'à ce que la punition soit levée.

Son père vit cette aile de dragon sur sa main, et pensant à quelques maléfices, la réprimanda encore, la frappa en la traitant de sorcière etc, plus elle se faisait taper et crier dessus, plus l'aile rougissait, jusqu'à ce qu'elle soit rouge feu. A ce moment là, au milieu de ses frères et sœurs spectateurs et de sa mère impuissante, elle donna un coup de poing d'une force monumentale dans le ventre de son père.

Celui-ci, sous le choc, retourna la battre de plus belle mais Cunégonde lui redonna un coup, et cette fois, il ne se releva pas.

Puis elle s’évanouit devant le reste de sa famille, et ne se releva plus.

*

« Tu vois, j'ai vécu la même histoire que toi. »

Nolhan était complètement abasourdi, jamais il n'aurait cru qu'Auror puisse être maltraitée. Une question cependant, lui trottait dans la tête :

« C'était quand ?

-Il y as un peu moins de 6 siècles. En 1426 si je me souviens bien. Comme je te l'ai dis, c'était en Transylvanie, sur les terres du comte Dracula.

-Le comte Dracula, le vampire ?

- Non, son fils : Janus. Mais changeons de sujet, on a un peu trop dévié du principal.

-Oui c'est vrai. Tu me disais donc t'appeler Auror, que tu étais une Ange, chef de la garde céleste, que j'en faisais parti, etc.

-Bien résumé. Maintenant, tu vas venir avec moi. Il est grand temps que tu commences à apprendre.

-Apprendre quoi ?

-Tout le reste. Suis moi. »

Nolhan se mit à la suivre, mais à peine avait il fait deux pas qu'elle lui demanda d'attendre, et de lui montrer son bras.

« Ainsi tu es un assassin ! Dit-elle après avoir vu le dos de la main. Très intéressant.

-Pourquoi ?

-Parce que tu es le seul. »

*

Nolhan ne savait pas vraiment comment il fallait réagir, être le seul peut signifier plusieurs choses, pour lui en tout cas.

La première, c'est le seul d'une race tellement rare qu'il est le premier, et dans se cas, c'est plutôt bien.

La deuxième, c'est une catégorie tellement mauvaise qu'ils sont tous mort.

La troisième, catégorie très rare qui peut jouer des mauvais tours.

Auror se remit en marche. Elle marchait très vite, et d'un pas assuré. Nolhan courait presque pour ne pas la perdre de vue. Mais tout en marchant, il se rendit compte d'une chose, Auror avait changé de sujet le plus rapidement possible. Au même moment, il sentit qu'Auror n'était pas bien. Elle stressait. Elle ralentit soudain le pas, et se mit à trembler. Une voix résonna dans la tête de Nolhan, celle d'Auror. Celle-ci continuait de trembler, mais sans s'arrêter de marcher. Elle était cependant bien plus lente.

La voix de Auror commença à parler dans la tête de Nolhan :

« Après m'être évanouie, je me suis réveillée dans le lit familial. Ma mère était à côté de moi, et tous mes frères et sœurs aussi. Ma mère m’épongeait le front à l'aide d'un morceau de tissu.

Le corps de mon père gisait encore par terre, il n'avait pas bougé. Personne ne l'avait soigné, ou même regardé. En réalité, ils étaient tous heureux de le voir dans cet état.

Personne ne dit un seul mot. Ils me regardaient tous avec un air de compassion, et de reconnaissance. Ma main ne me faisait plus mal, et mon signe était redevenu de couleur normal. Pendant plusieurs minutes, rien ne bougeait.

Jusqu'à ce qu'une demi-douzaine de soldats transylvains entrèrent en trombe dans notre petite cabane. Ils foncèrent sur ma mère et mes frères, les écartèrent de moi, et les plaquèrent contre le mur.

Mes sœurs se mirent à pleurer, et les soldats de Janus leurs ordonnèrent de se taire. Elles obéirent. Janus en personne arriva dans la cabane, où on commençait à être à l'étroit. Ma mère implorait les soldats de nous laisser, moi, mes sœurs et mes frères.  Janus fit un signe de la main, et un soldat donna un coup dans le diaphragme de ma mère, l'obligeant ainsi à se taire. Il alla ensuite voir le corps de mon père, toujours sur le sol. Il se pencha dessus et fit non de la tête. Puis il fit un signe en l'air, avant de se relever, de venir vers moi en disant que j'avais tué mon père. J'étais trop faible pour parler, et il le savait. Il continua à parler avec une voix douce, comme s'il cherchait à me réconforter. Il me dit que chacun des membres de ma famille allaient être torturés devant mes yeux. Chacun de manières différentes. Puis il repartit vers ses soldats, et leurs dit quelques mots.

Deux de ses soldats m'assirent sur le lit, me forçant ainsi à regarder. Les autres sortaient de la cabane pour revenir chargés d'objets. Il placèrent le premier devant moi, un siège dont l'assise était en forme de pyramide. Ils prirent ensuite l'une de mes sœurs, et l'assirent dessus, la pointe de la pyramide dans l'anus. Puis à l'aide de cordes, tirèrent sur ses pieds, jusqu'à ce qu'elle meurs empalée.

Ses cris mêlés au sang qui jaillissait, rendaient cette torture impossible à voir. Ma sœur mourut au bout de longues minutes.

Ma deuxième sœur fut placée sur un cheval d'arçon en V retourné. On lui accrocha ensuite des poids au bout de ses pieds, les poids destinés à la faire descendre, et la forme du v renversé, à la couper en deux.

La troisième fut coupée en deux également, ils l'accrochèrent par les pieds la tête en bas , et à laide d'une scie double, la coupèrent à partir du vagin.

La quatrième fut écartelée sur une table de torture.

La cinquième fut agenouillée, les genoux entre deux planches pleines de clous, qui se rapprochaient, cassant les genoux de ma sœur, puis les soldats la poignardèrent.

La sixième fut muni d'un colliers dont deux pointes de fers piquaient le dessous de sa bouche et le haut de son torse. Puis un soldat prit une masse, et donna un coup sur son crane. Les pointes la transpercèrent.

La dernière, la plus petite, fut violée par deux soûlards de l'armée, avant de finir morte d'une hémorragie interne.

Mon premier frère fut victime de la manivelle infernale, ils l'ont couché par terre, lui ont ouvert le ventre, et on déroulé lentement l'intestin grêle.

Ils placèrent une poire d'angoisse dans la bouche du deuxième, et ils lui explosèrent la tète.

Le dernier fut dévoré par un rat, la torture du rat.

Ma mère fut empalée. »

*

Nolhan comprenait pourquoi Auror était dans cet état, il s'était fait torturer toute sa vie, mais il s'était toujours dit qu'il y avait pire que lui. L'histoire d'Auror venait de le prouver.

Auror se retourna brusquement, et s'accrocha à Nolhan, elle se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Ses magnifiques yeux bleus se sont imbibés de sang. Nolhan ne savait pas quoi faire, Auror était accrochée à lui, et lui était encore stupéfait par cette histoire. Pendant dix minutes, ils restèrent ainsi. Puis Auror se ressaisit, et recommença à marcher.

La voix se remit à parler dans la tête de Nolhan :

« Après la mort de mes sœurs, de mes frères et de ma mère, Janus revint vers moi et me dit que c'était mon tour. Il me prit avec lui, on sortit de la cabane, et dehors, ils avaient préparé une suite d'instruments de tortures. Il m'a dit ensuite de choisir lequel je voulais entre tout ceux qui avaient tué ma famille. Ne pouvant toujours pas parler, il me dit alors en souriant qu'ils me les feraient tous faire. Moi, j'avoue que ça m'était égale, rien ne pouvais me faire plus souffrir que la souffrance de ma famille...

Il m'approcha de la chaise de Juda, mais juste avant de m'y installer, trois personnes arrivèrent. Trois anges. Ils éloignèrent mes bourreaux à laide d'un sort de vent, puis me prirent la main, et disparurent. La suite, tu la connaîtras par toi-même. »

Ils finirent par arriver devant une grande porte en bois a double battant. Elle était ornée de magnifique sculpture sur bois, représentant des anges, 5 anges en réalité. L'un habillé d'une longue tunique, l'autre avec des vêtements collants, le suivant avec des vêtements amples, le troisième avait une armure légère et le dernier portait une tunique et des ailes. Auror poussa les lourdes portes de bois, et elle entra dans la salle de l'autre côté. C'était la bibliothèque générale des anges.

La quantité de meubles était quasi infinie, partout des livres de toutes sortes. Tout ce qui fut écrit depuis l'invention de l'écriture était là : romans, encyclopédies, dictionnaires, journaux, cahiers, livres, mais aussi les tablettes, les papyrus, les blocs de pierre, tout ce que les hommes ont écrit été présent dans cette pièce. La porte de bois était magique bien-sûr, elle les reliait au reste du monde. Lorsqu'ils la contournèrent, il n'y avait derrière que des étagères à perte de vue.

Auror s'arrêta et montra à Nolhan l'une des innombrables allées en lui disant « après toi ». Il s'avança donc, avec Auror qui le suivait. Ils marchèrent entre les étagères jusqu'à un bureau. Auror fit signe à Nolhan de s'asseoir, ce qu'il fit. Il y avait sur le bureau plusieurs encyclopédies. Il demanda à Auror ce qu'il devais faire, et celle-ci répondit qu'il devait les lire, toutes. Puis elle partit, laissant Nolhan seul. Celui-ci ouvrit donc le premier livre de la pile : « Début et fonctionnement des anges. »

la créature incompriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant